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Saint Romary




Fondateur de Remiremont

Tout comme Saint Dié, d'abord ermite au Val de Galilée, Saint Romary, dans ce même VIIe siècle, amorçait l'évangélisation des Vosges méridionales. Et la postérité leur a rendu hommage, en attachant leur nom aux deux villes les plus importantes de la Montagne vosgienne.

Avant de résumer l'existence de Saint Romary, il n'est pas sans intérêt de noter qu'ici nous avons affaire à un personnage parfaitement historique. La « Vie » du Saint — et c'est une chance pour des temps aussi reculés — a été écrite au Saint-Mont par un disciple, témoin des faits et gestes qu'il rapporte, de façon d'ailleurs assez succincte.

Une première lacune tient à la date de la naissance ; on s'accorde toutefois à la situer aux environs de 580. De même, c'est par une tradition plus tardive que l'on sait le nom de ses parents. Romulphe et Romulinde. On vénérait encore au XVIIIe siècle, dit Georges Durand, en l'église de Remoncourt, la tombe de ces deux personnages considérés comme saints et, en 1642, la Doyenne Anne de Stainville en avait fait transférer des ossements à l'abbatiale de Remiremont. Cette tombe disparut à la Révolution et des fouilles opérées dans le chœur à la recherche d'une crypte, au début de notre siècle, n'ont donné aucun résultat.

Quoi qu'il en soit, Saint Romary naquit en Austrasie d'une famille de leudes vivant à la cour de Metz, et Saint Grégoire de Tours, dans son Histoire, cite Romulphe en racontant la lutte engagée par Clotaire II contre Brunehaut.

C'est donc sur cette scène dramatique où se bousculaient, dans les intrigues et le sang, les grands de ce temps, qu'apparaît Saint Romary. Son biographe nous le présente comme un homme de haute taille, élégant et plein d'affabilité. Disposant de grandes ressources, il se plaisait à venir en aide aux églises, aux monastères et surtout aux pauvres. Sans se dérober aux moindres exigences de la cour, il menait en fait la vie d'un religieux.

Sa vocation se précisa par la rencontre d'un autre leude, Saint Arnould. Liés d'affection par un commun idéal, ils songeaient à demander leur admission au monastère de Lérins, qui, depuis près de deux siècles, trouvait des recrues en Austrasie ; Saint Loup, enfant de Toul, et futur évêque de Troyes, y était entré avec son frère Saint Vincent, vers 410. Le projet fut bouleversé par l'élection de Saint Arnould au siège de Metz ; mais la Providence se réservait de les regrouper plus tard dans la solitude vosgienne.

Un instant dérouté de se retrouver seul avec ses pensées, Saint Romary, approchant alors de la quarantaine devait voir s'ouvrir la voie qu'il recherchait. Nous savons comment Saint Eustaise avait, de son voyage d'Italie, ramené Saint Amé à Luxeuil. Celui-ci allait, dans des conditions aussi curieuses, recruter un nouvel adepte à la cause monastique.

Lors d'une mission que son Abbé l'avait, en 617, envoyé prêcher à la cour de Metz, il advint que le prédicateur fut invité un soir à la table du leude Romary. A la vue de tout ce luxe de serviteurs et de vaisselle précieuse, le missionnaire qui avait eu vite fait d'acquérir le style de Saint Colomban, commenta, en guise de toast, la parole de l'Évangile : « Malheur à vous, riches, qui goûtez ici-bas votre consolation. Votre or et votre argent seront rongés par la rouille et cette rouille rendra témoignage contre vous ! ». Tandis que les convives étaient là, le nez dans leur assiette, Saint Romary accusa le coup si bien qu'il retint l'homme de Dieu quelques jours auprès de lui. Pieux colloques, dont on devine le résultat. Le temps de liquider les affaires, de distribuer aux pauvres le patrimoine, et Saint Amé, nanti bien sûr, des délais de route appropriés, rentrait à Luxeuil avec sa conquête. Magnifique retour de mission !

