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Encyclique sociale : Caritas in veritate

Le Pape Benoit XVI a publié mardi 7 juillet 2009 l’encyclique "Caritas in Veritate" (La charité dans la Vérité). Ce document constitue une référence pour l’Église, enrichissant sa doctrine sociale.

Les symboles religieux

A l’origine, en Grèce, le mot symbolein désignait une pièce de terre cuite que l’on cassait en deux pour en remettre un morceau à chacune des parties qui contractait une alliance. A la suite d’un éloignement, d’une séparation, les deux parties pouvaient se reconnaître et attester de l’accord conclu en emboîtant les deux tesselles "symbolein : mettre ensemble".


12/01 /11 Halte à l’islamophobie ! (Textes à méditer)


Aujourd’hui, des crispations religieuses s’observent partout dans le monde. Contrairement à une opinion qui se propage, elles ne sont pas l’apanage du seul islam. Les intégrismes fleurissent dans chaque grande religion du monde.

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Le judaïsme connaît ses ultra-orthodoxes qui justifient l’écrasement systématique du peuple palestinien au Proche-Orient. Un certain hindouisme fanatique massacre des musulmans et des chrétiens en Inde. Des catholiques ont opéré des massacres en Croatie, des protestants en ont fait autant en Irlande ou en Afrique du Sud, des bouddhistes ont armé les avions kamikazes pendant la guerre du Pacifique.
Aujourd’hui, des musulmans fanatiques fomentent des attentats terroristes absolument intolérables et provoquent ici ou là des massacres honteux. A ces actes d’une rare violence qui sont le fait de religieux de toutes confessions, s’ajoutent les massacres de tribus ou de peuplades entières pour des raisons purement politiques, ethniques ou économiques.

Il devient urgent que des voix s’élèvent pour affirmer que le spectre du fanatisme envahit la terre. Cette vague mondiale de fanatisme gangrène les diverses religions mais je refuse d’accepter l’impression générale de beaucoup de Français qui cèdent à la peur d’un islam décrit comme intrinsèquement fanatique.

Il faut ici rester lucide et tirer les justes conclusions des leçons de l’histoire. Celles-ci ne doivent pas oublier que c’est l’islam andalou qui a ouvert l’occident européen aux grands dialogues humanistes du Moyen Âge. D’un autre côté, n’oublions pas non plus les massacres des populations indiennes des Amériques soutenus par un christianisme oppresseur, ni les déferlements des violences anti-arabes commises par des Croisades au nom d’un Dieu soidisant chrétien.

Il est vrai qu’une partie du monde musulman soutient, approuve et encourage des attentats meurtriers. Mais il faut savoir que bien des religieux de l’islam condamnent de tels actes de barbarie et s’élèvent contre tout ce qui, aujourd’hui, déforme l’enseignement du Coran. Ils dénoncent qu’on puisse penser que la foi musulmane assujettisse les femmes et prêche la guerre sainte contre tous les non musulmans. Je suis choqué de constater que nos médias ne se font pas, ou peu, l’écho de leurs prises de position.

Trop d’occidentaux, loin de connaître l’islam dans son fond et dans sa pratique, pensent que l’islam est une religion guerrière et violente. Tout un courant d’opinion se fait jour qui encourage une certaine islamophobie dangereuse qui traîne dans bien des esprits de nos quartiers et de nos villes et villages.

Plutôt que de contribuer à augmenter dans l’opinion de nos pays une peur irraisonnée antimusulmane, ajoutons nos voix et notre soutien aux organismes internationaux ou nationaux qui luttent pour la Paix, comme “Religion for Peace”, présent et actif en de multiples lieux de ce monde sujets à des conflits violents, regroupant des croyants chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, baha’is ou autres. C’est un musulman renommé, Ghaleb Bencheik, qui dirige l’émission musulmane sur la chaîne télévisuelle de France 2 et qui préside la Section française de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix.

