Extraits de la conférence donnée par le père Benoît Malvaux s.j., directeur de la collection “La Part-Dieu”, le samedi 5 décembre à la Maison diocésaine sur le thème des communautés signifiantes.
L’intervenant propose des “chantiers” en guise de réponse à la question posée “Comment construire des communautés signifiantes ?”. Depuis Vatican II, l’Église en ses diverses vocations connaît un temps de remise en question, qui invite à explorer de nouveaux chemins. Des schémas sont bouleversés, des figures surgissent : laïcs en responsabilité pastorale, diacres permanents, ermites, vierges consacrées, instituts séculiers, communautés nouvelles. Partout, une même évidence s’impose : il faut repenser de fond en comble les notions mêmes d’états de vie, de charismes, de ministères.
(…) Il s’agit de réfléchir avec vous à la question de savoir comment construire des communautés signifiantes aujourd’hui. (…) Dans la perspective d’une Église sacrement, qui fasse signe pour le monde d’aujourd’hui, l’édification de communautés chrétiennes n’est pas simplement un enjeu interne à l’Église. Il y va aussi de sa fidélité à la mission qu’elle a reçue de son Seigneur.
Cette revitalisation de la dimension communautaire de la vie chrétienne, qui nous permet de rejoindre une intuition de l’Église des origines, qui se situe dans la droite ligne du dynamisme mis en route par Vatican II, comment peutelle aider l’Église à remplir sa mission dans le monde d’aujourd’hui en faisant d’elle un signe, un sacrement du dessein de salut de Dieu ? Et quand je parle du monde, je ne l’entends pas seulement au sens de la société civile ou des non baptisés présents dans cette société. Je vise aussi ces nombreuses personnes de tradition ou de culture chrétienne, mais dont le lien avec la réalité ecclésiale est devenu fort ténu.
Par rapport à toutes ces personnes qui constituent la grande majorité de nos contemporains, comment être signe de vie, signe de salut, en sachant bien sûr que tout signe peut être accepté ou refusé, que cela ne dépend pas seulement de nous, mais que cela dépend aussi de nous. Comment construire des communautés qui soient signes de Bonne Nouvelle pour nos contemporains ?
Ce n’est certainement pas à moi, qui ne connais pas le diocèse de Saint-Dié, de répondre à cette question. Je ne connais pas votre histoire, d’où vous venez, ce qui a été essayé, ce qui a réussi, ce qui a échoué. Je ne connais pas votre situation actuelle (…). Je ne connais pas non plus les défis qui s’offrent à vous. C’est donc à vous, agents pastoraux actifs sur le terrain, de voir comment traduire dans les faits le souci de construire des communautés signifiantes aujourd’hui, dans la ligne du dynamisme enclenché par le concile. C’est pourquoi je parlais tout de suite d’en revenir à une perspective interactive. Mon rôle va être ici de vous proposer des chantiers de réflexion par rapport à notre thématique. (…)
Premier chantier
Un premier chantier que je vous propose concerne la perspective générale dans laquelle se situer, au niveau d’une pastorale diocésaine. J’imagine que, comme beaucoup de diocèses de France, vous avez vécu un processus de remodelage paroissial. Peut-être ce processus a-t-il été mis en route il y a longtemps déjà et demande-t-il une évaluation ? Peutêtre est-il encore en cours ? De toutes façons, cela vaut la peine de voir dans quelle mesure il favorise ou suscite des communautés signifiantes.
Il y a quelques années, j’avais eu l’occasion d’étudier quelque peu ce processus de remodelage en France, à partir d’une enquête parue dans la revue Esprit et vie, et j’avais été frappé par l’insistance des projets diocésains, au niveau du discours du moins, sur deux dimensions qui rejoignent directement notre propos. La plupart de ces projets mettaient l’accent sur la dimension missionnaire du remodelage. Il s’agissait d’une manière ou d’une autre d’éviter de réduire le renouveau paroissial à une simple réorganisation structurelle, à un nouveau découpage rendu nécessaire par la diminution du nombre de prêtres disponibles, mais de veiller à donner un nouveau souffle missionnaire à l’Église diocésaine.
Parallèlement, et c’est la seconde dimension que je voudrais souligner, la constitution de communautés était un autre objectif essentiel poursuivi par ces plans. Pour citer un extrait d’un projet diocésain, il s’agissait de “permettre à des communautés chrétiennes trop souvent repliées sur elles-mêmes de pouvoir être vivantes et dynamisantes”.