Mais la grande abbaye, apparemment du moins, ne devait pas en profiter longtemps. Car Romary reporta aussitôt sur son maître l'affection qu'il avait pour l'évêque de Metz, ce qui lui permit sans peine de le reconvertir au goût de la solitude. Luxeuil comptait alors plus de 500 moines et, dans cette ruche, Romary semblait retrouver, certes en une tout autre ambiance, le complexe de la vie en société, qu'il avait connu à la cour, jadis.

De son côté, Saint Amé gardait la nostalgie de sa grotte alpestre. D'autres colloques reprirent donc, qui n'allaient pas tarder à aboutir, car, dans sa clairvoyance et son souci d'apostolat. Saint Eustaise ne demandait qu'à favoriser l'expansion du mouvement colombaniste. Au reste, connaissant bien son monde et son temps, il était sûr que nos deux solitaires invétérés se trouveraient bientôt à la tête d'un nouveau monastère. Et comme ils étaient deux, ce monastère sera même double ! Il leur donna volontiers l' « exeat » les autorisant à s'enfoncer dans la forêt vosgienne, à 7 lieues de Luxeuil.

Dans la liquidation de son patrimoine Romary s'était en effet réservé un domaine sur la Haute Moselle, aux confins de l'Austrasie, où les leudes aimaient chasser l'aurochs. Nous serions tentés de voir dans cette réservation une sorte de repentance, comme chez le jeune homme de l'Évangile. Non ! Car le biographe nous précise que c'était dans l'intention d'en faire une bonne action.

L'essentiel du domaine consistait en une villa, sise sur le Mont Habend, massif isolé, dominant le vaste bassin où la Moselotte venait se jeter dans la Moselle. La voie romaine de Bâle à Metz traversant ce bassin, les conquérants n'avaient pas manqué de fortifier la position, en y installant un castrum en vigie, pour la surveillance des vallons confluant de partout à la ronde. Voyageant en ces lieux, en 1690, Mabillon dit y avoir encore aperçu des vestiges de sculptures romaines.

C'est donc sur ces ruines antiques que les deux moines de Luxeuil venaient en l'an 620 planter leur tente. Alors que Saint Amé entendait s'aménager une grotte sous les sapins, son compagnon, lui, songeait à la bonne œuvre. Il avait quelque scrupule à jouir pour lui seul d'un pareil domaine, où il risquait d'ailleurs de voir reparaître, avec leurs meutes, ses amis d'antan. Et puis il n'avait pas complètement rompu avec Metz, ne fût-ce, à titre de propriétaire, qu'avec les gens du fisc (ils sont de tous les temps!). En sorte que peu à peu l'idée lui vint de fonder là un monastère ouvert à des femmes. Il savait, par expérience de la vie de cour, qu'au sein de cette barbarie dissolue, il existait des veuves, des jeunes filles, ferventes chrétiennes, perpétuellement exposées à la brutalité des mœurs, et qui aspiraient à plus haut service.

En pleine maturité, solide et entreprenant, Saint Romary jeta donc les bases de cette nouvelle fondation, ou affluèrent aussitôt des adeptes, nobles dames d'Austrasie, femmes du peuple, voire même esclaves affranchies qui allaient, dans la paix du cloître, retrouver la réhabilitation idéale.

Leur fonction première serait de chanter la gloire de Dieu, par la louange perpétuelle. Il se trouve qu'au Saint-Mont — nous l'appellerons ainsi désormais — cette « laus perennis », institution colombaniste importée d'Irlande, était renforcée par l'autorité de Saint Amé, car les moines d'Agaune avaient eux-mêmes adopté cette tradition venue de l'Orient. Et ce n'est pas la moindre gloire de ce haut-lieu vosgien d'avoir été ainsi, à sa naissance, marqué par un double rayon émané des deux pôles de l'univers chrétien.

L'œuvre prospérant, bientôt un autre problème se posa au fondateur. A ces moniales, au nombre d'une centaine, il fallait des prêtres pour la direction spirituelle et l'administration des sacrements. Pas question de recourir à un clergé local, encore inexistant dans toute la forêt vosgienne. Précisons d'ailleurs que Saint Romary, demeuré par humilité simple frère convers à Luxeuil, n'était pas encore prêtre et que Saint Amé assura seul, dans les débuts, le ministère sacerdotal, ce qui ne pouvait durer. D'où la création sur ce sommet d'un couvent de moines. Ici encore, Saint Romary restait dans la tradition colombaniste, car ces monastères doubles constituent la grande innovation des moines irlandais, comme cela se vérifie par la suite à Faremoutier, à Jouarre, à Chelles, etc..

