JMJ Bosserville 2013
Jeudi 25 catéchèse de Mgr Vincent Dollmann , évêque auxiliaire de Strasbourg
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». Ces paroles de Jésus Ressuscité ne sont pas réservées aux douze apôtres et à leurs successeurs, les évêques et les prêtres ; elles concernent chaque baptisé. Il est heureux que le Pape Benoît XVI ait choisi ces paroles du Christ à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse pour appeler les jeunes à être missionnaires dans le monde d’aujourd’hui. Mais comme l’évoque Benoît XVI, dans son Message du mois d’octobre dernier : « Être missionnaire suppose d’abord d’être soi-même disciple du Christ, écouter sans cesse l’appel à le suivre, l’appel à le regarder, lui ». Cette affirmation du Pape est illustrée admirablement dans le dernier échange au bord du lac de Galilée entre le Christ Ressuscité et saint Pierre qui se voit renouvelé dans la mission de conduire l’Eglise sur terre.
Ecoutons ce passage : « Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : ‘Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ?’. Il lui répond : ‘Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais’. Jésus lui dit : ‘ Sois le berger de mes agneaux’. Il lui dit une deuxième fois : ‘Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?’ Il lui répond : ‘Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais’. Jésus lui dit : ‘Sois le pasteur de mes brebis’. Il lui dit, pour la troisième fois : ‘Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ?’ Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : ‘ Est-ce que tu m'aimes ?’ et il répondit : ‘Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime’. Jésus lui dit : ‘Sois le berger de mes brebis’ » (Jn 21, 15-17).
Les trois questions du Christ renvoient à la douloureuse expérience de Pierre qui par trois fois a renié son Maître. Jésus lui permet en quelque sorte de se racheter, de renouer avec l’amitié qu’il ne lui a jamais retirée. Mais la triple question de Jésus semble encore renvoyer Pierre aux grandes étapes de son cheminement de disciple.
En effet, lors de la première rencontre, Pierre s’est mis en route à la suite du Christ en manifestant un extraordinaire attachement à sa parole (cf. appel Lc 5, 1-11).
Mais une deuxième étape décisive est franchie lorsque saint Pierre au nom des apôtres professe sa foi au Christ et manifeste son attachement à sa personne. Il ouvre largement son cœur à l’amitié du Christ (cf. Lc 9, 18s). Et finalement à l’heure de la Passion de Jésus, Pierre va chuter en reniant son Maître. Mais contrairement à Judas, il ne se laisse pas enfermer dans le désespoir. Il pleure les larmes de repentance et se laisse relever par le Christ (cf. Lc 22, 54s).
Lorsque Jésus Ressuscité renouvelle sa confiance à Pierre et le confirme dans sa mission de Pasteur de l’Eglise, il semble ainsi renvoyer Pierre aux trois étapes décisives de sa vie qui constituent des repères pour tout disciple du Christ. Être disciple, c’est être à l’écoute de la Parole du Christ, mais aussi vivre une relation d’amitié avec lui et finalement laisser le Christ conduire notre vie.
J’aimerais avec vous explorer ces trois repères avec la figure de Pierre.
I/ L’attachement à la Parole du Christ
L’appel de Pierre (Lc 5, 1-11)
Accueillir la Parole du Christ
Au début de l’appel de Pierre à devenir son disciple, Jésus lui dit : « avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson ». Jésus veut montrer qu’il tient sa mission d’enseigner de Dieu lui-même, que sa Parole est celle de Dieu, celle qui ne retourne pas au ciel avant d’avoir accompli son œuvre, comme le proclamait le prophète Isaïe. Dans l’évangile, Il s’agit de jeter les filets pour avoir du poisson ! Jésus veut ainsi montrer qu’avec lui, le Règne de Dieu est présent ; qu’à travers lui, Dieu est personnellement à l’œuvre.
« Ils jetèrent les filets et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient ».
Quel coup de filet miraculeux ! Les filets étaient sur le point de céder, il fallait faire appel à une deuxième barque, et toutes les deux s’enfonçaient sous le poids du poisson qui fut pêché.
L’autorité de la Parole du Christ se manifeste pleinement dans des cœurs disponibles
Quel événement incroyable ! Quel coup de filet prodigieux ! Pourtant, il n’y a eu aucun geste spectaculaire, aucune action médiatique. Les paparazzis et autres journalistes à l’affût d’un scoop, auraient été déçus. C’est uniquement par une parole échangée que l’incroyable se réalise. Ce coup de filet est signé, c’est Dieu Lui-même qui est à l’œuvre.
Et cette intervention de Dieu ne fut possible que par le ‘oui’ de Pierre, par sa confiance et sa disponibilité à la Parole du Christ. Pierre n’y oppose même pas son expérience professionnelle. Pourtant, il y avait de quoi ! Comment pourraient-ils prendre du poisson en plein jour alors qu’ils ont peiné pour rien durant toute la nuit ! Pierre exprime cette objection, mais sa confiance dans la Parole du Christ est plus forte. Il ajoutera aussitôt : « Sur ton ordre, je vais jeter les filets ! ».