Si ce double objectif - promotion de la mission et de communautés - est commun à la plupart des projets de remodelage, sa mise en œuvre peut cependant, de manière subtile, obéir à des logiques différentes. Une première logique vise à avoir des communautés assez fortes et assez nombreuses pour pouvoir vivre et être dynamisantes, pour pouvoir assurer les différentes missions de l’Église aux meilleures conditions. Dans cette logique, l’accent est mis sur le regroupement des communautés. Nos communautés locales sont devenues trop petites pour être vraiment dynamiques, vraiment signifiantes, il faut donc les rassembler, mettre ensemble plusieurs communautés, pour que la nouvelle communauté ait suffisamment de forces et de ressources pour remplir sa mission.
Le critère de la taille, du nombre de membres engagés dans la communauté est alors déterminant.
Une autre logique possible est celle de la proximité. Dans un contexte peut-être plus rural, marqué par la dispersion des communautés, il s’agit alors de veiller à maintenir une présence chrétienne au niveau local, même si les forces vives sont peu nombreuses. La communauté ne doit donc pas nécessairement être nombreuse. L’important, c’est qu’elle soit présente sur le terrain local, insérée dans son milieu. Cette alternative, de privilégier le nombre ou la proximité, est une vraie question, et nous allons la retrouver tout à l’heure en examinant les autres chantiers que je vais vous proposer. À mon avis, il n’y a pas d’arguments- massues pour aller dans un sens ou dans l’autre. Chacun présente des avantages et des inconvénients, aucun des deux n’est contraire à l’Évangile. Il s’agit donc bien de discerner, de voir dans le contexte concret lequel de ces deux biens est à privilégier et comment le privilégier, à quelles conditions. (…)
Je voudrais cependant encore ajouter que, malgré les dénégations officielles, un troisième objectif est venu se mêler, plus ou moins consciemment, dans le débat, qui est venu en quelque sorte “polluer” le discernement, c’est celui du nombre de ministres ordonnés disponibles. Dans un certain nombre de diocèses semble-t-il, le critère décisif du remodelage paroissial n’a pas été la constitution de communautés vivantes ni le souci d’une présence de proximité, mais le souci de regrouper les ensembles ecclésiaux de manière à ce que chacun ait au moins un prêtre responsable. La question principale est alors devenue, dans les faits sinon dans le discours : de combien de prêtres valides disposons-nous ? Et on a organisé le remodelage paroissial en fonction du nombre de prêtres. Ce qui a entraîné dans certains diocèses la nécessité de re-remodeler le paysage paroissial, quelques années plus tard, lorsque le nombre de prêtres avait encore diminué.
C’est contre une telle logique que quelqu’un comme Mgr Rouet, l’archevêque de Poitiers, a pris position il y a quelques années, dans son ouvrage Un nouveau visage d’Église, en opposant une logique de centralisation, pour laquelle le nombre de prêtres disponibles est le critère-clé et qui se situe donc dans la perspective de laïcs au service du prêtre, et une logique de communion où la communauté occupe la place centrale, où il s’agit de promouvoir des communautés réelles, responsables, avec un prêtre à leur service – ce prêtre pouvant être par ailleurs au service d’autres communautés également. À mon sens, votre question - comment promouvoir des communautés signifiantes - se situe clairement dans la seconde perspective. Mais elle laisse malgré tout intacte la question : si nos projets pastoraux veulent promouvoir des communautés signifiantes, quel est le critère qui permet d’identifier ces communautés signifiantes ? L’état de ses forces vives, le nombre de chrétiens engagés, ou sa proximité avec le terrain, ou autre chose encore ? (…) Voilà donc un premier chantier, fondamental.
Deuxième chantier
(…) D’abord, le chantier des célébrations. Nous avons vu ce matin que la communauté chrétienne ne se réduisait pas à l’assemblée dominicale, mais celle-ci est bien sûr un des lieux privilégiés d’expression et de réalisation de la communauté, qui joue un rôle important dans la mission sacramentelle de l’Église, dans la mesure où l’assemblée du dimanche est un lieu important de visibilité de l’Église. Encore aujourd’hui, le réflexe premier tant des chrétiens que des non chrétiens pour mesurer l’importance de l’Église dans une région est de voir combien de personnes vont à la messe le dimanche. Le rassemblement dominical ne dit pas tout de la communauté, mais il dit quelque chose d’important à son sujet.
Par rapport à cette assemblée dominicale, et plus largement à l’exercice par la communauté de sa mission de célébrer le Seigneur, on retrouve en débat les différentes logiques que j’évoquais il y a un instant. Pour le dire concrètement, à partir du moment où il n’est plus possible d’avoir des eucharisties dans chaque communauté locale, que faire? Faut-il privilégier les eucharisties là où elles peuvent encore se faire? Faut-il privilégier d’autres types de rassemblements dominicaux? Qu’est-ce qui est le plus signifiant?
