La Rosière est un petit hameau de La Chapelle-devant-Bruyères qui a un riche passé historique remontant aux années 1400. A cette époque Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, avait envahit la Lorraine et occupait le château de Bruyères. Le capitaine et les officiers bourguignons de la garnison avaient l'habitude de venir régulièrement à la messe dans la chapelle située au pied la colline du château Un paysan, Varin d'Oron, qui habitait en face de la chapelle alla trouver le duc de Lorraine réfugié à Strasbourg, pour lui demander des hommes afin de combattre les Bourguignons et libérer la ville. Revenu à Bruyères, il cacha ces hommes dans sa grange et lorsque les Bourguignons furent entrés dans la chapelle, avec l'aide de ces Lorrains, il encercla celle ci, fit prisonniers les Bourguignons et dit au capitaine que s'il ne donnait pas l'ordre à la garnison du château de se rendre, il lui couperait la tête, à lui et à ses officiers. Le capitaine accepta de donner cet ordre. Les habitants de Laveline prirent alors les armes pour aider les hommes du duc de Lorraine à reprendre le château, Ils y montèrent la garde, et participèrent à la reconquête d'autres places fortes de la région. En reconnaissance le Duc de Lorraine leur conféra le titre de Gentilshommes de Laveline, titre héréditaire en ligne mâle et femelle. Ils furent alors exemptés d'impôts et devinrent plus riches. Beaucoup d'entre eux habitaient à la Rosière. Fiers de leur noblesse, ils cherchèrent à embellir leur maison en installant des linteaux de grès sculptés et des niches de grande taille, pour abriter les statues de Saints auxquels ils voulaient dédier leur maison. On voit encore aujourd'hui à la Rosière une maison avec un linteau et une grande niche au dessus de la porte d'entrée. Des inscriptions sur ces deux pierres indiquent qu'elle date de 1633 et qu'elle était dédiée à St Claude. Un professeur d'histoire de Bruyères, Claude Marchal, a fait des recherches et signale qu'il y avait jusqu'en 1944 à la Rosière une autre maison qu'on appelait le château, dédiée, elle, à St Antoine. C'était une grosse bâtisse de 15 m sur 25. La statue de St Antoine qui était dans la niche pourrait être contemporaine de Jeanne d'Arc. Au début de la guerre de 30 ans, le château fut brûlé en grande partie, mais St Antoine résista au désastre et garda sa place. En 1880 le château est cette fois, brûlé entièrement, mais on retrouve la statue dans les décombres et St Antoine reprend à nouveau sa place dans le château après sa reconstruction. Il restera là jusqu'en 1914, date à laquelle un paysan qui louait le château achète une autre maison à la Rosière et fait une niche dans celle ci pour y apporter la statue de St Antoine. Arrive la deuxième guerre mondiale. En 1944 les Allemands se réfugient dans cette dernière maison et dans le château. Pour les déloger les Américains envoient des obus incendiaires sur ces deux bâtiments qui, tous les deux, sont entièrement brûlés. Pour la troisième fois on retrouve la statue du Saint dans les décombres. Seuls les pieds avaient été brûlés. En 1995 la maison est reconstruite et la statue est remise en place par le propriétaire avant qu'elle ne parte couler une paisible retraite sous d'autres cieux. Seules ces deux maisons de La Rosière ont été brûlées en 1944. St Antoine a toujours résisté aux flammes. Question : Est-ce un hasard ou un miracle ? Le hameau possède également un calvaire remarquable portant les initiales de deux gentilshommes de Laveline des années 1600. Jusqu'en 1944 les paysans des alentours venaient en pèlerinage faire des offrandes à St Antoine et lui adresser leurs prières. Cette année nous pensons célébrer une messe fin mai devant ce magnifique calvaire qui mérite la reconnaissance de tous, et en particulier des très nombreuses familles de la région qui descendent des Gentilshommes.
Jacques CLAVIER