La construction des deux monastères, comme leur administration temporelle, incomba à Saint Romary.

En raison de leur destruction totale, il est extrêmement difficile aujourd'hui de reconstituer l'implantation des bâtiments, plusieurs fois démolis et relevés. L'abondance des documents permet toutefois de s'en faire une idée. A la pointe du sommet, l'église principale des Religieuses fut dédiée à Saint Pierre, vocable suggestif à plusieurs titres : d'abord par référence à Luxeuil ; de plus, le leude austrasien entendait faire du solide, « supra firman petram », avec ces pierres qu'avaient déjà maniées les Romains !

D'après une tradition par Dom Calmet, il aurait également construit, autour de la grande église, six autres chapelles, destinées aux moniales assurant la louange perpétuelle par groupe de douze, chapelles ayant pour titulaires la Sainte Vierge, la Sainte Croix, Saint Michel, Saint Jean-Baptiste, Saint Etienne et Saint Laurent. En 1641, le Pape Urbain VII accordera aux visiteurs des 7 chapelles du Saint-Mont les mêmes indulgences qu'aux pèlerins de Saint-Pierre de Rome. Il est curieux de noter que Sainte Salaberge, d'abord religieuse au Saint-Mont, devait fonder également à Laon, ces 7 chapelles de la « laus perennis », sous des vocables presque identiques. Lors des fouilles exécutées en 1953, en compagnie de Mgr Rodhain, nous avons eu la surprise d'exhumer les fondations d'un édicule, qui, par son orientation parfaitement liturgique et ses dimensions adaptées aux groupes susdits, pourrait bien être l'une de ces chapelles.

Par suite de l'exiguïté des lieux, les deux monastères devaient être assez rapprochés. Les religieux vivant sous la règle de Saint Colomban avaient aussi leur église, dédiée à Notre Dame. C'est par eux qu'on demeurait en liaison étroite avec Luxeuil. Souvent d'ailleurs, dans l'esprit de leur ordre, ils descendaient dans la vallée, qui se peuplait de plus en plus, par attraction du Saint-Mont et par la remise en état de l'antique voie. Saint Romary donnait l'exemple, s'adonnant à la prédication, prodiguant les miracles, que le biographe se plaît à raconter.

Saint Amé, plus âgé d'une dizaine d'années, devait mourir en 629. Saint Romary, devenu prêtre, lui succéda au titre de second Abbé du Saint-Mont. Deux ans plus tard, il avait la joie d'accueillir Saint Arnould, venu le rejoindre, réalisant, au décor près, le rêve de leurs jeunes années : les sapins noirs et de la neige, au lieu des oliviers de l'île ensoleillée !

Au bout de dix ans, l'évêque-ermite le quittait à son tour. Demeuré seul à la tête de l'oeuvre sur la sainte montagne, il continua sa tâche magnifique, servi par la vigueur de son tempérament, tout entier au service des âmes. C'est ainsi qu'à 72 ans, il entreprit le voyage de Metz, pour conjurer un danger qui menaçait ses compatriotes. Sa mission remplie, il tint, au retour, avant de gravir pour la dernière fois les pentes du Saint-Mont, à visiter les chrétiens de la vallée, qu'il avait évangélisés.

Le dimanche 8 décembre 653, après Matines, aux premières lueurs de l'aube, Saint Romary s'éteignait au milieu de ses moines. La scène, dont on sent que le biographe fut le témoin, nous est contée avec une simplicité émouvante. Au terme de sa vie, le Saint se retrouvait grand seigneur : après avoir reçu le Viatique et béni ses fils, et, à distance, ses filles dans leur grande église, il ferma de ses propres mains ses paupières, à l'instant du dernier soupir.

