Créée depuis 250 ans, la congrégation est depuis toujours missionnaire dans l’âme. Mais aujourd’hui, trop peu de jeunes Françaises ressentent l’Appel et le nombre de missionnaires baisse. En revanche, en Asie, l’Appel retentit toujours aussi fort et de nombreuses jeunes catholiques prononcent leurs vœux. La question est de les préparer à devenir missionnaire et prendre le relais de leurs aînées. Le projet de faire venir des jeunes sœurs en France afin de les former à la mission germe alors. Il faut d’abord vérifier qu’elles sont capables de s’adapter à une autre culture, à quitter leur famille et leurs repères. Elles doivent également réussir à être à l’écoute du peuple qu’elles rencontrent. Il est nécessaire qu’elles comprennent leur pays d’adoption afin d’adapter le message de l’évangile. Cette capacité relève d’une formation mais aussi de qualités personnelles.
Choc des cultures
Cette préparation est menée avec 13 Vietnamiennes âgées de 23 à 29 ans. Elles quittent leur couvent pour vivre pendant 4 mois dans les hauts plateaux du Vietnam, peuplés d’ethnies minoritaires aux dialectes et coutumes singulières. En immersion dans différents villages, elles ne sont pas seules car les accompagnatrices du projet, sœur Marie-Paule, Supérieure de la Communauté des Hauts-Plateaux et sœur Marie-Eugénie, directrice d’école, leur rendent visite régulièrement. Après un temps en famille et un temps de relecture, les 7 novices et 5 pro fesses prennent finalement la route de l’aéroport.
Pourquoi Portieux ?
Les textes fondateurs de la congrégation sont en français et c’est primordial que les jeunes missionnaires aient accès à l’ensemble des textes originaux. Elles doivent donc parler, lire et écrire le français. De plus, Portieux est la maison-mère de la congrégation. Derrière l’enceinte des murs du couvent, chaque sœur de la Providence se sent chez elle. D’ailleurs, durant le trajet entre l’aéroport de Paris et le couvent, les jeunes sœurs s’exclamaient “Portieux, Merci mon Dieu”. La formation à Portieux est une étape incontournable pour apprendre les bases nécessaires à toute missionnaire : on compte environ 2 ans, avec des stages. Ensuite, chacune sera missionnée dans un pays selon les besoins et son souhait. C’est une toute nouvelle aventure pour les Sœurs de la Providence. D’autres congrégations attendent impatiemment le bilan de cette première session au centre de formation afin de prendre modèle.Anecdotes
Ces 12 jeunes filles, plus souriante l’une que l’autre, doivent s’habituer à notre pays. Elles ont mal aux pieds dans nos chaussures fermées ; elles n’avaient jamais porté d’écharpe ni mangé d’endives au jambon ; on a dû leur montrer comment dormir dans un lit car elles ignoraient qu’il fallait se mettre entre le drap housse et le drap ; elles se sont demandées aussi pourquoi on ne coupait pas les arbres morts – arbres qui étaient en fait nus en raison de l’hiver. Toutefois, peu importe les différences, elles se disent rassurées parce qu’elles se sentent en famille à Portieux.
Des moments forts ont déjà été vécus comme le comité d’accueil à l’aéroport de Roissy constitué de plusieurs sœurs des congrégations de la région parisienne ou celui à Portieux qui a été particulièrement émouvant pour les jeunes missionnaires à qui les sœurs ainées et parfois handicapées ont offert des fleurs. Et Dimanche 18 mars, l’accueil officiel a eu lieu avec entre autres la participation des sœurs des communautés environnantes et de l’évêque. Une belle aventure commence dans les Vosges !
Alice Henry
Le mot de l’évêque
Les sœurs de la Providence de Portieux fêtaient le 18 mars l’arrivée de douze jeunes sœurs Vietnamiennes encore en formation, qui viennent se préparer à être missionnaires en pays francophones. Notre diocèse est concerné, pour avoir participé pendant des années à cet envoi missionnaire en Extrême-Orient. 136 ans après l’arrivée des premières sœurs d’Europe au Vietnam, c’est donc un échange au sein de la Congrégation, pour le service d’une mission qui se poursuit : hier des Vosgiennes sont allées là-bas pour une mission qui porte du fruit en abondance. Maintenant en voici qui se préparent à partir en mission à leur tour chez nous ou dans les pays francophones d’Afrique par exemple.
Il est clair que la mission chez nous, c’est d’abord l’affaire des chrétiens d’ici. Mais l’arrivée de ces jeunes sœurs pourra être un stimulant pour la Congrégation et pour le diocèse. C’est vrai aussi de deux jeunes Vietnamiens qui viennent de commencer une formation intensive en français et qui pourraient devenir séminaristes pour le diocèse de Saint-Dié. Bienvenue à ces jeunes du Vietnam. Un appel à nous réveiller.
+ Jean-Paul Matthieu, évêque de Saint-Dié