Jean Dumas, pasteur
Ancien administrateur de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (CMRP)

Photo Pèlerins à La Mecque : Ali Mansuri

15/12 /10 Betty Bourion tisse une toile tout en couleurs (Textes à méditer)


“Toi, plus moi, plus eux, plus tous ceux qui le veulent, plus lui, plus elle, et tous ceux qui sont seuls, allez venez et entrez dans la danse, allez venez...” Lorsqu’elle se rend à son travail, Betty Bourion ne chante certainement pas à tue-tête ces quelques paroles empruntées à une chanson à la mode. Pourtant, l’invitation au rassemblement et à la joie colle bien au métier de l’animatrice de proximité des neuf communautés de Saint-Goëry.

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Depuis maintenant six ans, Élisabeth, c’est le “vrai” prénom de Betty, rejoint les différents relais paroissiaux pour y rencontrer le délégué et l’ensemble des personnes qui apportent leur concours à l’Église. Il s’agit alors pour Betty de faire le point. “De voir ce que l’on peut faire ensemble, autour de nous, dans les quartiers...”
L’animatrice vient aider à tendre une main fraternelle vers ceux qui sont restés sur le bord du chemin. “Ils sont des pierres de l’Église et ils la construisent...” Avec toute la passion qui l’anime lorsqu’elle évoque son travail au sein d’un poste créé pour un mi-temps il y a 6 ans, Betty Bourion explique que lors de son arrivée elle a appris à connaître l’Église. Pour mieux la servir. Un soutien appréciable lui est acquis, auprès de sa hiérarchie, mais notamment aussi auprès du Secours Catholique, des Conférences Saint-Vincent de Paul, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne...

Si vous lui posez la question de savoir où se trouve son bureau, vous allez faire bien rire Mme Bourion ! “Mon bureau ? C’est ma voiture, je me déplace avec ma Twingo, pour aller là où sont les gens !” Des associations fournissent des indications, le bouche-à-oreille fonctionne également très bien.
“Attention, je ne suis pas une assistante sociale, je viens proposer des choses à faire, mais en n’oubliant pas que c’est l’Église qui m’envoie. Il m’est arrivé de rencontrer des femmes qui ont perdu leur identité chrétienne. On parle de problèmes du quotidien ; autour d’un livre, d’un café, il s’en dit des choses ! Certains sont tombés. Il faut rendre confiance, en prenant toujours chacun en considération, dans sa dignité d’homme...”

Parmi bien des résultats satisfaisants, l’action menée a permis à des femmes de faire des projets. Un groupe a même réussi à mettre en route une association. “Je les ai guidés dans leur démarche. Tout cela s’est concrétisé par des rencontres, par un spectacle, un vide-grenier...”
Son besoin de partage, Betty l’a peut-être puisé dans sa condition de fille unique. Dans ses moments d’enfance, ceux d’une petite fille, gamine un peu trop seule au milieu des grandes personnes. Mariée, maman de Mickaël, 26 ans et d’Alicia 21, Mme Bourion conduit sa tâche sans faiblir. “Quand on a commencé un investissement, on doit aller jusqu’au bout !
J’accompagne des adultes, mais aussi des jeunes. Il faut faire attention, ils sont souvent écorchés vifs, et même épluchés... ! Il faut les comprendre, entrer dans leurs familles, sans se poser trop de questions... Sinon, peut-être que l’on n’irait pas.
Il ne s’agit pas de reculer, ce serait pire encore pour eux !”

Une mission tellement enrichissante

Ainsi se tisse petit à petit une véritable toile. D’un point à l’autre des contacts s’allument, et puis encore d’autres, et d’autres... L’ensemble se rejoint pour illuminer une palette de solidarité, d’amitié, d’affection.

Betty trouve le temps de coiffer à domicile. Encore une façon d’aider, en écoutant. “J’essaie de comprendre, même s’il est bien difficile de tout comprendre... Mais, en réfléchissant, avons-nous le droit de demander aux gens d’être comme on voudrait qu’ils soient ? Il faut les accepter comme ils sont ; si besoin en est, les aider à se relever, chacun avec ses moyens. Ce n’est pas un boulot, c’est une mission formidable, une mission épuisante certes, mais tellement enrichissante...”

