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Ordination page 4

Diocèse de Saint-Dié - Homélie pour l'ordination épiscopale


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Homélie pour l'ordination épiscopale
de Mgr Jean-Paul MATHIEU
le 22 janvier 2006 à Notre Dame d'Épinal
Monseigneur André LACRAMPE - Archevêque de Besançon

 

Aujourd'hui est un jour de fête pour le diocèse de Saint-Dié, jour de joie partagée !

Le Seigneur a voulu choisir un des siens, un Vosgien, le Père Jean-Paul MATHIEU, pour être pasteur de la Communauté chrétienne des Vosges, succédant à notre frère dans l'épiscopat, Mgr Paul-Marie GUILLAUME dont la mission apostolique aura été marquée par les années du Synode et le regroupement des paroisses.

Jean-Paul, votre prédécesseur vous avait choisi comme vicaire général. Cette charge que vous avez accomplie durant 15 ans vous a préparé à l'animation et au gouvernement du diocèse qui vous est confié ; vous n'êtes pas de ces évêques qui, arrivant dans un diocèse qui leur est totalement inconnu, sont bien obligés de commencer par consacrer beaucoup de temps à découvrir l'histoire locale, les réalités sociales, culturelles, économiques et la vie de l'Église diocésaine qui leur est confiée.

Votre apprentissage de pasteur a commencé ici, il y a 40 ans avec votre ordination sacerdotale par Mgr Jean VILNET, au lendemain du Concile Vatican II, concile œcuménique qui reste comme " une boussole toujours fiable " (Jean-Paul II).

VIVRE LA COLLÉGIALITÉ
Jean-Paul, dans un instant, je vous imposerai les mains ; les évêques concélébrants feront de même, en signe de communion dans le collège épiscopal et d'union à notre Saint Père le Pape Benoît XVI rendu ici présent par Monseigneur Santon GANGEMI, premier conseiller de la Nonciature apostolique en France, que je salue cordialement.

Je salue également les évêques originaires de ce diocèse, les évêques de la Province ecclésiastique de Besançon dont Mgr Jean-Louis PAPIN, vice-Président de la Conférence épiscopale, auxquels se joignent Mgr l'Archevêque de Strasbourg, ses auxiliaires et le représentant de Mgr l'Évêque de Metz.

Je salue aussi les évêques émérites qui nous font la joie d'être parmi nous.

Cher Jean-Paul, vous connaissez la Province ecclésiastique, vous nous connaissez personnellement. Nous aurons à vivre concrètement la fraternité dans la collégialité qui doit animer notre ministère, et chercher ensemble comment répondre aux défis de l'Evangélisation, dans une Église engagée dans le temps des hommes et solidaire de leur histoire.

AVENTURER LA VIE
En vous imposant les mains, Jean-Paul, vous devenez un nouveau successeur des apôtres, appelé comme eux à "marcher derrière" Jésus, à aventurer votre vie à la suite de Jésus.

Aventurer sa vie, n'est-ce pas le défi permanent que nous lance la Parole de Dieu que nous venons d'entendre ?
Aventurer sa vie : le prophète Jonas en sait quelque chose ! Envoyé par Dieu à Ninive, une grande ville païenne, pour appeler ses habitants à la conversion, il a d'abord tenté d'échapper à cette mission qu'il jugeait impossible, en s'embarquant dans une direction opposée. Mais le Seigneur, tenace dans ses projets, l'a rattrapé, tout le monde sait comment : qui ne connaît l'histoire de Jonas et de la baleine ! La tempête s'est levée, le poisson a englouti Jonas et, trois jours plus tard, il l'a rejeté sur la terre ferme. Et là, le Seigneur l'attend pour lui renouveler sa mission :

"Lève-toi, va à Ninive, proclame le message que je te donne pour elle !"
Jonas, toujours récalcitrant, ne s'embarrasse pas d'arguments devant ces païens ; il leur annonce le désastre : "Encore 40 jours et Ninive sera détruite".

Or ce message menaçant est compris, accueilli, et la ville se convertit. Il n'y a plus que Jonas à convertir, car il a du mal à accepter ce visage d'un Dieu qui ne veut pas la ruine de la cité païenne ni le châtiment de ses habitants.

Dieu a du cœur pour tous les hommes. Riche en miséricorde, Il offre à tous son pardon, il veut que tous soient sauvés.

La mission de l'évêque elle aussi concerne tous les hommes sans distinction ; et il est du devoir de l'évêque d'appeler les chrétiens à une confiance sans limites en ce Dieu de Jésus Christ qui veut rejoindre tous les hommes ses frères. Pour l'évêque comme pour tout chrétien, c'est dans l'humble confiance au Christ qu'il doit puiser le courage d'accomplir sa mission apostolique qui est d'annoncer l'Évangile.

ANNONCER L'EVANGILE
Dans le rite de l'ordination épiscopale, le livre de la Parole de Dieu est imposé sur les épaules du nouvel évêque, en signe de l' initiative de Dieu et de la mission qu'il vous confie de l'annoncer aux hommes.

La Bonne Nouvelle de Dieu a retenti dans la Ville de Ninive. Elle a retenti en Terre de Galilée par la prédication de Jésus, dans ces termes que nous rapporte l'Evangéliste Marc :

"Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle !"