Saint Pierre nous apprend à faire confiance en la puissance de la Parole du Christ. Pour nous, ce n’est pas n’importe quelle puissance, pas celle d’un despote ou d’un manipulateur qui cherche à maintenir ses sujets sous sa dépendance, mais celle d’un Dieu qui appelle l’humanité à partager sa vie et son bonheur. La puissance de la Parole est celle de la vie et du bonheur.
Cette expérience de la Parole nous la revivons à chaque célébration eucharistique, et particulièrement en son cœur lors de la consécration. Là, c’est bien la toute-puissance de la Parole divine qui est en œuvre. Par l’action de l’Esprit-Saint et le ministère du prêtre, les paroles du Christ réalisent ce qu’elles signifient à savoir le changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ. Bien plus, la consécration et la prière eucharistique unissent le prêtre et l’ensemble de l’assemblée au sacrifice du Christ, à ce qui constitue la réalité la plus intime de notre existence en Jésus, une vie filiale, une vie donnée au Père et aux hommes. La célébration eucharistique est le renouvellement de l’appel de Dieu. Sa parole vient nous rejoindre efficacement et personnellement pour nous faire devenir ce que nous sommes, des ‘fils dans le Fils’, chacun reflétant un aspect de ce visage, selon sa vocation propre, de laïc, religieux ou prêtre.
Jésus sollicite une réponse totale
Si Jésus utilise l’image de la pêche pour indiquer la mission de Pierre, c’est qu’il veut rejoindre Pierre dans son existence, dans ses choix et ses projets de vie. L’appel du Christ concerne la personne tout entière, c’est toute la personne que le Christ désire quand il appelle. Il ne s’intéresse pas aux profils psychologiques ni aux compétences des personnes, mais à leur vie concrète et à leurs désirs profonds. Son appel vient donner une orientation nouvelle à l’existence de Pierre, en lui proposant de servir le Dieu de la Vie et son projet de salut.
Le ‘oui’ de Pierre, comme de tous les disciples à travers les temps, permet au Christ de rejoindre concrètement les hommes pour les éclairer de sa Parole et les fortifier dans la confiance en Dieu.
Au début du 21ème siècle, le Pape Jean Paul II a adressé une lettre aux Chrétiens où il reprenait l’appel du Christ à Pierre : « Avance au large ! ». Voici ce qu’il écrivait : « Allons de l’avant dans l’espérance ! Un nouveau millénaire s’ouvre devant l’Eglise comme un vaste océan dans lequel s’aventurer, comptant sur le soutien du Christ. Le Fils de Dieu, qui s’est incarné il y a deux mille ans par amour pour les hommes, accomplit son œuvre encore aujourd’hui : nous devons avoir un regard pénétrant pour la voir, et surtout nous devons avoir le cœur large pour en devenir nous-mêmes les artisans ».
La Parole du Christ nous est donnée par la Bible, mais également par le témoignage des saints et l’enseignement des papes et des évêques, successeurs des apôtres.
A la base de la sainteté de vie d’un chrétien comme de la fondation d’une œuvre dans l’Eglise, il y a toujours une parole du Christ. Saint François d’Assise a été marqué par deux paroles : devant une chapelle en ruine, il entendit le Christ lui dire dans son cœur : ‘Va répare mon église’. Et un jour durant une messe, il accueille pour lui et ses futurs compagnons, l’invitation du Christ à aller deux par deux pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Plus près de nous, sainte Thérèse trouvera dans l’enseignement sur la charité de saint Paul, la lumière qui éclairera sa vie de religieuse carmélitaine et fera d’elle la sainte patronne des missionnaires alors qu’elle n’était jamais sortie de son Couvent à Lisieux. Chacun de nous peut faire cette expérience d’une parole du Christ qui a travers la lecture de la Bible ou de la vie d’un saint, oriente et accompagne notre vie de foi et de service. Si je suis devenu prêtre, c’est pour beaucoup, grâce à la figure du Bienheureux Pape Jean-Paul II. Entré au Séminaire de Strasbourg immédiatement après le Baccalauréat, je me souviens qu’un des premiers ouvrages qui m’était tombé sous la main à la bibliothèque, fut l’encyclique, Redemptor hominis. Une phrase allait devenir comme une lumière dans ma formation et me poursuit encore aujourd’hui : « L’homme est la première route et la route fondamentale de l’Eglise ».
Comme jeune de 18 ans, c’était un immense horizon qui s’ouvrait devant moi. Tout mon désir de servir, de m’engager pour la justice et la paix, le Christ l’accueillait et me proposait de le vivre à sa suite au service du Royaume de Dieu. Et j’avais un modèle vivant : le Pape lui-même !
Pasteur selon le cœur de Dieu, le Bienheureux Jean-Paul II avait exercé le ministère de Pierre dans un don total au service du Royaume de Dieu.