C’est une question à entrées multiples, qu’on peut poser tant dans un contexte de pénurie de prêtres ou dans un contexte de non pénurie. Pour le dire simplement, la perspective qui privilégie la piste des forces vives, de l’importance d’avoir un nombre suffisant de participants à l’assemblée dominicale pour que celle-ci soit vivante, cette perspective va pousser à la diminution et au regroupement des célébrations par unité pastorale ou par nouvelle paroisse. Ces célébrations moins nombreuses et rassemblant des groupes plus importants de fidèles seront souvent eucharistiques, dans la mesure où il y a généralement assez de prêtres pour présider ces célébrations eucharistiques au nombre réduit. Il s’agit alors par exemple de conserver une célébration eucharistique par unité pastorale, soit dans l’église principale de l’unité, soit en organisant une tournante, en favorisant par exemple le co-voiturage. Dans cette église, nous avons donc une belle célébration, avec une assemblée plus nombreuse qu’à l’époque où l’eucharistie était célébrée dans plusieurs lieux de culte. Par contre, dans les autres lieux de culte de l’unité pastorale, rien n’est organisé.
En sens inverse, la perspective qui privilégie la proximité va pousser au maintien de plusieurs lieux de célébration, même si ces assemblées ne sont plus très nombreuses. Indirectement, elle va promouvoir des célébrations dominicales non eucharistiques, dans la mesure où les prêtres ne seront généralement pas assez nombreux pour assurer une présidence eucharistique dans les différents lieux. Une telle politique pastorale suppose la présence d’au minimum un animateur ou, mieux, d’une équipe d’animation en chaque lieu de célébration. Ces célébrations portent des noms divers : en Belgique, on a longtemps parlé d’adap (assemblées dominicales en l’absence de prêtres), on parle plutôt aujourd’hui d’adal (assemblées dominicales animées par des laïcs). J’ai aussi entendu l’expression d’assemblées dominicales de relais. Mais quelle que soit l’expression retenue, la réalité visée est la même : il s’agit d’une célébration du dimanche différente de l’eucharistie.
À ce propos, se pose donc la question de savoir s’il faut privilégier de petites assemblées non eucharistiques de proximité ou au contraire une assemblée eucharistique centrale avec une participation plus nombreuse. Si on privilégie la première piste, se posera la question du type d’assemblée qu’on va promouvoir. S’agira-t-il d’assemblées fort proches de l’eucharistie, la consécration en moins? S’agira-t-il d’assemblées fort différentes, du type célébration de la Parole ou liturgie des heures, par exemple? Une question bien concrète à ce propos est celle de savoir si on prévoit ou non la distribution de la communion durant ces célébrations.
Le magistère est intervenu sur le sujet, mais d’une manière qui laisse la question ouverte. Je fais allusion au directoire pour les assemblées dominicales en l’absence de prêtre, promulgué en 1988 par la congrégation pour le culte divin , qui rappelle l’importance du rassemblement dominical en tant que tel, même s’il n’est pas possible d’avoir l’eucharistie, tout en soulignant également que l’eucharistie est le sommet de la vie chrétienne et qu’elle reste donc le rassemblement dominical par excellence. Comment concilier ces deux principes, lorsqu’il n’est pas possible d’avoir une eucharistie partout où une communauté chrétienne peut se rassembler? La question reste ouverte.
De même, l’instruction invite à éviter toute confusion entre une assemblée dominicale animée par des laïcs et l’eucharistie , sans cependant trop descendre dans les détails de la célébration et en laissant ouverte la question de la distribution de la communion.
Voilà un deuxième chantier que je vous propose : souhaitons-nous privilégier des assemblées avec participation nombreuse, généralement eucharistiques, ou des assemblées de proximité, souvent non eucharistiques? A vous de discerner, en fonction à la fois des possibilités concrètes de votre diocèse et des objectifs que vous souhaitez privilégier.
Troisième chantier
Le troisième chantier concerne la visibilité de la communauté ad extra. Dans ma présentation de la communauté tout à l’heure, j’ai insisté sur l’importance pour celle-ci de pouvoir mener des actions communes. J’ai aussi rappelé la dimension de solidarité, fort présente dans les premières communautés chrétiennes. J’ai encore indiqué combien le concile nous avait invité à élargir cette solidarité au-delà du cercle restreint des fidèles, pour engager la communauté chrétienne dans la vie sociale, en collaboration ou en faveur d’autres croyants ou de non croyants. Je pense qu’il y a ici un point important dans la construction de communautés signifiantes. Celles-ci ne se rendent pas seulement visibles par leurs célébrations, mais aussi par leurs engagements au service de la société, particulièrement des plus petits. Il est capital que la communauté promeuve à la fois des activités qui rassemblent les fidèles (ce qu’on pourrait appeler un pôle ad intra) et des activités qui situent la communauté en solidarité avec le village, le quartier, la ville ou plus généralement le monde (ce qu’on pourrait appeler un pôle ad extra).
