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Sainte Macteflède




Sainte du Saint-Mont

De toutes les Saintes du Saint-Mont, déjà mentionnée ou encore à voir, Sainte Macteflède est de la première heure et le droit d'aînesse lui revient incontestablement. C'est elle, en effet, qui ouvre la liste des abbesses, si heureusement découverte dans le manuscrit de l'Angelica.

« Autour de la mémoire de Macteflède, conservée par le biographe de Saint Amé, comme celle de Sainte Gébétrude l'avait été par le biographe de Saint Adelphe, se dessine un commencement d'auréole, qui n'a pas pris de consistance historique » (Abbé Didierlaurent.)
C'est pourquoi sans doute elle ne figure pas au Martyrologe romain. Nous pouvons toutefois, sans témérité, la qualifier de Sainte, puisque ce titre lui est reconnu par le Martyrologe de France, que donnent en supplément les Petits Bollandistes pour chaque jour de l'année. On y lit en effet, à la date du 13 mars : « A Remiremont, Sainte Macteflède, première abbesse de ce monastère. VIIe siècle ».

Remarquons toute de suite en passant, que pour ce martyrologe, c'est tout un du monastère fondé au VIIe siècle au sommet du Saint-Mont et de celui qui s'installa par la suite au cœur de la ville actuelle de Remiremont. En dépit des allées et venues, imposées par le malheur des temps, il n'y eut canoniquement jamais solution de continuité dans l'œuvre fondée par Saint Romary et Saint Amé.

Sur Sainte Macteflède, nous n'avons aucune précision chronologique ni biographique, car nul n'admet plus aujourd'hui qu'elle soit la fille de Saint Romary, sœur de Sainte Claire, tante de Saint Adelphe et de Sainte Gébétrude. Cependant la place qu'elle occupe dans la liste des abbesses permet de situer son abbatiat dans les dernières années de Saint Amé mort en 629.
Par son nom d'origine franque, elle semble appartenir à cette tribu des Francs Ripuaires avec laquelle Clovis avait fondé la domination mérovingienne, aménagée autour de l'Austrasie, noyau du nouvel état bientôt appelé la Francie.

« Sur la personnalité de Macteflède, d'ailleurs connue par de rares renseignements, la critique ne suscite aucun désaccord. » (Abbé Didierlaurent.) On sait en effet que c'est Saint Amé lui-même qui a fait d'elle la première abbesse, « pleine d'aspirations divines et d'une piété éminente » s'imposant par sa sainteté à l'imitation de toutes ses compagnes.

Dans cette œuvre des Moniales du Saint-Mont, les historiens reconnaissent une création originale et conjointe des deux fondateurs, car un tel genre de Moniales n'existait pas à Luxeuil, dont par ailleurs le Saint-Mont était très dépendant. Semblant, dès lors, avoir reçu carte blanche, Saint Amé avait eu à cœur d'y instaurer aussitôt une particularité en usage dans son abbaye d'Agaune et qui est connue sous le nom de « laus perennis ».

Les Moniales du Saint-Mont, réparties en neuf choeurs, offriraient au Seigneur l'hommage ininterrompu de leurs prières et de leurs chants, soit au coeur de la grande église du sommet, soit dans les sept chapelles édifiées à l'entour.

Nous savons pas Jonas, le chroniqueur luxovien, cité par Mlle Dubois (« Saint Colomban », 1950) que le monastère vosgien comptait alors 154 religieuses. Pour mettre sur pied et animer une pareille institution, il fallait à Saint Amé une femme de tête : il la trouva dans Macteflède.
Et la silhouette de cette maîtresse de chœur se profile discrètement tout au long du chapitre consacré à la « laus perennis », dans le bel ouvrage de Mme Dussaux : « Vie Mystique au pays vosgien », t. 1p. 75-104. Négligeant de propos délibéré les faits et gestes purement légendaires prêtés à Sainte Macteflède par la littérature médiévale du Saint-Mont, nous avons le trait le plus remarquable et historiquement le plus sûr de sa personnalité.

A la différence de ce que nous avons vu pour les Saintes Claire et Gébétrude, aucune mention n'ayant été faite de sa tombe, on ne trouve pas trace de culte ni de dévotion à son honneur. A signaler seulement que dans l'office de Sainte Claire, figurant jadis au propre du Chapitre de Remiremont, il est fait grand éloge de Sainte Macteflède.
Il s'ensuit que son iconographie est des plus réduites et très récente : nous ne pouvons citer que le vitrail du chœur de Sainte-Etienne et la stèle à médaillon du Jardin paroissial de Saint-Amé. Modeste hommage de pérennité que semble lui apporter le granit vosgien !

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Publié le 06/04/2011 par Alice.