II/ L’attachement à la personne du Christ
La confession de foi de Pierre (Lc 9,18s)
Croire, c’est s’ouvrir à la relation personnelle avec Dieu
A travers la médiation des Ecritures et de la vie des disciples du Christ, grandit l’attachement à la personne même du Christ. Saint Pierre l’expérimentera au tournant de la mission de Jésus. Lorsque les foules se faisaient plus rares et que l’hostilité des chefs politiques et religieux grandissait, Jésus se tournait à nouveau vers ses disciples pour solliciter leur liberté. Il leur proposait un renouvellement de leur profession de foi et de leur engagement : « Que dites-vous que je suis ? ». Et Pierre au nom des apôtres dira : « le Messie de Dieu ».
Par sa profession de foi, Pierre souligne l’originalité de la foi chrétienne : Croire pour le Chrétien, c’est croire que Jésus est bien le Messie et le Fils de Dieu, pour cela il nous faut mettre en œuvre notre intelligence, poursuivre notre catéchisme en fréquentant la Bible, en nous intéressant au témoignage des saints et des auteurs chrétiens.
Mais croire c’est aussi croire en une personne vivante, c’est ouvrir notre cœur pour entrer en relation personnelle avec le Christ.
Et cette foi est une grâce à accueillir. Dans sa catéchèse, l’Eglise parle de vertu théologale, c’est à dire d’un don qui dispose les cœurs à vivre en relation avec le Dieu Trinité. L’évangile de Matthieu rapporte cette parole de Jésus à Pierre : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’es venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16). La foi n’est ainsi pas le privilège de quelques-uns : la grâce de la foi a touché autant le cœur de Nicodème, docteur de la Loi que celui du malfaiteur sur la croix. Elle s’est manifestée autant aux adultes qu’aux sans droits et aux enfants que Jésus n’a pas hésité à laisser venir à lui.
Lors du Baptême, le premier des sacrements, à la question « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? », le rituel indique comme réponse : ‘la foi’. Chaque sacrement de la vie chrétienne vient renouveler cette grâce de la foi.
Disponible à des détachements pour le Christ
En s’attachant à la Parole et à la personne du Christ, saint Pierre a été amené à se détacher de tout ce qui pouvait être un obstacle. Jésus indique au moins trois détachements à opérer, par rapport aux biens terrestres, aux liens familiaux et humains et au passé (Cf. Lc 10,57).
Le premier détachement concerne le rapport aux réalités visibles que ce soit la possession ou la réussite professionnelle et sociale. Jésus lui-même a vécu ce détachement. Il affirmera : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ».
Même si nous n’avons pas de grands biens et si comme le dit le psaume, ‘nous n’avons pas le cœur fier ou ambitieux’, le danger nous guette toujours de chercher quelques sécurités et satisfactions dans l’avoir, le pouvoir ou le paraître. Jésus lui-même a dû combattre ces tentations.
Le deuxième détachement auquel invite le Christ, c’est quitter les attaches familiales. Alors que l’enterrement des parents était un des signes essentiels du respect filial, voici que Jésus répond à celui qu’il appelle : « Laisse les morts enterrer les morts ».
Il ne s’agit pas pour le Christ de dégager le disciple de ses obligations parentales. Le 4ème commandement, ‘tu honoreras ton père et ta mère’ reste valable même pour l’appelé. Mais il s’agit d’accéder à une relation juste et autonome qui permette à chacun de se réaliser en tant que personne et d’avancer sur le chemin de la vie. Il y a là déjà une exigence du point de vue de la croissance humaine : la juste relation à la mère ou au père va être un tremplin pour des relations de respect avec les autres et d’engagement dans la durée.
L’apprentissage du détachement par rapport à un lien fusionnel avec la famille dispose les cœurs à accueillir le Règne de Dieu et à vivre des relations qui manifestent notre dignité d’enfant de Dieu et de frère en Jésus-Christ. Il s’agit de vivre déjà en ce monde des relations dans l’Esprit de Dieu, relations qui dépassent les liens de sang et qui portent la marque de l’éternité.
Mais il y a encore le détachement par rapport au passé, comme le suggère le Christ quand il dit : « celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
Notre quête de bonheur et de paix nous tourne souvent vers le passé. Quand on avance en âge les sentiments de nostalgie nous renvoient à l’ambiance des fêtes de Noël en famille, à une vie rythmée par les saisons... Mais pour nous chrétiens, cette quête de bonheur et cette nostalgie ne doivent pas nous tourner vers la passé, mais vers l’avenir qui est entre les mains de Dieu. Cet appel est libérateur. Dieu ne veut pas nous enfermer dans notre passé, nous faire porter le fardeau de nos expériences douloureuses. Bien au contraire, il vient les porter avec nous pour nous en libérer. Cela signifie que notre passé avec ses blessures doit pouvoir être regardé en face, sans que cela nous écrase. Même à ces moments difficiles, le Seigneur était là. Ce rapport serein à notre passé est la condition pour avancer et vivre le détachement salutaire. Plus concrètement encore, en nous appelant à nous détacher du passé, le Christ veut nous réconcilier avec le présent, avec nos tâches, nos responsabilités à remplir.