Depuis quatre ans, Betty Bourion exerce un second mi-temps comme salariée de l’aumônerie au collège Clémenceau. Un camp de vacances tous les ans, des activités manuelles, des discussions, des repas pris en commun en toute simplicité... Les enfants des classes de SEGPA ont besoin d’elle.
Les yeux de Betty brillent tout fort lorsqu’elle évoque la décision d’un gamin de 15 ans de se préparer au baptême. “Derrière leurs bonnes bouilles d’enfants, se cachent parfois des secrets à fleurs de peau... Beaucoup de ces jeunes ont déjà un vécu qui peut être lourd... Il faut faire attention, les laisser s’exprimer... Il faut que cela marche, ils ont une richesse en eux, tout cela est tellement merveilleux...”

Envoyée par l’Église, là où sont les gens, Betty noue des trames d’espoir, brin par brin... “Toi, plus moi, plus eux, plus tous ceux qui le veulent, plus lui, plus elle, et tous ceux qui sont seuls, allez venez...”

Josée Tomasi-Houillon

12/12 /10 La Parole de Dieu et les trois C (Textes à méditer)



Connaissez-vous la technique de lecture des trois C ? Elle est essentielle pour bien lire la Parole de Dieu. C’est pour apprendre à la pratiquer que le service de formation de notre diocèse a décidé de fonder une École d’Animateurs de la Parole. Quatre rencontres ont eu lieu au mois d’octobre dernier. Le père Olivier Bourion, curé de Vittel et professeur au grand séminaire de Metz, propose d’aller à la rencontre de l’évangile selon Saint Luc. Il donne quelque clés pour mieux comprendre les textes par une lecture croyante, cordiale et commune.

Une lecture croyante

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Les chrétiens ont une chance magnifique : ils croient en un Dieu qui parle. Il parle à travers la création qui proclame sa grandeur. Il a parlé par ses prophètes à son peuple, Israël. Enfin, après ce long temps de préparation, la Parole de Dieu s’est manifestée comme une personne vivante : elle est devenue chair en Jésus pour demeurer parmi les hommes et donner à ceux qui l’accueillent dans la foi de pouvoir devenir enfants de Dieu (Jn 1, 14).
Lire la Bible, pour un chrétien, c’est donc bien autre chose qu’étudier un beau texte : c’est rencontrer quelqu’un qui vient nous dire qui il est et qui nous sommes. Par sa Parole Dieu se livre à nous, il nous déclare son amour. Or, un message d’amour, ça ne s’observe pas au microscope ; ça se reçoit dans la foi. Bien sûr, certains passages peuvent paraître bien difficiles à comprendre aujourd’hui. Mais si nous prenons conscience que c’est vraiment Dieu qui parle, cela change tout !
Si cette parole est vraiment Parole de Dieu, alors je peux accepter qu’elle me dépasse et me déborde comme Dieu lui-même. Non pas parce que le sens nous échappe, mais parce qu’il est infini. On peut regretter de ne pas mettre toute la source en bouteille, mais comme ça fait du bien de savoir que l’eau de la source n’arrêtera jamais de couler (et c’est un prêtre de Vittel qui vous parle) !

Une lecture cordiale

Trop souvent, lorsque nous lisons la Bible, nous nous préoccupons seulement de la question du sens (« Qu’est-ce que ça veut dire ? »). C’est essentiel, mais ce n’est pas suffisant. Car Dieu ne s’adresse pas à de pures intelligences, il vient frapper à la porte de notre cœur.
Nous avons le droit de vibrer en lisant un passage d’évangile, de nous arrêter sur la beauté d’un psaume, de faire jouer notre sensibilité, notre imaginaire, pour aborder la Parole de Dieu avec toutes nos facultés humaines. Ainsi, Dieu s’adresse non seulement à tous les hommes, mais à tout l’homme. Il n’y a donc pas besoin d’être expert dans les Écritures pour exprimer ce qu’elles ont produit en nous. C’est ce qui rend si précieuses les remarques des enfants, des chrétiens « recommençant » et plus largement de tous ceux qui n’ont pas encore de « culture biblique » : parce qu’ils sont encore neufs devant le texte ils ont la chance de pouvoir s’étonner de ce que les vieux loups de mer ne remarquent même plus.
Aujourd’hui il est crucial pour nos communautés chrétiennes de réapprendre à s’étonner de cette manière, pour se laisser profondément traverser et transformer par la Parole de Dieu. Elle nous est parfois devenue tellement familière qu’elle ne fait plus en nous d’autre effet que celui d’un pétard mouillé : ce qui devrait exploser dans nos cœurs n’explose plus ! On ne comprend rien à une déclaration d’amour si l’on n’est pas soi-même amoureux.
Il nous faut retrouver la simplicité d’une lecture cordiale, c’est-à-dire d’une lecture où le cœur ait sa part.