Ses funérailles prirent l'allure d'un triomphe et on l'inhuma aux côtés de ses deux amis, dans l'église Notre-Dame. A dater de ce jour, le Saint-Mont devenait comme le reliquaire monumental des fameux « corps saints », dont le culte collectif a si fortement marqué la piété de nos pères par toute la région. C'est une histoire de douze siècles où transparaît tout le passé chrétien de Remiremont. Disons seulement que le corps de Saint Romary se trouve actuellement dans la grande châsse qui domine le maître-autel de l'église abbatiale.

Laissons donc ces restes vénérables, auprès de Notre Dame du Trésor et à la garde des paroisses de Remiremont. Il serait de même fort intéressant de remonter au Saint-Mont, pour suivre, du haut de ce belvédère de l'Histoire, la destinée singulière de l'oeuvre de Saint Romary. Tandis que, sur la montagne, les Religieux tiendraient jusqu'à la Révolution, les Moniales, descendues très tôt dans la vallée, allaient donner naissance au célèbre Chapitre des Dames et Chanoinesses, qui illustre, de façon parfois fastueuse, tant de pages de l'Histoire lorraine. On n'y retrouverait certes pas toujours le rayonnement spirituel de Saint Romary. Aussi nous sera-t-il meilleur de le rechercher dans la bonne ville, née au pied de son tombeau, et dans la chrétienté d'alentour, dont il fut vraiment le père en Dieu.

Sur sa lancée, ses fils ont en effet évangélisé la contrée au fur et à mesure qu'elle s'ouvrait à la vie, au travers de la forêt patiemment défrichée. Au pied même du Saint-Mont, voici naître des paroisses, dont les titulaires sont précisément ceux des deux dernières chapelles mentionnées plus haut : Saint-Etienne, Dommartin, et une troisième à Celles, qui deviendra Saint-Amé. De là, l'Évangile se répercute au fond des vallées : c'est le ban de Longchamp (Rupt) et de Ramonchamp sur la Moselle, celui de Vagney sur la Moselotte, avec une antenne sur la Cleurie, le ban du Tholy. Ces bans constitueront d'immenses paroisses, qui, étroitement dépendantes du Saint-Mont au spirituel, du Chapitre au temporel, essaimeront à leur tour aux XVIIe et XIXe siècles. Gigantesque arbre de Jessé, dont les deux tiges bourgeonnantes portent en fleuron terminal Notre-Dame du Ballon à Saint-Maurice et Notre-Dame du Chastelat à La Bresse.

Au cours des âges et sous la féodalité par le jeu des alleux notamment, des paroisses plus lointaines entrèrent dans le domaine du Chapitre et reçurent Saint Romary comme titulaire de leur église : La Chapelle-aux-Bois, Grandvillers, La Neuveville-sous-Montfort et Uxegney. Par là se prolongeait, et elle continue toujours mystérieusement, la mission du grand apôtre des Vosges.

Revenant à Remiremont, nous voyons, dans les deux siècles qui ont suivi l'installation, dans la vallée, du monastère et des reliques, un pèlerinage prendre naissance, qui fut très fréquenté. Les annales parlent de processions, de veillées de prière devant la châsse, et souvent de miracles.

Mais, à partir du XIe siècle, où apparaît Notre-Dame du Trésor, le culte du Saint fondateur s'en trouve quelque peu éclipsé. C'est vers la Mère de Dieu, infiniment plus puissante, que monteront désormais les suppliques, surtout lors des grandes calamités. On n'oublie pas Saint Romary pour autant, qui se charge des requêtes personnelles des pèlerins. Discrimination qui risque de nous faire sourire, tant nous réalisons mal la familiarité avec laquelle nos pères se comportaient vis-à-vis des Saints du Paradis.

Les Dames, de leur côté, furent également fidèles au culte de Saint Romary. Il avait son autel au fond du chœur, devant lequel, pendant douze siècles, un cierge a brûlé tous les dimanches. A maintes pages, le Rituel capitulaire y assemble les chanoinesses en manteau de chœur. C'est pour faire à l'autel Saint-Romary un cadre plus digne, dans le style du Grand Siècle, que l'Abbesse Catherine de Lorraine fait ériger le retable monumental, œuvre de Jessé Drouin, exécutée de 1616 à 1623 et toujours en place.