L’appel du Christ à le suivre se traduit par ce lent travail à renoncer à toutes les attaches qui font obstacle à une confiance profonde en Dieu et en son amour. Ce renoncement est clairement formulé au cœur de la liturgie du baptême. A trois reprises, le prêtre demande aux parents, parrain et marraine et à toute l’assemblée : « Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, renoncez-vous à Satan, à ses œuvres, à ses séductions et attaches ? ». Cette renonciation est renouvelée par tous les Chrétiens chaque année à la nuit de Pâques.
Le travail de détachement encouragé par les saints et soutenu par le Christ lui-même aujourd’hui, le Christ nous pose personnellement la question : « Pour me suivre, es-tu prêt à te détacher de tes richesses, de tes liens familiaux et humains et de ton passé ? ». Il nous invite à faire un pas dans l’un des domaines. Ces détachements ne peuvent se comprendre qu’à la lumière de l’attachement au Christ. Dans un monde où nos cœurs sont rivés à la terre et oublient le ciel, les réalités spirituelles, ce langage passe plus difficilement. Mais comment ne pas se laisser interpeler par les figures de sainteté que Dieu nous donne en notre époque. Je pense par exemple à la Bienheureuse Chiara Badano, une jeune fille de 17 ans, morte le 7 octobre 1990 suite à une maladie qui la fit souffrir durant trois ans. Lorsque le diagnostic médical en révéla la gravité, Chiara ne pleura pas, ne se révolta pas, mais après un temps de silence, laissa échapper cette prière : “si tu le veux Jésus, je le veux également”. Malgré les souffrances, elle ne perdait pas son sourire lumineux et soutenait par sa foi ses parents et ses nombreux amis. Chiara se préparait à la mort, l’appelant la rencontre avec l’Epoux. Pour ses funérailles, elle choisit une robe de mariée, et des chants de fête. A sa dernière communion, elle priait : “Viens, Esprit-Saint, envoie-nous du Ciel un rayon de ta lumière”. La Bienheureuse Chiara surnommée ‘Luce, lumière’, est le témoignage éloquent de la beauté et de la fécondité d’une vie unie au Christ. La Bienheureuse Chiara était remplie d’un bonheur indicible et profond, d’un bonheur qui est un avant-goût du Ciel.
Le témoignage de la jeune Chiara Badano peut nous apparaître hors de portée, mais il veut surtout nous encourager à ne pas avoir peur de renoncer à ce qui nous empêche d’aimer le Christ et de le suivre. Le pas de géant dans la sainteté réalisé par Chiara, nous révèle que ce détachement ne dépend pas uniquement de nos propres forces. Le Bienheureux Jean-Paul II, dans son premier Message pour la journée mondiale des vocations en 1979, écrivait « La vraie réponse à toute vocation est une œuvre d’amour… Cette force d’amour, c’est le Christ lui-même qui vous l’offre, comme don qui s’ajoute au don de son appel et qui rend possible votre réponse ». Ainsi notre réponse est soutenue par Dieu lui-même à travers sa Parole ainsi que les sacrements de la vie chrétienne que sont l’Eucharistie et la Confession. L’Eucharistie enracine notre ‘oui’ dans le ‘oui’ du Christ et le sacrement du Pardon lui offre purification et relèvement.
III/ L’attachement à la Croix du Christ
Le reniement et le relèvement de Pierre (Lc 22,54s)
L’expérience douloureuse de la croix dans la vie de saint Pierre
Si à la suite de saint Pierre, le disciple se caractérise par un amour de la Parole et de la personne du Christ, l’Apôtre indique un ultime pas, celui de l’attachement à la Croix du Christ.
La profession de foi, Pierre la faite avec spontanéité, avec un élan de générosité porté par le succès de la mission. Il était témoin de nombreux miracles : la tempête apaisée, la guérison d’un démoniaque, la résurrection de la fille de Jaïre et la multiplication des pains.
Mais le Christ invite Pierre à aller plus loin. Après la profession de foi de Pierre, Jésus lui annonce ses souffrances et sa condamnation à mort. Il l’appelle à une compréhension plus profonde de sa mission et de son identité : celle du Serviteur de Dieu qui sauve le monde par la croix. Et il invite les disciples à le suivre sur ce chemin. Dans l’évangile de Matthieu, Pierre réagit vigoureusement, il réagit selon la logique humaine, la logique de celui qui ne peut accepter une telle issue pour son Maître bien-aimé : non jamais ! ‘Il lui fait de vifs reproches’, nous dit l’évangile. De plus, Pierre avait appris d’après la tradition religieuse que le Messie ne pouvait ni souffrir, ni mourir. Alors envisager le rejet des chefs du Peuple, sa mise à mort ! C’était inadmissible ! La réponse très dure de Jésus : « Passe derrière moi Satan », souligne l’enjeu. Pour Jésus, refuser la mort, écarter la croix, c’est se détourner de la volonté de Dieu et faire le jeu de Satan.