Une lecture commune

Dieu, en nous parlant, ne s’adresse pas à des individus isolés, qui liraient chacun leur bible en parallèle. Comme la communion à la messe ne nous fait pas seulement recevoir le corps du Christ mais devenir ce corps, la Parole de Dieu, elle aussi, ne se contente pas de nourrir les chrétiens, elle les intègre dans un même peuple.
Ceux qui ont fait l’expérience régulière d’un partage de la Parole savent combien cette écoute commune finit par créer entre les membres du groupe des liens uniques. L’assemblée des croyants est bien la « belle terre » dont nous parle la parabole du semeur : la terre féconde et nourricière capable de faire fructifier la semence que Dieu lui donne.
Cette fécondité suppose toutefois qu’on laisse à la Parole de Dieu la première place pour l’écouter ensemble humblement, y compris au moment où l’on partage ce que chacun en a reçu. Cela n’est possible que si chacun écoute l’autre sans l’interrompre. Combien de temps de partage biblique finissent par se transformer en débats d’idées où le texte n’est plus qu’un prétexte ! Ce n’est pas à nous de tordre l’Evangile dans notre sens ; c’est à l’Evangile de nous tordre dans le bon sens ! Pour cela nous avons besoin de nous laisser déplacer dans nos convictions et dans nos habitudes par la parole des autres croyants.
Si la Parole a vraiment la première place et si chacun respecte la façon dont les autres la reçoivent, alors, très vite, on fait l’expérience d’une fécondité extraordinaire. L’autre, en me livrant ce qu’il a reçu du texte, libère en moi des fenêtres nouvelles pour l’aborder. Je me rends compte qu’il est inépuisable et que je ne pourrai jamais me l’approprier. Je ne me suffis pas à moi-même pour rencontrer Dieu.
Pour apprendre à lire, j’ai besoin d’être relié. Relié aux autres. Mais plus profondément encore, relié à la tradition de toute l’Eglise, c’est-à-dire à tous les croyants d’hier et d’aujourd’hui.

Croyante, cordiale, commune. C’est comme cela que la Bible est la plus savoureuse. Alors notre lecture pourra porter du fruit. Parce que Dieu nous aura vraiment parlé, alors nous deviendrons vraiment parlants. Et nous pourrons inviter d’autres assoiffés à s’approcher de la source d’eau vive !

Abbé Olivier Bourion

29/11 /10 Nouvelle Encyclique sociale (Encyclique sociale : Caritas in veritate)
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Le Pape Benoit XVI a publié ce mardi 7 juillet 2009 l'encyclique "Caritas in Veritate" (La charité dans la Vérité). Ce document constitue une référence pour l'Eglise, enrichissant sa doctrine sociale. Premiers éclairages du Père Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié.

La charité dans la vérité

Voici la nouvelle mise à jour de la position de l'Église sur la grande question sociale du développement. Un document profond et exigeant.

