Un mot d'abord sur l'auteur : L'abbé Jean Carmignac (1914 – 1986 à Paris) est un prêtre français qui a consacré sa vie à l'étude des textes des évangiles, et dont les études se sont élargies à de très nombreux textes écrits en Palestine au temps de Jésus. Son originalité tient à ce qu'il est un bon connaisseur des langues anciennes, latin, grec et surtout hébreu.
L'intérêt du livre de Jean Carmignac ne réside pas seulement dans l'éclaircissement sur la traduction exacte de la sixième demande du « Notre Père ». On peut s'étonner que la justesse de ses observations ne se soit pas encore traduite par le rétablissement de l'ancienne traduction (Ne nous laisse pas succomber à la tentation) probablement plus conforme au texte hébreu original que celle en vigueur actuellement (Ne nous soumets pas à la tentation).
Sans doute la solution adoptée par l’Église catholique en 1966 doit-elle plus à la volonté œcuménique post-conciliaire qu'au scrupule d'exactitude philologique. Quant à l'auteur, il ne se laisse pas aller à la querelle, et ses observations sont toujours attentives à ne blesser personne : en maints passages, il rend clairement hommage à ceux qui, avant lui, se sont penchés sur ce sujet délicat, même quand leurs conclusions divergent des siennes.
Sans se focaliser sur le point évoqué plus haut, l'ouvrage étudie toute l'oraison dominicale. Après les questions préliminaires que pose cette étude, Jean Carmignac fait une étude analytique complète, puis une étude synthétique qui aborde des aspects divers fort intéressants, par exemple la forme littéraire, poétique même, du « Notre Père ». Les appendices du livre donnent aussi des aperçus remarquables.
Le grand intérêt de l'ouvrage, ses apports essentiels, proviennent des grandes connaissances de Jean Carmignac en matière de langues anciennes. Les très nombreuses références citées, dans l'Ancien Testament, chez les Pères de l’Église et chez les auteurs chrétiens de l'Antiquité à nos jours, attestent d'une immense culture religieuse. Et jamais l'on ne perçoit chez l'auteur l'orgueil ou la vanité de savoir, mais au contraire la modestie et la bienveillance.
A recommander, donc, sans restriction, pour mieux comprendre et prier le « Notre Père » comme Jésus nous l'a enseigné.
Antoine Voirin