Ce chemin, Pierre va découvrir qu’il ne peut se faire que dans un total abandon au Christ. Pour cela, Pierre va connaître l’épreuve de la foi. Et lui-même va chuter, il va renier. Mais contrairement à Judas, il ose dans sa chute se tourner vers le Christ. Dans l’épisode du reniement de Pierre en Saint Luc, c’est le regard du Christ qui provoquera les larmes de repentance de Pierre.
En reniant, Pierre a sans doute été travaillé par sa conscience. Il avait conscience d’avoir fait le mal en reniant un ami. Mais c’est en croisant le regard du Christ, qu’il a pris conscience de l’immense décalage entre l’amour du Christ et le sien. Ce n’est pas simplement un ami qu’il a renié, mais celui qui allait mourir pour lui, par amour.
Pierre apprend à ne pas évacuer la croix de sa vie. Elle est incontournable. La croix, c’est la logique de Dieu. Elle manifeste que Dieu sauve le monde par la seule puissance de son amour.
Dieu a rejoint la création en envoyant son propre Fils et en acceptant son rejet par les hommes et sa mort en croix pour guérir et recréer de l’intérieur le cœur de l’homme. C’est ainsi qu’une fois ressuscité, Jésus va inviter Pierre à se relever en accueillant cet amour : « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21). Disposé à vivre de cet amour, Pierre pourra alors prendre le chemin du Christ jusqu’au don de sa propre vie, par amour. Il laisse Dieu prendre d’une manière concrète le gouvernail de sa vie. A la suite de saint Pierre et de tous les saints, notre foi est appelée à devenir un attachement toujours plus profond au Christ, un attachement qui passe par la croix, par l’accueil de l’amour du Christ qui a sauvé e monde par sa croix. Pour suivre le Christ, le ‘je crois’ est ainsi appelé à devenir un ‘je t’aime’.
Le Christ est présent au cœur même des épreuves de la vie
Pierre nous invite à ne pas avoir peur des épreuves de la foi. Car elles viennent la purifier et la fortifier. Il faut pouvoir en parler avec une autre personne croyante ou avec un prêtre.
A la suite de Pierre, nous pouvons alors tendre vers cette foi qui est un lâcher prise pour laisser Dieu agir, pour pouvoir dire en vérité, comme la Vierge Marie, « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! ». Elle ne dit pas : « oui, je vais te donner un coup de main pour ton projet », mais « je suis disposée à me laisser guider par toi, par ton Esprit ».
En traversant ces épreuves, comme Pierre, comme Marie, je peux apprendre à me décentrer de moi-même pour m’ouvrir à Dieu et au prochain dans une vraie charité.
Pierre en fait l’expérience dès l’accueil du regard d’amour de Jésus sur lui : il va le suivre jusqu’à la croix, même si c’est de loin. Dans le passage sur la mort de Jésus en Saint Luc (Lc 23,49), on peut ainsi lire : « Tous ses amis se tenaient à distance… ».
De même, nous verrons Pierre rejoindre ses compagnons et reprendre sa place auprès d’une communauté enfermée dans le questionnement et le doute. Quand les femmes revinrent du tombeau, annonçant qu’il est vide et que des anges leur avaient dit que Jésus était ressuscité, c’est Pierre qui se rendra au tombeau (Lc 24,12). Et au retour des disciples d’Emmaüs à Jérusalem, les apôtres confirmèrent la résurrection du Christ, affirmant : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! » (Lc 24,34).
Ce cheminement de Pierre à travers l’épreuve de la foi, à travers les questionnements et les doutes, est évoqué dans ses propres écrits. En s’adressant aux chrétiens, le Chef de l’Eglise réfère à sa propre expérience :
— « Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le Pasteur et le gardien de vos âmes » (1P 2,25).
— « Revêtez-vous tous d’humilité ». Il faudrait traduire littéralement : « Nouez tous sur vous le sarrau de l’humilité, le tablier que Jésus a pris pour le lavement des pieds » (1P 5,5).