Après le Concile Vatican II et la réflexion des papes qui ont suivi, Benoît XVI revient sur l'apport de Paul VI sur le développement. Le contexte a beaucoup changé : au lendemain du Concile, à la fin des années 60, on parlait du « progrès »... Mais dès les années 70, la crise du pétrole a donné le départ des remises en question... , jusqu'à la crise financière actuelle. La mondialisation a rendu évidente l'interdépendance planétaire et nous engage sur des chemins de solidarité qui vont loin. Dès lors la question du développement n'est plus un problème à résoudre parmi tant d'autres : elle s'élargit pour devenir « développement humain intégral », et concerne toutes les dimensions de l'homme : conditions de vie et de travail, liberté personnelle et démocratique, capacité spirituelle... Le développement : les questions économiques ne se règlent pas toutes seules. Bien sûr, il y a l'économie de marché et ses règles, qui ne sont pas sans danger. Il y a la régulation apportée par le politique, avec ses lois, et ses moyens de redistribution (l'impôt) : le politique a aussi ses limites. Selon Benoît XVI, il faut compter sur la responsabilité de l'homme, sur sa capacité à vivre la gratuité et à faire place au don dans les relations économiques. L'horizon du « bien commun » n'est plus envisagé dans les limites familières d'une région ou d'un pays, mais à l'échelle planétaire. Car tout homme est un frère. Il est vaste, le champ de la charité. Adressée à tous les « hommes de bonne volonté », cette lettre se fonde en effet sur « la charité dans la vérité ». La vérité, car il faut mettre la raison au service de l'amour aussi bien chez les chercheurs, les financiers, les politiques...

Et il faut éclairer notre vision de l'homme à la lumière de l'Évangile. Benoît XVI invoque le « sens » de l'homme. Réduit à soi-même, à son habileté technique, à sa capacité à vivre un consensus politique, l'homme s'étiole. Tandis que s'il se perçoit comme « don de Dieu », sa capacité humaine prend toute sa dimension de liberté personnelle, et au sein de la famille humaine. Nous sommes dans la ligne de la première encyclique de Benoît XVI, « Dieu est amour », qui développait cette conception de l'homme cohérente avec la foi au Christ. Nous sommes dans la ligne de la recherche permanente du Cardinal Ratzinger et du pape qu'il est devenu, le lien entre foi et raison.

Cette encyclique nous apporte de quoi nourrir nos dialogues et nos rencontres avec « les hommes de bonne volonté », nos partenaires dans l'action. Elle aborde de nombreuses questions concrètes, pour le développement humain intégral. On évoque ainsi toutes les questions du développement, du travail et des délocalisations, de l'interaction des cultures, de la situation des pays pauvres confrontés à la faim, au problème de l'eau, du respect de la vie, de la liberté religieuse, du développement scientifique, du progrès, de l'écologie, de la mondialisation... Cette encyclique ouvre ainsi un large chantier qui envisage l'avenir sans défaitisme. À tous de s'y mettre, les politiques, les acteurs associatifs, chaque citoyen, chaque chrétien. Bonne lecture.

+Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié

Pour ceux qui veulent une lecture rapide : voir le dossier spécial de la Conférence des Evêques de France ou de La Croix

Pour ceux qui veulent prendre le temps de lire toute l'encyclique : voir l'encyclique

24/08 /10 Vosges : La messe chrismale 2010 en photo (Ressources)
Prêtres, diacres et fidèles ont largement répondu à l’appel pour la célébration chrismale qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque pour le service des Hommes en avril dernier.
Retrouvez ici quelques photos de cette célébration unique
_ Toutes ces photos sont signées Bertrand Jamot
29/04 /10 Une chorale de la communauté de paroisses pour demain (Liturgie)
Partout où les chorales vieillissantes sont à bout de souffle, où la fréquence des messes est de plus en plus espacée, la motivation pour maintenir et développer un répertoire de qualité baisse, voire disparaît.
Un chœur inter-paroissial structuré, ouvert aussi sur la société civile, exigeant dans ses choix et la qualité de son travail peut permettre de perpétuer son service d’acteur fidèle de la liturgie en portant la prière des fidèles et en l’invitant toujours à l’action de grâce, à condition de le vouloir vraiment.

Dans le n° 268 de la revue « Musique Sacrée », Jean MAUGEY dressait le portrait d’une chorale paroissiale pour le concert spirituel.
Au moment de sa création, cette chorale avait pour mission d’assurer deux concerts spirituels par an pour permettre la pérennité, dans le cadre paroissial, du répertoire polyphonique de musique sacrée qui ne trouve plus sa place dans les célébrations d’aujourd’hui, et de chanter, une fois par an, une messe utilisant essentiellement le répertoire en latin.
Aujourd’hui encore, ce chœur d’une cinquantaine de choristes, sous la direction d’un jeune chef compétent, continue de travailler un répertoire ambitieux qu’il donne dans le cadre des deux concerts spirituels prévus annuellement, la Communauté paroissiale étant théoriquement et prioritairement destinataire de ces concerts.

