C’est dans le car, avant l’aube, que nous avons fait connaissance avec les 29 autres pélerins, sous la houlette de Guy Merkel, avec le père Olivier Bourion comme animateur, accompagné de l’abbé Antoine Viry. De Zurich à Le Caire, l’avion de la compagnie Swiss nous a déposés en début d’après-midi dans la capitale égyptienne, une mégapôle démesurée de près de 20 millions d’habitants. Malgré les bouchons interminables, sous la conduite de George, un excellent guide, nous avons pu contempler les pyramides aux portes de la ville, découvrir l’Egypte Pharaonique dans le riche musée égyptien près de la place Tahrir (rendue tristement célèbre par les révolutions successives), et en fin de journée, participer à la messe célébrée en l’église franciscaine St. Joseph, en présence de l’évêque auxiliaire copte catholique. A l’issue de cette eucharistie, un pot d’accueil et un entretien (sans langue de bois) nous était réservé par ce chrétien engagé : « Nous n’acceptons pas les brutalités commises lors des manifestations d’octobre contre les chrétiens (plusieurs morts et blessés), et s’il le faut nous pourrions mourir en martyrs pour le Christ… Ce fut un moment fort de cette première journée !
Contemplatifs et admiratifs devant l’œuvre du Créateur
Le mercredi 26, le car nous emmène en direction du Sinaï par le récent tunnel sous le canal de Suez ; un arrêt matinal sur les dunes en bordure de Mer Rouge nous permet d’assister à la messe, sous les regards et objectifs curieux de nombreux touristes. La traversée du désert montagneux du Sinaï est l’occasion d’évoquer la Manne (le pain donné à Moïse), ainsi que le combat contre les Amalécites vaincus définitivement par Moïse, pour n’avoir jamais baissé les bras. Enfin notre hötel à Ste-Catherine est atteint après une longue montée. A 2h, le jeudi matin, nous nous mettons en route, les trois quarts du groupe, pour une longue escalade dans la nuit vers le Mont Moïse ou la Montagne de Dieu, à plus de 2 200 m d’altitude, là où Moïse reçut le Décalogue. Tous n’atteignirent pas le sommet…, mais le silence de la nuit, puis le magnifique lever du soleil au-dessus des montagnes dans un ciel sans nuages, nous laissent un bon moment contemplatifs et admiratifs devant l’œuvre du Créateur. La visite du monastère Ste-Catherine, avec l’église de la Transfiguration et le Buisson Ardent , puis la messe sous une tente bédouine, suivie du thé traditionnel et de danses costumées mémorables, mettent un terme à une journée harassante mais inoubliable.
Vendredi 28 est une journée plus calme, car nous rejoignons les rives de la Mer Rouge : après la messe sous tente, puis le déjeuner et un bain de pieds dans une eau particulièrement douce, nous embarquons à Nuweiba, en même temps que d’innombrables musulmans en route vers La Mecque, pour une navigation à destination d’Aqaba, unique port de Jordanie. Notre nouveau guide, Hassan, nous accompagne, la nuit tombée et après plusieurs heures de route, à notre hôtel à Pétra, plus exactement Wadi Moussa, ancienne capitale du royaume des Nabatéens.
Petra, un « chaos de roches »
La journée du 29 est consacrée à la visite d’un site exceptionnel : au-delà des gorges où Moïse fit jaillir une source lors de l’Exode, l’antique ville de Petra, un « chaos de roches » de plusieurs kilomètres, apparaît au débouché du Siq, un défilé spectaculaire. C’est d’abord un éblouissant temple-tombeau marqué par l’influence hellénistique, le Trésor, taillé dans le grès rose sur 40 m de haut, il est daté du 1er siècle de notre ère ; puis temples, thermes et tombeaux de différentes époques occupent de part et d’autre du « cardo maximus » le centre urbain avec ses boutiques et autres bâtiments publics (les commerces des bédouins y sont toujours florissants). Un peu à l’écart se trouve une église bizantine récemment fouillée, la messe y est célébrée à proximité de pavements-mosaïques bien conservés. Les plus courageux d’entre-nous sont montés au monastère, le Deir, puis aux Tombeaux où, selon la tradition islamique, se trouverait la tombe d’Aaron, frère de Moïse. A noter que cette région a subi les effets dévastateurs de plusieurs séismes.