La présence du Christ m’est garantie par les sacrements
Quand saint Pierre répondait pour la troisième fois au Christ, il lui dit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime ». Il s’en remet entièrement à Lui, et lui demande d’accueillir son ‘oui’ aussi faible soit-il. C’est avec cette attitude humble que Dieu peut faire des merveilles. Nous sommes témoins de la fécondité extraordinaire de l’œuvre de la Bienheureuse Mère Térésa. Déjà de son vivant en 1997, rien que les sœurs de Mère Teresa étaient au nombre de 4000 réparties dans 123 pays du monde. Elle n’a pas cherché le succès, mais la fécondité d’une vie unie à Jésus. Le mouroir de Calcutta qu’elle avait fondé au départ voyait très vite affluer une foule de malades et de mourants. Ceux-ci se plaignaient un jour auprès de Mère Térésa des sœurs qui ne prenaient plus assez de temps pour chacun. Mère Térésa demanda alors à ses religieuses de prier chaque jour une heure devant le Saint-Sacrement. Elle indiquait ainsi la source de la fécondité de l’œuvre, le Christ lui-même. Comme Mère Térésa et ses sœurs, nous pouvons laisser le Christ agir en nous et recevoir humblement son amour, notamment dans les sacrements de l’Eucharistie et du Pardon. N’est-ce pas encore l’expérience de saint Pierre et des premiers disciples, le jour de la résurrection. Après avoir reconnu le Seigneur, les disciples d’Emmaüs se dirent l’un à l’autre : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous, quand il nous parlait en chemin et qu’il nous expliquait les Ecritures ? » (Lc 24,32). La rencontre avec le Christ les a touchés au plus profond de leur être. Ils ressentent comme une brûlure, c’est la brûlure de l’Esprit-Saint. Jésus avait en effet annoncé l’envoi du Saint-Esprit en ces termes : « je suis venu jeter un feu sur la Terre » (Lc12, 49). Cette brûlure de l’Esprit-Saint purifie comme le sacrement du Pardon et revigore comme le sacrement de l’eucharistie. Et ils retournent dans la joie à Jérusalem, le lieu où ils avaient laissé leur mission. Ils renouent avec elle dans la joie de découvrir que Jésus Ressuscité est dorénavant non seulement avec eux mais en eux, comme une brûlure d’amour.
IV/ Conclusion : Soyez fiers d’être Chrétiens, soyez exigeants dans votre vie chrétienne (C’était le titre de mon message clôturant ma première visite pastorale que je viens d’effectuer à Saint-Louis, dans la région frontalière avec la Suisse et l’Allemagne).
Fiers d’être Chrétiens
Cette fierté n’est pas seulement liée à des actions exemplaires de Chrétiens, comme celles du Pape Benoît XVI et de notre Pape François dont nous avons été témoins en février dernier. Notre fierté est fondamentalement liée au Baptême par lequel nous sommes devenus ‘Chrétien’, un ‘autre Christ’, et donc enfant de Dieu et temple de son Esprit. Le Baptême confère une identité et une dignité inégalables, communes à tous les membres de l’Eglise, qu’il soit petit enfant ou pape. Devenir fils et fille de Dieu par le Baptême, c’est manifester au grand jour ce qui était déjà inscrit dans notre vie par la création. Dieu est lié à chacun, à tout homme. Le Baptême l’affirme et le réalise explicitement. Il me donne d’accueillir personnellement la parole que Dieu a prononcée en envoyant l’Esprit-Saint sur Jésus lors de son Baptême par Jean : « Tu es mon fils bien-aimé ! ». Nous entrons dans une relation de connaissance et d’amour avec le Dieu Père, mais aussi avec Jésus son Fils et l’Esprit Saint.
Exigeants dans sa vie
Au moment de l’onction du Saint-Chrême, qui signifie le don de l’Esprit Saint et annonce la Confirmation, le célébrant dit : « Désormais, tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ». Tout en soulignant la dignité du baptisé, ces trois titres indiquent également sa mission dans les pas du Christ. Le baptisé est prêtre en ce sens qu’il est appelé à garder une relation vivante à Dieu par la prière et l’offrande de toute sa vie. Le baptisé est prophète en ce sens qu’il est appelé à rendre témoignage à la Parole de Dieu en paroles et en actes. Le baptisé est roi en vivant les responsabilités et les engagements dans l’esprit du Christ serviteur. L’important est de tenir ensemble ces trois missions, personnellement et communautairement.
Le contexte économique plus difficile ainsi que les choix sociaux plus hostiles à la foi chrétienne ne doivent pas nous décourager, bien au contraire. Notre foi ne peut qu’être stimulée par le rassemblement ici à Bosserville en communion avec des centaines de milliers de jeunes réunis au Brésil avec le Saint-Père. Notre foi est encore stimulée tout au long de l’année par l’engagement de beaucoup d’entre vous dans vos paroisses ou dans différents mouvements caritatifs ou éducatifs. De même, comment ne pas être encouragé par ceux d’entre vous qui s’engagent ou s’engageront dans la voie du mariage chrétien, mais aussi de la vocation religieuse ou du ministère sacerdotal.
Lors d’un pèlerinage international à Rome au début de ce mois qui rassembla quelques 6.000 séminaristes, novices et jeunes en discernement, le Pape François leur adressa à la fin de son homélie ce message : « La diffusion de l’Evangile n’est assurée ni par le nombre de personnes, ni par le prestige de l’institution, ni par la quantité des ressources disponibles. Ce qui compte, c’est d’être imprégné de l’amour du Christ, se laisser conduire par le Saint Esprit, et greffer sa vie sur l’arbre de vie, qui est la Croix du Seigneur… Chers amis et amies, je vous confie, avec une grande confiance, à l’intercession de la très sainte Vierge Marie… Qu'elle vous aide à témoigner de la joie de la consolation de Dieu, à vous conformer à la logique de l’amour de la Croix, à grandir dans l’union toujours plus intime avec le Seigneur dans la prière. Ainsi votre vie sera riche et féconde ! » (Homélie, 14e dimanche du Temps Ordinaire, 7 juillet 2013). Je ne peux que relayer l’appel du Pape à chacun d’entre nous : soyons fiers d’être au Christ, soyons exigeants dans notre vie !
