“Au nom de notre foi, sans a priori, en respectant la personne telle qu’elle est...”. Sœur Thérèse Durupt place la pastorale de la santé au cœur de son sacerdoce. Quelques mots pour définir un investissement de chaque instant, puisqu’il s’agit là d’accueillir les misères morales qui se rencontrent, tout particulièrement auprès des malades, des personnes âgées souffrantes. Des gens affaiblis, trop seuls parfois...
Le plus souvent, c’est du fond d’une chambre d’hôpital, où sont alités les résidents, que Sœur Thérèse reçoit des paroles, des gestes, ou même de simples regards en quête d’humanité. Cinquième d’une fratrie de neuf enfants, Thérèse a vu le jour à Ville-sur-Illon, au sein d’une famille chrétienne d’ouvriers agricoles. Très tôt, elle sera embauchée dans un foyer et y assumera les tâches ménagères jusque ses 22 ans.
Membre de la JACF (Jeunesse Chrétienne Agricole Féminine), elle ira travailler à la maison de retraite des Sœurs du Saint- Esprit à Neufchâteau. Son noviciat terminé, elle choisira de devenir infirmière. Un métier, partie prenante de son sacerdoce qu’elle évoque avec la discrétion et l’immense modestie qui la caractérise. Retraitée depuis 14 ans, sœur Thérèse n’attendra pas pour s’engager dans les visites d’aumônerie des hôpitaux de Remiremont. “Nous avons accès libre en porte à porte... Mais, il ne s’agit en rien de forcer la main. On propose... Dès le premier contact, ce sont les malades qui décident, qui nous guident...”
En lien avec le personnel
Sa réflexion, ses conseils se révèlent précieux, la religieuse accompagne les démarches des équipes de visiteurs de la zone Montagne. Des réunions sont organisées et en collaboration avec les responsables, le cheminement des entretiens s’attache à parfaire les formations effectuées. “Car, attention, on ne fait pas n’importe quoi auprès des malades ! Nous venons en hôtes, nous sommes en lien avec le personnel, mais nous n’avons surtout pas à nous ingérer !”. L’ancienne infirmière avoue même qu’il est indispensable de faire abstraction de son savoir professionnel.
La mission confiée par l’évêque impose une grande force d’esprit. “En sortant, il faut savoir prendre de la distance... Chaque être est tellement différent... Oui, il nous arrive d’entendre des choses lourdes, mais nous n’avons pas à juger, nous ne sommes pas là pour cela. Les gens se confient, nous devons accueillir, entendre... Nous n’avons pas beaucoup de réponses, souvent bien peu de mots en face de souffrances si fortes, mais nous devons écouter, encore et toujours écouter...”
Chez les Hospitalières du Saint-Esprit, d’autres responsabilités lui incombent. Sœur Thérèse Durupt a été désignée au poste de supérieure générale. On est loin des clichés. La religieuse pose une bienveillante attention sur l’ensemble de la vie de sa congrégation installée dans le diocèse. Un conseil l’aide à assurer son devoir d’y veiller. L’équipe liturgique de la paroisse de Saulxures- Thiefosse lui donne encore de l’occupation. Sœur Thérèse Durupt porte la belle Croix des Hospitalières du Saint-Esprit. Elle aime citer l’apôtre Saint-Matthieu “J’étais malade, vous m’avez visité...”
Son enfance, sa jeunesse ont forgé sa chrétienté, Thérèse dont un frère est devenu prêtre évoque paisiblement son parcours. “Dès ma naissance, j’ai reçu l’essentiel avec les valeurs du catholicisme. Vient l’Appel, la vie suit...” Toujours, elle revient sur ce besoin d’être attentif à ceux qui sont seuls, d’accueillir, “sans grande esbroufe !” Vatican II nous mobilise. “L’avenir ne nous appartient pas, nous devons poser un regard critique, mais positif. Nous sommes sensibles aux sans-papiers, aux plus petits, à ceux qui n’ont pas de travail. Le négatif démolit toujours, à nous de rendre de la confiance, de soutenir pour remettre debout !”
Josée Tomasi-Houillon