Quelle est la tonalité de cette assemblée plénière de novembre, la première présidée par Mgr Pontier ?
Mgr Podvin : C'est effectivement la première Assemblée plénière que préside Mgr Pontier. La présidence est toujours au service de l'ensemble des évêques. Il n'y a donc pas un « programme Pontier » qui succéderait à un « programme Vingt-Trois ». Les personnalités sont différentes évidemment, le contexte de l'actualité évolue. Mais les sujets profonds, ainsi que les axes pastoraux, demeurent. Mgr Pontier veut vivre sa présidence en équipe. Il anime une relecture régulière des décisions et des enjeux. Il fait de réelles délégations, partagées avec les vice-présidents et le conseil permanent. Vous devinez bien que l'Assemblée de novembre 2013 est marquée à la fois par le formidable élan que donne le pape François à nos communautés et la gravité des questions que pose l'évolution sociétale et économique. En 2013, la France a connu une réforme sociétale dont l'Église avait dit en amont (dès novembre 2011) qu'elle cliverait douloureusement la société. Hélas, cette prédiction est avérée. Beaucoup de repères sont perdus tant dans l'éthique individuelle que collective. À court terme, la fin de vie est un autre exemple de préoccupation. Un travail de dialogue, de confiance et de réhabilitation de la responsabilité politique est urgent.
Quels sont les dossiers travaillés par les évêques ? Quelles en sont leurs finalités ?
Mgr Podvin : En novembre 2014, les séminaires de France vivront un rassemblement national à Lourdes. D'ici là, les évêques souhaitent échanger sur leurs critères de formation au ministère presbytéral. Autre dossier qui sera partagé à Lourdes : comment motiver l'opinion publique sur une Europe sociale, fondée sur des valeurs et qui ne soit pas dépendante des individualismes ou des marchés ? Madame Goulard, députée européenne, donnera son témoignage. Les évêques travailleront aussi les dossiers suivants : la présence des catholiques dans la société contemporaine ; le phénomène social de l'avortement et les conséquences sur l'éducation des jeunes ; comment proposer les sacrements de l'initiation chrétienne aujourd'hui, et préparer au mariage ? Ces quelques exemples montrent une vigilance de l'Église sur le devenir de la personne humaine, et son désir de prendre part au débat public. Ajoutons à cette énumération la préoccupation très vive concernant les chrétiens d'Orient ; la solidarité dans nos diocèses, comme fruit du rassemblement Diaconia 2013, ne nous faisant pas oublier nos frères en précarité. Les évêques ne manqueront pas aussi d'aborder des questions plus ecclésiales ou pastorales : la traduction liturgique biblique ; les projets de la pastorale des jeunes comme le pèlerinage des étudiants en Terre Sainte. Vous le voyez, la grille est remplie.
On sait que les évêques ont des approches, des expériences et des diocèses différents. Quel est donc l'enjeu des débats ?
Mgr Podvin : Dieu merci, les évêques sont différents les uns des autres et exercent leur ministère dans des contextes pas toujours comparables ! L'ennui viendrait de l'uniformité, dit le poète. L'enjeu est tout autre : en communion permanente avec le Saint-Père et sous sa vigilance, les évêques vivent ce que l'on appelle l'affectus collegialis dont parlait Jean-Paul II. Ce qui se joue dans l'hémicycle à Lourdes n'est donc pas l'addition de points de vue, mais la recherche, dans la communion, d'une expression commune. Quand on accède à ce degré d'expression c'est une grâce, non seulement pour les évêques, mais pour tous les baptisés et habitants de leurs diocèses. Je puis en témoigner.
Pourquoi les débats sont-ils pour l'essentiel à huis clos ?
Mgr Podvin : Il n'est pas du seul fait de l'Église catholique de garder le huis clos lors de débats fondamentaux. Regardez nombre d'autres institutions qui le font aussi. Nous veillons à ce que, dans le programme de Lourdes, certaines plages soient ouvertes à la presse. Des conférences de presse sont organisées au fil de la semaine par les évêques concernés par les questions traitées. Pour répondre profondément à votre question, une Assemblée plénière n'est pas un Parlement. Ses membres doivent pouvoir débattre entre eux. Il y va de la sérénité et de la clarté de leur discernement. Mais ce qui importe, ce ne sont pas les épisodes de ce débat. C'est l'affectus collegialis, dont je parlais tout à l'heure, qui en ressort et qui produit des fruits.
La prière tient une place importante lors de l'assemblée plénière, pourquoi ?
Mgr Podvin : Non seulement la prière tient une place importante, mais elle est première. Sinon, pourquoi se rendre à Lourdes ? Autant faire Assemblée plénière dans une salle de congrès ! Dans ce sanctuaire marial se ressent une communion avec des millions de fidèles. Ils portent la mission de l'Église dans leur dévotion. Les sujets traités à Lourdes deviendraient vite des morceaux choisis de sociologie ou de théorie pastorale s'ils n'étaient pas irrigués à la fois par la prière des évêques entre eux, mais aussi par la prière de tous les catholiques qui portent l'Assemblée de Lourdes dans leurs cœurs. Les téléspectateurs de KTO sont unis à cette Assemblée !
Propos recueillis par Constance Pluviaud