ÊTRE DISCIPLE DU CHRIST POUR L’ANNONCER AU MONDE
La rétrospective réalisée pour la célébration d'envoi
Merci à Damien Bessot pour le commentaire et à Nicolas Siron pour la réalisation et le montage.
2 vidéos
Les JMJistes présents à Rio adressent un message aux jeunes rassemblés à Bosserville
Sur KTO : rencontres avec Emilien et Alexandre
Homélie de Mgr Claude Schockert,
évêque de Belfort Montbéliard |jeudi 25 juillet à 12h
L’apôtre Jacques que nous fêtons aujourd’hui, est le frère aîné de Jean, fils de Zébédée et de Salomé, laquelle dans l’évangile que nous venons de proclamer ose faire la demande à Jésus : « voilà mes deux fils : ordonne qu’ils siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume ».
Avec son frère Jean, avec Pierre et André, Jacques est l’un des quatre premiers disciples appelés par Jésus à le suivre, alors qu’ils sont des pécheurs professionnels du lac de Tibériade.
Avec Pierre et Jean, il est témoin privilégié de la Transfiguration du Seigneur et aussi de son agonie au jardin de Gethsémani.
Après la résurrection, les onze disciples reçoivent cette invitation de Jésus : « allez donc, de toutes les nations, faites des disciples »
En écoutant St Paul dans la première lecture, les apôtres, auxquels Paul s’agrège lui-même, sont des gens simples qui avaient bien conscience de porter des trésors dans des vases fragiles, des « poteries sans valeur » ; mais ajoute St Paul, loin de se décourager, ils reconnaissaient qu’une force et une liberté leur venaient de Dieu lui-même dans leur faiblesse.
Comme les apôtres, les disciples que nous désirons être, nous expérimentons notre faiblesse, mais nous pouvons nous appuyer sur une force qui ne vient pas de nous seulement.
Comme Paul et les apôtres, nous pourrions dire, si telle est notre expérience de vie : nous subissons des épreuves mais nous ne sommes pas écrasés ; nous sommes désorientés parfois, mais non désemparés ; nous nous sentons combattus, mais pas abandonnés, terrassés mais jamais anéantis.
Quel soulagement et quelle consolation que d’entendre ces paroles qui s’appliquent à nous de façon particulière en ce rassemblement des JMJ 2013.
Oui, c’est dans la faiblesse que se manifeste la puissance de Dieu.
Nous avons besoin d’y revenir sans cesse pour ne pas céder au découragement et tourner la page sur Dieu comme bien de nos contemporains le font.
A peine arrivé à Rio de Janeiro, le Pape François déclarait dans son premier discours aux personnalités du pays et de la ville :
Je suis venu rencontrer les jeunes venus de toutes les parties du monde, attirés par les bras grands ouverts du Christ Rédempteur. Ces jeunes veulent trouver refuge dans ses bras ouverts, tout proche de son Cœur, écouter à nouveau son appel clair et puissant : « Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples ».
Ces jeunes viennent de continents divers, parlent des langues différentes et sont porteurs de cultures variées ; cependant ils trouvent dans le Christ les réponses à leurs plus hautes et communes aspirations et ils peuvent se rassasier d’une vérité limpide, d’un amour authentique qui les unissent au-delà de toute diversité.
Le Christ leur offre une place, sachant qu’il n’y a pas d’énergie plus puissante que celle qui se dégage du cœur des jeunes quand ils sont conquis par l’expérience de l’amitié avec lui. Le Christ a confiance en eux et leur confie l’avenir de sa propre mission :
« Allez donc, faites des disciples !» ; allez au-delà de ce qui est humainement possible et suscitez un monde de frères.
Mais les jeunes aussi font confiance au Christ, ils n’ont pas peur de risquer avec lui l’unique vie dont ils disposent, parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas déçus.
Dans 5 ou 10 ans, vous serez pères ou mères de famille.
Peut-être certains parmi vous, je l’espère, serez prêtres ou religieux pour l’annonce de l’Evangile, pour aider les communautés à vivre du Christ.
Le devenir de notre société et de notre Eglise est entre vos mains.
Vous portez en vous de belles aspirations et des talents multiples.
Vous avez concernant l’avenir de notre société des attentes justes
Jouez vos rêves de justice et de fraternité, de paix et de bonheur, risquez-les au grand vent de ce siècle nouveau.
Je vois qu’un certain nombre d’entre vous le vivent déjà : ils s’engagent dans la vie de leur quartier, de leur école ou de leur université, dans leur entreprise, dans les clubs de loisirs, dans des associations culturelles, caritatives ou humanitaires ou dans un mouvement de jeunes.
