Vosgienne de cœur, Agnès Canal est originaire de Giromagny sur le Territoire de Belfort où elle a vu le jour en avril 1929. Quatrième de cinq enfants, elle grandit au sein d’une famille chrétienne très traditionnelle. L’évocation d’un jeune frère disparu accidentellement demeure encore douloureuse. Son père, horloger-bijoutier, sa maman pour s’occuper de tout ce petit monde restent très présents dans sa mémoire.
Le désir de servir l’Église est apparu très tôt. Faire partie des scouts lui ouvrit déjà des horizons de modernité. “J’ai appris le concile avec un enthousiasme incroyable !” Aurait-elle pu devenir religieuse ? “Probablement. Mais c’est une autre voie qui s’est présentée à moi.” La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, mais propose des chemins à ceux qui comme Agnès veulent bien les voir.La dimension diocésaine
Dirigée par Mgr Vilnet, elle intègrera en 1965 l’Institut catholique à Paris, puis s’installera définitivement à Épinal en 1967. Avec pour mission d’aider l’abbé Herriot à former une équipe diocésaine de la catéchèse. “Nous avions bien conscience après le concile Vatican II de porter un vent novateur, une nouvelle façon d’enseigner. Mais aussi, c’est important, nous étions parmi les premières laïques à qui l’on confiait un service religieux. Le catéchisme devenait participatif, l’audiovisuel faisait son entrée et les catéchistes nous accueillaient les bras ouverts. Beaucoup de joie... même si quelques prêtres éprouvaient des difficultés à aborder ces changements. La place s’ouvrait aux laïques, il fallait créer des réseaux. Ce fut véritablement passionnant ! En même temps, il était question du catéchuménat des adultes. Je travaillais avec le père André Lemasson. Je me déplaçais chez les personnes concernées. Pour bien comprendre les gens, il est bon de les rencontrer dans leur univers. J’ai ainsi énormément voyagé sur les Vosges. C’est durant cette période que j’ai perçu ce qu’est exactement la dimension diocésaine.”
Les années filent vite, Agnès Canal exercera pendant 27 ans. Combien de catéchumènes furent ainsi suivis, soutenus, rassurés peut-être aussi parfois, avant de répondre définitivement à la voix de Dieu ? Agnès ne sait pas vraiment, deux cent cinquante, peut-être plus.
Adjointe au service diocésain, Mme Canal a terminé sa carrière à l’époque de l’abbé Viry. “J’ai admiré la disponibilité des catéchistes. Ma foi s’est renforcée grâce à cela. On sentait l’action de l’Esprit-Saint, tellement présent, c’était extraordinaire !”
Il se construit quelque chose
Agnès n’est pas d’un tempérament à demeurer inactive. L’heure de la retraite sonnée lui offrit de l’espace-temps pour d’autres occupations. Participer à un groupe biblique, soutenir la formation d’adultes pour des laïques qui voudraient revivre la foi... Déléguée de la paroisse Notre-Dame pour le service des enterrements. Agnès Canal ne laisse pas de place à l’ennui.
L’œcuménisme l’intéresse beaucoup, elle s’y implique. “Vous savez finalement, on ne fait qu’un. L’histoire explique les divisions, mais beaucoup ne demandent qu’à se réunir. Notre diocèse avance bien, j’essaye de me tenir au courant. J’ai lu la lettre pastorale de notre évêque Jean-Paul Mathieu. Les paroisses vont évoluer, il faut faire confiance... l’Église devra encore venir plus sur le terrain, changer de visage. L’Église subit les bouleversements de notre époque. Je fais confiance à l’Esprit Saint. À l’intérieur de tout cela, il se construit quelque chose. J’en suis sûre, l’Esprit-Saint est là...”
Restée célibataire, Agnès aime le contact fraternel. Aussi souvent qu’elle le peut, elle va voir des personnes en besoin de partage de confidences, malades parfois. “Je tente d ’ a p p o r t e r un peu d’optimisme, de paix, d’amitié. Vous savez, les gens ont vraiment besoin d’être entendus, d’être écoutés...”
Retrouver des membres de sa famille, des amis, partager des jeux de cartes, marcher dans la nature... Agnès se construit un bonheur de toutes ces petites choses du quotidien qui font du bien. “J’encourage chacun à garder la paix, la joie de vivre, l’amour de la vie. Bien cultiver les jours où cela va bien, ainsi quand cela va mal, on est mieux armé. Il faut aimer la vie, on en est le premier bénéficiaire !”
Josée Tomasi