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Les vitraux de la cathédrale, chemin vers Pâques

Vaste création contemporaine de 315 m² sur 53 baies, le programme vitré de la cathédrale de Saint-Dié propose à tous un chemin à travers le mystère pascal de mort et résurrection. Ce thème du chemin de lumière que les vitraux constituent est à mettre en lien avec l'histoire de la cité déodatienne, elle-même détruite par un incendie volontaire en 1944 et sa résurrection, sort partagé par la cathédrale aussi, dynamitée puis reconstruite lentement.
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Pour entrer dans le mystère comme dans le passé, il est déjà nécessaire de quitter le monde symbolisé par les deux vitraux de la façade principale dus à Lucien Lautrec. Ils montrent le chaos du monde extérieur, profane, différent de l'ambiance intérieure de la cathédrale, propice au recueillement.

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Ce recueillement est illustré par les verrières hautes du bas-côté sud (à droite en entrant) dues à Geneviève Asse. La couleur bleue y domine et leur mouvement général est vertical, sens de la prière qui monte vers Dieu mais aussi du souci de Dieu Père pour les hommes à qui il donne son Fils, descendu du ciel. Ces prières bleues s'entrouvrent par moment sur du blanc et du rose après les spirales désaxées de la rose de la première travée de la cathédrale rappelant l'énergie de la vie.

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Dans la première chapelle latérale nord (à gauche en entrant), c'est le premier sacrement donné et reçu qui est évoqué, le baptême. Entrée dans l’Église, le baptême a son lieu propre dans les églises de pierre. Ici, Claire de Rougemont a développé un long mouvement ascendant-descendant montrant bien la relation qui unit Dieu à l'homme et l'homme à Dieu. Le blanc de la pureté, le bleu de l'eau purificatrice et le rose du bébé s'y harmonisent pleinement.

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Dans les fenêtres hautes de la nef côté nord, Dominique Gutherz évoque le lever d'une aurore nouvelle, rappel de la vie nouvelle reçue au baptême et, en même temps, promesse de la résurrection. Le Christ est venu éclairer le monde d'un jour nouveau qu'il nous faut faire connaître. Ainsi dans les ténèbres proches de la façade, s'ouvre peu à peu une lumière conduisant à l'autel.
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Cette démarche se retrouve dans les verrières du bas-côté sud occupant de petites baies romanes. C'est le monde tout entier qui a à parcourir le chemin vers la lumière et dans son évocation de la Genèse, Jacques Bony laisse quelques éclats de lumière, de plus en plus nombreux, pénétrer le monde des ténèbres. Cette succession de verrières nous rappelle aussi que la foi n'est pas reçue une fois pour toute mais qu'elle se construit au quotidien dans une relation Père – enfant avec Dieu. Le lien avec les prières bleues de Geneviève Asse est alors encore plus évident. Il faut se laisser convertir constamment pour trouver la vraie lumière.

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Cette lumière, la promesse de Dieu à son peuple, s'accomplit et prend tout son sens dans le mystère pascal. Évocation de la Passion du Christ, le transept nous montre, autour de l'autel, qui organise la célébration eucharistique, à la fois le pain et le vin (transept nord-est et sud est) et en même temps, corps et sang du Christ donnés au moment de la Cène, le Jeudi saint. Le lien avec l'autel dû à Philippe Kaeppelin, est alors évident.

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Annonçant ce mystère, la dernière chapelle latérale nord est celle du tombeau des évêques avec un vitrail de Gérald Collot où un autre tombeau, celui du Christ, se révèle glorieux par son vide. C'est le lieu de l'affrontement entre les ténèbres et la lumière de la Résurrection.

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Le bras nord du transept est celui de la Passion du Christ. Retiré sur le Mont des Oliviers, il connaît là le poids de la solitude et le doute avant de s'en remettre totalement à son Père. Une coulée de tristesse s'abat sur la terre dans le grand vitrail nord mais la lumière reste présente, discrètement sur les côtés. Le moment de l'arrestation de Jésus qui s'y déroule, n'est pas rendu de manière explicite par Alfred Manessier qui travaille plutôt à une expression des sentiments des acteurs et témoins de la Passion. Ces sentiments, et surtout celui d'abandon est bien rendu dans le dernier vitrail nord-est, celui de la mort sur la Croix où dominent les couleurs froides de tristesse néanmoins calme car la douleur est acceptée.

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Parallèlement, Jean le Moal évoque dans le transept sud, la Passion vécue par Marie. Le tourbillon de la grande verrière de ce transept rend bien la douleur intérieure de celle qui sait qu'elle va perdre son Fils et qui a suivi, en silence tout en retenant tout dans son cœur, la Bonne Nouvelle que Jésus a annoncée au monde. Le premier vitrail sud-ouest, près du vin, montre un mouvement répétitif, lancinant de tristesse. Les deux vitraux est du transept marial montre bien la com-Passion de Marie, sereine et amère à la fois.



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Le chœur conclu le cycle de la Passion jusqu'au matin de Pâques. Jean Bazaine en réalise les verrières tout en ayant coordonné le chantier de ce programme vitré. En commençant par le vitrail nord-est du chœur, l'on passe du rouge du sang versé pour le monde à l'espérance avec les ailes blanches de l'ange au tombeau proclamant la résurrection illustrée dans la verrière suivante alors que sur le côté sud, le cycle de la Passion vécue par Marie se poursuit avec, face à l'ange au tombeau, un mouvement crispé dans des tons très violents, Mater Dolorosa. Dans la baie suivante, faisant face au matin de Pâques, les bleus s'éclaircissent et une ondulation parcourt le vitrail en diagonale.

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Les trois verrières de l'abside manifestent l'éclatement d'une nouvelle ère annoncée par la Résurrection. Elle nous attirait depuis l'entrée dans l'église mais pour y parvenir, il a fallu parcourir toutes les étapes se laissant découvrir peu à peu tout comme la foi se construit jour après jour. Ainsi, les vitraux de la cathédrale de Saint-Dié sont à la fois les témoins de la vie de la cité martyre de la Deuxième Guerre mondiale mais aussi ils invitent à entrer dans le mystère de la Bonne Nouvelle manifestée par la mort et la résurrection du Christ venu dans le monde.


Cet ensemble est complété dans la chapelle du Saint-Sacrement par des verrières d'Elvire Jan sur le thème de l'eucharistie alors que ceux de la sacristie sont de Lucien Lautrec.

Publié le 11/09/2014 par claude faltrauer.