Ils sont innombrables dans l'histoire de l'Église les croyants qui ont fait découvrir Dieu et le Christ et qui ont permis à l'Église de s'étendre au monde entier et d'atteindre jusqu'à notre assemblée d'aujourd'hui.

A l'origine de l'Église, de son développement chez nous comme aussi sous d'autres cieux, il y a toujours l'annonce de l'Évangile, en paroles et en actes.

La semaine de prière pour l'unité des chrétiens que nous vivons actuellement, veut aussi répondre à cette nécessité d'annoncer l'Évangile ; elle appelle les diverses confessions chrétiennes à se rencontrer et à dialoguer, en vue d'approfondir et, quand Dieu voudra, de manifester visiblement leur unité dans la foi, "afin que tout le monde croie".

L'Évêque, en tant que successeur des apôtres, est ordonné docteur authentique pour enseigner au peuple, avec l'autorité même du Christ, en qui il doit mettre sa foi et pour qui il doit vivre.

Frère Jean-Paul, à tous ceux et celles qui sont désormais confiés à vos soins pastoraux, vous ferez découvrir la joie de croire, la joie d'être aimé personnellement de Dieu qui a donné Jésus, son Fils Bien aimé pour notre salut.

Que votre Parole - parole libre et respectueuse de la liberté des autres, parole éclairante et sincère - donne envie à tous de connaître l'Évangile et d'explorer les chemins nouveaux de la foi.

OUVRIR DES CHEMINS NOUVEAUX
Aventurer sa vie au service de la Bonne Nouvelle, c'est avancer en pèlerin de la foi sur des chemins nouveaux, c'est proposer la foi au Christ dans la société actuelle à toutes les générations. Comment ne pas faire écho ici au dernier rassemblement de Festi-jeunes à Vittel et ne pas évoquer aussi la catéchèse que vous suiviez au niveau de la province, avec le souci qui est le nôtre aujourd'hui d'y associer tous les chrétiens.

Notre terre a besoin de cette lumière du Christ que nous avons célébrée en la fête de l'Epiphanie.
L'apôtre Paul, dans le passage que nous avons entendu de la lettre aux Corinthiens, évoque le temps qui passe et celui qui est en train d'advenir "le monde tel que nous le voyons est en train de passer".

Il ne s'agit pas ici de considérations moroses sur la brièveté de la vie. Il ne s'agit pas non plus d'une invitation à se désintéresser de la vie, à nous arracher au monde.
Non, il s'agit de regarder à l'horizon de Dieu le monde nouveau que tous ici présents nous avons à faire naître, en nous arrachant à une certaine manière de vivre au monde qui n'est pas dans l'Esprit du Royaume de Dieu.

Aventurer notre vie sur le chemin de la Bonne Nouvelle de Dieu, c'est pour nous, évêques, nous rendre proches des prêtres et des diacres, des nombreux catéchistes et laïcs dans les mouvements et services d'Église qui sont associés à notre ministère, tous engagés dans la même mission par la grâce du baptême et de la confirmation et, pour certains, par l'ordination ou l'appel à la vie consacrée.

Jésus, dès les débuts de sa mission a voulu s'associer des hommes et les instituer pour être "avec lui" pêcheurs d'hommes.
Je voudrais souligner le double aspect de cet appel :

D'un côté, si je puis dire, Dieu a besoin de nous les hommes. Son appel passe des uns aux autres. Nous nous appelons les uns les autres à aller vers Lui.

Mais en même temps, nous ne sommes pas maîtres de l'aboutissement car, finalement, c'est bien Lui le Christ qui dit : "Venez à ma suite", et c'est à Lui que chacun donne sa réponse.

Cet appel a des incidences directes sur ce que nous vivons comme apôtres du Christ.

Oui, nous avons à vivre, à annoncer son Évangile à nos contemporains, à mettre enfants et jeunes sur la route du Christ. Mais nous ne sommes pas les maîtres de la réussite de cette rencontre. La vraie rencontre, celle qui va illuminer une vie, relève du mystère de Dieu et de l'homme.

Cher Jean-Paul, te voilà embarqué avec le Christ vers des horizons nouveaux !

Tu t'es décidé à répondre à ce nouvel appel. L'Evangélisation n'est pas de tout repos. Mais depuis plus de 2000 ans, avec ses forces et ses faiblesses, l'Église porte la jeunesse de l'Évangile, entrant en sympathie et en dialogue avec les cultures de son temps pour y discerner ce que Dieu continue à nous dévoiler de son dessein bienveillant en faveur de toute l'humanité.
Marche avec confiance : le Christ nous précède !

Il n'appelle pas des tâcherons ni des serviteurs. Il appelle des disciples ou, mieux encore, des amis. En mettant nos pas dans les siens, nous trouvons la joie.

Dans quelques instants, nous allons invoquer l'intercession de tous les saints, implorer sur toi les dons de l'Esprit Saint afin que ta nouvelle mission produise d'abondants fruits de bien.

La grâce du Christ et l'abondance des dons de l'Esprit ne te feront jamais défaut.

En cette église Notre-Dame au Cierge, nous te confions à la protection de Marie. Qu'elle te soutienne dans ton travail apostolique ! Amen.

Publié le 07/12/2006 par Admin.