La question sera donc ici de voir comment faire en sorte que la communauté chrétienne vive cette dimension de solidarité et de service du monde, dans le contexte qui est le vôtre. De nouveau, sans vouloir forcer les traits, on peut envisager de promouvoir une solidarité de proximité, plus discrète, moins directement visible, mais peut-être plus en prise avec la réalité du terrain. On peut à l’inverse privilégier des actions plus importantes, plus efficaces, qui peuvent être aussi des actions de solidarité avec le lointain, y compris des réalités sociales d’autres continents. Je renvoie la question à votre discernement.
Dans ce chantier de la solidarité et du service, j’aurais envie d’ajouter une question, qui porte sur l’ouverture de la communauté sur l’extérieur. Un danger commun à tout groupe restreint de personnes, comme nous avons défini la communauté tout à l’heure, c’est le danger du repli sur soi, de constituer une communauté cocon, où on est bien ensemble, où on vit une vraie fraternité interne, mais dont les autres, ceux qui n’appartiennent pas à la communauté, se sentent exclus. En termes de communauté signifiante, on peut alors arriver à un vrai contre-témoignage. Si je dis cela, c’est en pensant particulièrement aux chrétiens peu ou non engagés, qui participent occasionnellement à l’une ou l’autre célébration, ou qui ne prennent contact avec la communauté ecclésiale qu’à l’occasion du baptême, du mariage et des funérailles . Comment faire en sorte qu’ils ne se heurtent ni à l’indifférence des pratiquants ni à une pression de leur part en vue d’un engagement plus grand, en d’autres termes qu’ils soient accueillis en Église pour ce qu’ils sont ? À mon sens, il y a ici un enjeu important pour la construction de communautés signifiantes. Mais, encore une fois, on devine que la question du discernement entre nombre et proximité que j’évoquais tout à l’heure se pose ici aussi. Une présence de proximité serait certainement souhaitable pour ces chrétiens du seuil. Mais elle suppose des équipes responsables de la pastorale du baptême, du mariage, du deuil, qu’il ne sera sans doute pas facile de créer en chaque lieu. Comment tenir ensemble ces deux exigences ?
Quatrième chantier
Un quatrième chantier que je vous propose est celui de l’évangélisation, de l’annonce. Il apparaît peut-être moins directement lié au thème des communautés signifiantes, et pourtant nous savons que la catéchèse reste un lieu où nous pouvons être en contact avec des chrétiens du seuil, des parents dont les enfants se préparent à la première communion ou à la confirmation par exemple. C’est aussi un lieu où l’implication de la communauté, autrefois quasi inexistante, est aujourd’hui fortement soulignée. Le Directoire de 1997 sur la catéchèse – n° 220 – a ainsi posé le principe que la catéchèse est une responsabilité qui relève de toute la communauté chrétienne. C’est une piste que nous avons particulièrement promue aux éditions Lumen Vitae, en encourageant une catéchèse qui ne se limite plus aux enfants et aux adolescents, mais qui soit intergénérationnelle, qui rassemble toute la communauté, pour que chacun, à partir de là où il en est, puisse grandir dans la foi. En Belgique, des formes de catéchèse communautaire et intergénérationnelle se mettent en place çà et là. Dans la paroisse où je suis impliqué, nous vivons ainsi de temps en temps une démarche appelée chemin d’évangile, ouverte aux différents groupes de « catéchèse » au sens large (parents d’enfants à baptiser, jeunes qui se préparent à la communion ou à la confirmation, adultes qui se préparent au mariage) mais aussi aux autres membres de la communauté chrétienne, particulièrement ceux qui participent régulièrement aux eucharisties dominicales. Je ne voudrais certainement pas idéaliser ce genre d’activité, qui a ses limites et ses difficultés, comme toute activité humaine, mais elle constitue néanmoins un bon exemple de mise en œuvre d’une conception nouvelle de la catéchèse, qui voit dans la communauté chrétienne tout entière à la fois son premier responsable et son premier destinataire. La communauté devient ainsi signifiante dans le domaine de l’annonce, comme elle l’est dans le domaine de la célébration et du service. Mais, encore une fois, c’est à vous de voir si et comment ce chantier peut être ouvert ou approfondi, étant donné la situation de votre diocèse.
Conclusion
Voilà donc quatre chantiers que je vous propose pour construire des communautés plus signifiantes. Celui de l’orientation générale de la pastorale de votre diocèse. Celui des célébrations, particulièrement des célébrations dominicales. Celui du service, avec la question de l’engagement de la communauté ad extra et la question de la relation avec les chrétiens du seuil. Celui de l’annonce, enfin, avec la possibilité de développer une catéchèse intergénérationnelle. Pratiquement, je propose que chaque groupe prenne nécessairement le premier chantier, qui est le chantier de base, qui conditionne les autres en quelque sorte. Ensuite, je vous propose de traiter un des trois autres chantiers, selon ce qui vous paraît le plus important ou le plus urgent.