Ils font l’expérience qu’en donnant un peu leur vie, ils donnent la vie.
Vous, et les jeunes de votre génération, vous rêvez d’une Eglise plus ouverte et plus conviviale, plus fraternelle et plus simple, d’une Eglise où l’on puisse parler les mots de tous les jours, d’une Eglise qui vous propose des points de repères pour construire votre vie personnelle et de jeunes.
Vous attendez que l’Eglise présente le Christ comme Celui qui vient donner le vrai sens de l’homme.
Vous aspirez à une Eglise de vraies communautés.
Une Eglise de la fête, comme celle que nous sommes en train de vivre ; une Eglise de l’action ; une Eglise accordée aux cultures d’aujourd’hui.
Vous savez aussi qu’il y a des jeunes très loin de la foi.
Vous en connaissez, dans vos familles même.
Ils ont quelquefois des idées farfelues sur les chrétiens. Certains n’ont même pas entendu parler du Christ
Parfois, leurs recherches et leurs nombreuses questions les étouffent et les découragent : c’est vrai que ce n’est pas facile de croire !
Alors, si nous croyons que le Christ est une chance pour l’homme d’aujourd’hui, il faut que nous puissions témoigner de notre bonheur de croire.
Jésus Christ est comme une source à laquelle on peut inlassablement revenir puiser, sans jamais la tarir, sans jamais avoir fini d’en recueillir les richesses et la fraîcheur.
Le Christ n’est pas dans le passé, mais il est là avec nous, devant nous.
L’Evangile n’est pas une lettre morte, un livre de bibliothèque, mais une puissance de vie.
L’Eglise n’est pas une multinationale, c’est la communion avec le Père, le Fils et l’Esprit, la communion avec Dieu sur terre.
La mission, pas une affaire de publicité, de marketing, mais une Pentecôte.
La liturgie, non pas une pièce de théâtre mais un mémorial et une anticipation du ciel. L’agir humain n’est pas une morale d’esclave, mais l’agir humain selon le projet d’amour de Dieu, pour la réussite de l’homme et de l’humanité.
Dans cette expérience qui conduit à une découverte toujours plus profonde de la personne de Jésus et de la fécondité de l’Evangile, l’Esprit nous sert de guide.
C’est à lui que revient la tâche de nous faire pénétrer toujours plus avant dans la vérité tout entière qu’est le Christ lui-même. « Moi, je suis le chemin, la vérité, la vie ».
C’est à l’Esprit que revient également la tâche, et c’est capital, de veiller à nous faire voir comment, ici et maintenant, dans notre vie très concrète, son Evangile peut nous rejoindre, nous éclairer, nous réconforter et nous garder dans l’espérance.
Sans l’Esprit nous ne parviendrons pas à découvrir quelle est l’actualité des évangiles, leur éternelle jeunesse. Avec lui, grâce à lui, c’est possible.
Cet Esprit que le ressuscité avait promis, Dieu habitant lui-même le cœur de l’homme, cette force tranquille qui saisit des femmes et des hommes, des jeunes, depuis le matin de Pentecôte à Jérusalem,
Les apôtres, des ouvriers du lac, des hommes craintifs qui bravèrent les frontières de l’Empire romain pour porter la Parole,
L’apôtre Jacques sera le premier des apôtres à subir le martyre pour sa foi au Christ : il est décapité à Jérusalem.
Paul, le juif fanatique et orgueilleux, bousculé par l’Esprit au chemin de Damas, à jamais blessé par l’amour de Jésus et dont l’unique passion désormais est de témoigner de Jésus Christ mort et ressuscité.
François d’Assise, saisi au milieu de son opulence d’une vie facile pour épouser Dame pauvreté et rayonner ainsi la joie des béatitudes,
Tous les saints et saintes de Dieu, bienheureux et bienheureuses,
Et tant d’autres, vivants au souffle de l’esprit, connus ou inconnus, vivants peut-être à nos côtés.
Que dire de plus, frères et sœurs, que dire de plus de cette œuvre de l’Esprit saint en nous, si forte, si étonnante, si bouleversante, si éclairante.
Il est beau l’amour dont le Père nous a comblés.
Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et vraiment, nous le sommes.
Accueillez l’Esprit-Saint, ouvres toute grandes les portes de votre cœur, les portes de votre vie.
Il vient y mettre de l’ordre, de la tendresse, de la paix.
Et alors à votre tour, par la sérénité de votre vie, par la justesse de vos choix de vie, par votre participation à la vie de la communauté chrétienne, vous serez de ses témoins sur vos terres qui comptent aujourd’hui, pour annoncer sa présence cachée, son œuvre de salut et de vie, sa victoire sur la mort et le péché.
Alors vous aussi, allez et témoignez !
Allez et vivez !
Allez et n’oubliez jamais Celui qui a fait en vous sa demeure. Amen.
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