On peut se réjouir d’une telle expérience qui prouve que les chorales profanes n’ont pas le monopole de l’exécution d’un répertoire exigeant, d’autant plus que ce répertoire est celui de l’Eglise qui recommande la pratique du chant grégorien et des polyphonies latines, entre autres celles de la Renaissance.
Le recrutement de choristes particulièrement motivés s’est fait pour l’essentiel à l’extérieur des chorales liturgiques de la ville ; on peut le regretter, mais s’en réjouir peut-être, car la Foi et l’Art sont intimement liés et la musique, elle aussi, est un chemin de découverte de Dieu et un vecteur de la Foi. Il est dommage que, provisoirement du moins, le deuxième objectif assigné n’ait pas encore pu voir le jour.
Ce chœur au label « paroissial » pourrait, même si cela ne devait être que ponctuellement, collaborer avec les chorales liturgiques de la ville.

Un projet similaire a vu le jour dans une Communauté de Paroisses du diocèse de Metz (Moselle). Aussitôt la Communauté installée (un bourg important et quatre villages) une collaboration active entre les chorales des différentes églises était réclamée, attendue.
Aussi, pendant quelque temps, et à deux reprises dans l’année, les chorales ont uni leurs moyens pour des célébrations festives (Rameaux, Ascension…). Ces rassemblements, qui pouvaient réunir jusqu’à une soixantaine de choristes, ont très vite connu leurs limites pour différentes raisons : le niveau musical des uns, les orientations de répertoire des autres, la répartition des voix dans les pupitres (ici, on ne chante qu’à l’unisson, là, il n’y a qu’un homme dans l’effectif de la chorale).
Des tentatives d’unification du répertoire ont été amorcées, mais les choristes refusent de travailler ensemble tout au long de l’année, car cela nécessite aussi de se déplacer ; de plus, beaucoup ne sont pas enthousiastes pour réaliser un réel travail de fond ; ils préfèrent se satisfaire du seul apprentissage de la mélodie de chants que beaucoup veulent « accessibles ».
Par ailleurs, les chefs ou responsables ont des cultures, des formations, des compétences et des sensibilités différentes. On a très vite assisté à la démobilisation des personnes motivées, car le niveau a été tiré vers le bas, ce que l’on observe partout où les choristes se déplacent chaque dimanche dans une autre église pour former un groupe de chants à géométrie variable et « enfiler des chansons » tout au long de la messe.
… Et chacun est donc retourné vieillir chez lui avec son itinéraire, son répertoire, ses habitudes et son chef !

Faire émerger de l’ensemble des chorales de la Communauté de Paroisses un groupe d’une trentaine de personnes particulièrement motivées paraissait être alors une réponse possible à la question : « Quelle forme de collaboration régulière et durable est-elle envisageable pour les chorales dans le nouveau cadre des Communautés de Paroisses ? »

Ce projet sans doute inédit localement, paraissait aussi fédérateur. Il devait surtout permettre à ce chœur d’approcher un répertoire de musique liturgique plus exigeant, et plus conforme aux directives de la liturgie avec lesquelles beaucoup de libertés sont prises ici et là.

Il n’a pas échappé aux observateurs attentifs que depuis quelques années déjà, le souhait d’une plus grande qualité pour le chant liturgique et sacré est affirmée : qualité des textes, qualité des musiques, respect des formes. Cette attente est régulièrement rappelée avec force et insistance par l’Evêque du diocèse lors de ses déplacements pastoraux.
Il faut amorcer et poursuivre ce changement - et aussi le diffuser.

Aussi, la création de ce chœur inter-paroissial, une chorale paroissiale en plus des cinq anciennes chorales existantes, les unes qui agonisent déjà, les autres dont l’avenir s’avère incertain, s’est-elle révélée une opportunité à saisir en raison de la présence de nombreux atouts appréciables pour réussir un tel projet :

  • L'engagement de choristes qui souhaitent progresser dans l’exécution d’un répertoire de musique sacrée, parce qu’ils sont disposés à donner du temps à l’Eglise, est un atout de premier ordre. La pratique musicale apprise dans les formations musicales extra-liturgiques constitue une base bien utile (solfège bien en place, technique vocale de qualité, aptitude à suivre la direction du chef de chœur, etc…). Ces personnes qui ont un emploi du temps déjà bien rempli, ne supporteraient pas de passer des heures à l’apprentissage d’un répertoire débile !