Que de témoignages, curieux et touchants, il y aurait à rapporter de la piété des Dames et des fidèles, jusqu'à cette fatale vigile de la Saint Romary, le 7 décembre 1790, où le procureur syndic Poullain de Grandprey vint, à la sortie de la messe solennelle, signifier l'expulsion des Dames et apposer les scellés ! C'en était fait du Chapitre huit fois séculaire et, deux ans plus tard, dans l'église saccagée, la statue de la liberté trônera sur l'autel Saint-Romary.

Quant à la ville de Remiremont, elle s'est toujours honorée de porter le nom de son fondateur. Négligeons la folie passagère de la Révolution, qui l'affubla d'un sobriquet-pastiche : Libremont. L'origine du vocable « Romarici montis » apparaît pour la première fois dans un document de 870, se référant précisément à l'année où les Moniales descendirent s'installer dans la vallée.

La cité est non moins fière de porter les clefs de Saint Pierre dans ses armes « de gueules à deux clefs d'argent en sautoir », lointain souvenir de la première dédicace de l'église du Saint-Mont. On sait que les vocables du sommet furent transférées aux deux églises de la ville. Celle à l'usage du Chapitre fut continûment jusqu'en 1790 la Collégiale Saint-Pierre. C'est en devenant paroissiale, en 1802, qu'elle prit le titre actuel de la Nativité de Notre-Dame, transféré d'ailleurs de l'église annexe sise à proximité et disparue aujourd'hui.

Rappelons d'un simple mot les fêtes grandioses qui ont marqué, les 5 et 6 septembre 1953, le XIIIe centenaire de la mort de Saint Romary. Tout avait contribué à leur parfaire réussite : l'apport humain d'une cité laborieuse, où survit encore quelque chose de la grâce patricienne d'antan, l'apport surnaturel du Saint-Mont avec son potentiel de mystère et de poésie.

La puissance et la brillante longévité du Chapitre ont valu à Saint Romary une iconographie beaucoup plus riche que pour les autres Saints de son époque. La variété même nous révèle l'esprit qui a animé tour à tour ses filles, des Moniales aux Chanoinesses.

Les plus vieux documents le représentent toujours en costume monastique. Tel le sceau apposé sur un parchemin de 1266, et dont la matrice a, par bonheur, été conservée. Assis en majesté, le Saint Abbé porte la crosse et le livre de la Règle. On le voit, toujours en moine, sur une gravure allemande (1518), dans la série des Saints de la famille de Maximilien d'Autriche. Détail significatif, car, à cette époque, le Chapitre qui se recrutait dans tout la noblesse d'Occident, se plaisait surtout à voir dans son fondateur le leude de cette Austrasie, devenue le berceau de la dynastie carolingienne.

C'est pourquoi on le verra désormais en grand manteau d'hermine, couronne en tête, portant d'une main le sceptre, de l'autre l'église Saint-Pierre en miniature. Quelques exemples : bas-relief sur bois du XVIIe de la collection de Mme Dussaux ; tableau de l'Hôpital de Remiremont avec, à ses pieds, l'Abbesse Béatrix de Lillebonne (1715). Deux pièces classées Monuments Historiques offrent une particularité : la jolie statuette d'albâtre de La Neuveville-sous-Monfort le représente en gentil-homme du temps de Charles-Quint, et dans le tableau de Saint-Etienne, il est accosté de Saint-Arnould, en évêque, bénissant à ses pieds Mme de Raigecourt. Plus près de nous, de Pierre-Dié Mallet, une image fort intéressante, encore qu'encombrée de détails historiques, habile compromis entre les deux tendances.

Signalons, pour finir, que Saint Romary paraît, toujours en costume royal, sur le croix du Chapitre que portaient, pendue à un ruban bleu, les Chanoinesses du XVIIIe siècle. Délicat bijou en or, dont la croix à huit branches s'inscrit dans un ovale d'émail bleu, semblable à l'insigne de l'ordre royal de Saint-Louis. Et la dernière Abbesse de Remiremont qui l'a portée, au moment où disparaissait ce Chapitre, l'un des plus célèbres de l'Europe, n'était autre que la Princesse Louise-Adelaïde de Bourbon-Condé, lointaine descendante de Saint Louis, Roi de France.

Publié le 06/04/2011 par Alice.