Comme les Hébreux vers la Terre Promise
Poursuivant notre route (Route des Rois), le dimanche 30, comme les Hébreux vers la Terre Promise, nous découvrons d’étonnants paysages montagneux, coupés de failles profondes, telles le Wadi Moujib ou Arnon avec son impressionnant barrage (frontière entre les royaumes d’Ammon et de Moab), puis la citadelle franque de Kérak qui, jadis, n’a pu résister aux troupes de Saladin, après la victoire sur les Croisés vaincus à Hattin en 1187. Après Dhiban, nous faisons halte à Madaba pour y découvrir une exceptionnelle carte de la Palestine romaine du VIe siècle en mosaïque, près de l’église St Georges. Nous arrivons bientôt au terme du retour d’Exode, la fin du voyage terrestre de Moïse, le Mont Nébo et son sanctuaire, où domine la croix au Serpent (d’Airain), et d’où nous découvrons la Terre Promise : la Mer Morte, le Jourdain, Jéricho, et les collines de Cisjordanie à l’horizon…
Après une nuit à Amman, nous cheminons sous un chaud soleil jusqu’à Béthanie au-delà du Jourdain : l’eucharistie y est célébrée dans le recueillement (nous pensons au baptême de Jésus par Jean-Baptiste), alors qu’en face de nous, en territoire israëlien, ont lieu des baptêmes par immersion. L’après-midi, nous gagnons Jérash, le site gréco-romain de l’antique Gérasa : cette cité en ruines, constituée autour du sanctuaire de Zeus, a connu son apogée au IIe siècle après J-C sous le règne d’Hadrien. Temples, colonnades, églises, thermes, fontaines, etc, ont été récemment mis au jour et sont en cours de restauration.
Jérusalem, en vue !
Mardi 1er novembre, nous entrons en terre d’Israël par le pont Allenby, et après les « formalités » d’usage, et la prise en charge par notre guide, Michel, un Français expatrié, nous traversons la ville de Jéricho, puis le désert de Juda, et soudain au sommet du Mont Scopus, précédant le Mont des Oliviers, nous découvrons avec émotion la ville sainte de Jérusalem, cité conquise et faite capitale par le roi David au Xe siècle avant notre ère. Les commentaires de Michel, ainsi que les compléments, toujours judicieux et propres à l’histoire biblique, apportés par le père Olivier, nous permettent de situer les différents lieux saints dans l’histoire et la topographie de la ville (vallée du Cédron, Gethsémani, bassin de Siloé,…). La messe de Toussaint est célébrée dans l’église orthodoxe voisine de notre hôtel Gloria, proche de la porte de Jaffa.
Le lendemain, nous parcourons l’Esplanade du Temple, longeant le Dôme de la Roche et la Mosquée el Aqsa, pour atteindre le Mur occidental (des Lamentations) que chacun a pu approcher. La Via Dolorosa nous conduit vers le Saint Sépulcre, à travers les souks qui ne réussissent pas à nous distraire dans notre méditation tout au long du Chemin de Croix. Dans la basilique de la Résurrection, nous sommes véritablement noyés dans une foule compacte, impatiente de vénérer, voire de toucher la roche du Golgotha ou le Tombeau du Christ. Tant d’ « empressement » nous laisse quelque peu perplexes, et allons méditer, à quelques pas de là, les paroles du Ressuscité « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » ( Mt.28, 20). Après la visite de la maquette de Jérusalem au temps de Jésus (la vieille ville dans ses anciens murs), puis le récent musée du Livre exposant les découvertes de la Mer Morte et des manuscrits bibliques et esséniens (trouvés à Qumran), nous retournons au Saint-Sépulcre pour une messe célébrée dans ce cadre exceptionnel.
Le jeudi 3 novembre voit la fin de notre séjour conclu au Mont des Oliviers, avec à nos pieds la ville, ses nombreux lieux saints, et les étonnants cimetières juifs couvrant la vallée du Cédron ; la dernière eucharistie est célébrée dans la petite église du Dominus Flévit (« Le Seigneur a pleuré » sur Jérusalem). Sur la route de Tel Aviv, la communauté des Béatitudes à Emmaüs (nous y saluons une religieuse ayant séjourné à Autrey) nous accueille chaleureusement pour le repas de midi.
En conclusion de ce magnifique voyage en Terre Sainte, nous ne pouvons que témoigner ici notre gratitude à l’animateur compétent et plein d’humour, Olivier Bourion, à son discret accompagnateur, Antoine Viry, et au dévoué directeur, Guy Merkel.