Église dans les Vosges (EDV) : Quand et comment sont nés ces groupes de lectures bibliques ?
Danièle Nutz (DN) : Les groupes bibliques existent pour les catholiques depuis Vatican II. Dans le secteur de Saint-Dié, un petit groupe s’est formé autour de sœur Elisabeth Adam. Celle-ci appelée en d’autres lieux, le Père Huot a repris le groupe.
Puis avec le temps, il a peu à peu laissé la responsabilité du groupe aux laïques. Aujourd’hui, j’accompagne 5 groupes différents. Le Père Huot est allé encore plus loin : il souhaitait que les animateurs travaillent ensemble sur toute la zone et qu’un même programme soit fait à Bruyères, Gérardmer et Saint-Dié. Il a assuré la formation de ce groupe, puis m’a laissée le soin de poursuivre.
EDV : Quels sont les objectifs ?
DN : La Bible est une Parole vivante si elle est partagée. Le premier objectif est de prouver que les textes ne sont pas hors portée. Le second est de donner goût à cette lecture.
Prenons une image culinaire : un plat inconnu ne nous attire pas automatiquement. Le palais doit s’habituer à de nouvelles sensations et nos papilles s’affiner pour que le plaisir apparaisse. C’est la même chose pour les textes bibliques. Tous les textes ont de la saveur, encore faut-il essayer ! Quant au troisième objectif, il est de retrouver de l’étonnement face aux textes, sans barrières, arrière-pensées ou sous-entendus.
Tous ces objectifs pour un seul but : lire la vie ! La Bible est un ensemble de livres qui nous parle de la vie.
EDV : Quels sujets sont-ils abordés ?
DN : Chaque membre de chaque groupe est différent. Les sujets abordés sont donc forcément adaptés : l’Évangile selon Saint Luc à Fraize, celui selon Saint Jean à Saint-Michel, Samuel à Épinal et les Actes des Apôtres ou la Genèse à Saint-Dié où il y a la particularité d’y avoir 2 groupes. Le 1er est ouvert à ceux qui ont envie de rentrer dans un livre qui leur semble illisible.
Il n’y a pas de “programme” mais juste l’écoute et peu à peu on avance dans ce qui semble être un labyrinthe. Alors que le 2e prépare les animateurs de la zone. Je pointe ce qu’il y a de plus important dans le texte et ce qu’il faut faire remarquer. Chaque animateur retransmet ensuite à sa manière, pour son propre groupe.
EDV : Comment se déroule un atelier ?
DN : Une séance commence toujours par la lecture du texte. Cette lecture provoque des réactions que j’essaie de remettre en rapport avec le texte. Si elle ne provoque pas de réaction, j’en suscite en mettant le doigt sur certains mots par exemple. Parfois, il y a des silences, précieux silences qu’il ne faut surtout pas se presser de remplir par du verbiage. La Parole fait son œuvre !
EDV : Que pensez-vous apporter aux participants ?
DN : Il me semble que je peux dédramatiser la lecture de la Bible. Je reprends l’image culinaire. Lorsque je déguste un plat qui m’envahit de bonheur, je ne pense pas à la recette. Pour la lecture biblique, c’est pareil. Je tente de donner le plaisir de la lecture ; tout le travail en amont je le garde pour moi, et si parfois, je donne une indication, une définition, j’essaie de ne pas noyer les participants… le but n’est pas d’étaler un savoir mais de faire de chaque chrétien un lecteur des textes bibliques.
EDV : Qu’est-ce que cet atelier peut leur apporter dans la vie quotidienne ?
DN : C’est une question piège… et pourtant vitale ! Si la lecture est bien faite, le texte entre en résonance avec notre vie. Par exemple, la Résurrection. Cela peut sembler ne pas nous concerner. Et pourtant ! N’est-ce pas une réalité pour chacun ?
Qui n’est jamais sorti de ses ténèbres : peurs, problèmes familiaux, difficultés financières, maladie… En sommes-nous sortis avec notre seule force ? Avons-nous perçu dans notre détresse, un mot, un geste, un sourire, un silence pour que la vie recommence peu à peu ? Nous sommes bien les mêmes après cette “mort” et pourtant nous sommes différents.
Je pense très sincèrement que la lecture des nombreux livres bibliques ne peut que nous apporter quelque chose dans notre vie quotidienne. Et je souhaite vraiment que chaque participant y trouve des raisons de croire en un Dieu de vie.
Alice Henry