  • La disponibilité de choristes issus des chorales de villages, souvent plus âgés, mais expérimentés, motivés, disposés à se déplacer et convaincus que l’on n’a jamais fait complètement « le tour de la question » est aussi une _
  • Les orgues des églises en très bon état et les trois organistes liturgiques formés, curieux et ouverts à des répertoires qui sortent des sentiers battus, sont des éléments supplémentaires de soutien efficace.

  • Le département de la Moselle qui porte depuis des siècles une tradition musicale exceptionnelle. Ce peuple, a hérité de son histoire une culture musicale solide, très proche de celle des populations germaniques.

Ainsi est né le « Choeur Liturgique des Glandières », un chœur de 28 personnes composé de 10 sopranos et de 8 altos, de 6 basses et 4 ténors, pour la plupart issues de chorales paroissiales, et qui poursuivent d’ailleurs leur engagement dans leur chorale d’origine. Ce chœur répète deux heures chaque semaine.

Il faut noter les réticences exprimées par l’équipe d’animation pastorale au moment de la création de ce chœur. Cette instance craignait « la division », car les choristes, même s’ils n’ont pas été auditionnés, ont tout de même été pressentis à partir d’un cahier des charges succinct, mais explicite.
Dans son article cité plus haut, Jean MAUGEY précise que la crainte de la concurrence peut être un élément positif qui devrait mener « certains responsables de la musique liturgique du dimanche à s’interroger sur la qualité de ce qu’ils font chanter à leurs choristes et aux fidèles ».

Le « Chœur Liturgique des Glandières » s’est donné pour mission de «chanter la messe » en respectant les recommandations de l’Eglise telles qu’elles figurent dans la PGMR (Présentation générale du Missel Romain), tout particulièrement celles qui définissent la nature de la participation de l’assemblée. Il a aussi vocation d’organiser et de participer à des concerts de musique sacrée dans et hors de la Communauté. Enfin, il veut montrer l’Eglise d’aujourd’hui sous un jour sympathique en s’associant à des manifestations à caractère culturel (Festival de chant choral de la Ville voisine), concerts pour des manifestations humanitaires, intervention dans les hôpitaux et maisons de retraite.

Le répertoire pour la messe est constitué d’hymnes, de psaumes, de tropaires des compositeurs confirmés de notre temps, et de partitions des maîtres anciens (chorals, polyphonies de la Renaissance accessibles).
Pour les chants de l’ordinaire de la messe, le souci est de répartir plain-chant et compositions en français de bonne facture en écartant systématiquement le genre « chansons ».
Quelques pièces grégoriennes, pour des occasions particulières, pourront être envisagées à l’avenir. Les compositions de J. Langlais, de G. Litaize, de P. Doury, E. Andrès sont bien présentes dans le répertoire pour la messe.

Après six années d’existence, on peut se risquer à dresser un bilan de cette expérience.
Le premier objectif qui était de chanter, pour les dimanches ordinaires, deux à trois messes par an dans chacune des églises de la Communauté, n’a été atteint que partiellement, l’hospitalité musicale n’étant pas encore bien ancrée dans les mœurs. Beaucoup craignent à tort de « perdre leur place ». Cependant, plusieurs messes ont pu être chantées aussi à l’extérieur de la Communauté de Paroisses : elles ont permis d’amorcer la diffusion du « concept ». Il faut espérer une évolution des mentalités. A défaut, ce serait le travail autour des concerts qui pourrait prendre progressivement le dessus. Ce glissement risquerait alors de dénaturer l’objectif prioritaire du projet : donner demain à toutes nos assemblées « de prier sur de la beauté ».


Noël LAURENT

Article tiré de la Revue "Musique Sacrée - L'organiste" dirigée par l'abbé Armand Ory