I. Le point de vue de l'organiste. |
Les organistes relèvent très souvent des faits navrants à propos des célébrations de mariage: constat d'une absence totale de culture musicale de la part des fiancés, mépris ou hostilité vis-a-vis de l'orgue, goût marqué pour la musique enregistrée, profane de préférence. En matière de liturgie, ce sont certainement les mariages qui donnent lieu aux abus les plus graves. Faut-il le rappeler ? Depuis longtemps, I'église n'est plus considérée par le commun des mortels comme un espace sacré. L'organiste est fréquemment sollicité pour accompagner un instrumentiste (flûte, violon, trompette...) dans un répertoire de circonstance. Dans la plupart des cas, c'est assez heureux.
En revanche, les opinions sont plus nuancées en ce qui concerne la belle-sœur ou la cousine qui tient absolument à interpréter son Ave Maria ou son Panis angelicus. La justesse est aléatoire, le tempo variable en fonction de l'humeur et du degré de stress, mais la satisfaction est au rendez-vous...sauf pour les oreilles musiciennes. Les livrets d'accompagnement, les disques " Les plus belles musiques de mariage "; et aujourd'hui les sites internet manquent cruellement d'imagination. Une cérémonie qui se veut unique et mémorable prend une tournure uniforme. Le palmarès parle de lui-même: toujours les mêmes Toccatas (Bach, Boëllmann, Widor...) Choral du veilleur (!), transcriptions et arrangements des Trumpet tunes, Largo de Haendel, Te Deum de Charpentier, Jesus bleibet meine Freude, etc. Encore s'agit-il ici de musique véritable. Pour avoir voix au chapitre, certains confrères se voient contraints de jouer des extraits de musique de variétés. Il est difficile de remédier à ces tendances fâcheuses. Voici cependant quelques réflexions.
Olivier GEOFFROY |
II. Le point de vue du liturgiste. |
Notre collaborateur de Nancy, Olivier Geoffroy vient de donner le point de vue de l'organiste. Ce qu'il voit du haut de la tribune correspond à une réalité courante qui donne la mesure de la dégradation de la liturgie. Ce qui est à l'origine de cette situation, que le Concile Vatican II n'avait pas prévue, c'est le transfert des responsabilités de l'organisation de la célébration. Cette hymne au Saint-Esprit était tellement habituelle dans les mariages que I'assemblée la connaissait quasiment par cœur. Ce chant était charge d'émotion, humaine et chrétienne, même si le sens littéral des mots échappait à la plupart. Pour l'ordinaire de la messe, qui comprenait le Gloria in excelsis, la paroisse chantait le premierr ton de Du Mont ou une messe grégorienne connue. L'idée de demander aux mariés de choisir musiques et chants part d'un bon sentiment : on pense ainsi favoriser la participation des premiers concernés. Hélas! pour émettre un avis en ce domaine, il faut un minimum de connaissances, musicales puisqu'il s'agit de musique, et liturgiques puisqu'on célèbre un sacrement. Hormis quelques cas exceptionnels, la compétence n'est pas au rendez-vous! Ce qui est en première ligne, c'est le decorum. La cérémonie religieuse de mariage devient une mondanité où brillent de tous leurs feux le clinquant, le superficiel et même le vulgaire. Dans la préparation de la cérémonie (avec ou sans eucharistie), il faut apporter à la musique et au chant le même soin que celui qui préside au choix des lectures. De même que celles-ci doivent être choisies dans la bible, les chants doivent être choisis dans le répertoire liturgique. Il faut donc exclure les chansons profanes à la mode. Tout dans la liturgie est fait dans ce but : lectures, gestes, musiques et silences. Si comme le suggère Olivier Geoffroy, le chant est animé par un chantre ou une chorale, il est facile de proposer aux fiancés de choisir dans une liste de psaumes, hymnes et cantiques, et aussi de pièces d'orgue qui sont déjà au répertoire des intervenants. Si le mariage comporte l'eucharistie, l'assemblée pourra participer au chant de l'ordinaire de la messe. Les pièces plus spécialisées, chant d'entrée et chant de communion, seront réservées aux spécialistes. Il en est de même des versets du psaume, alors que l'antienne peut être reprise par tous en raison de sa brièveté et de sa facture populaire. Le répertoire vocal, propre à la célébration du mariage est assez pauvre. On sera souvent amené à retenir des pièces qui se chantent en d'autres circonstances. Ainsi à l'entrée, le psaume 99 est en parfaite situation. Le cantique "Dieu nous accueille en sa maison" convient aussi, à condition de ne pas le prendre dans un tempo de valse rapide. Il sera facile de trouver un psaume en accord avec la lecture biblique choisie. Dans le recueil "Le chant des Psaumes", musique de P. Doury, j'ai relevé les psaumes suivants dont l'antienne est riche de sens et la musique rayonnante de joie intérieure : Ps.4 : Seigneur, fais lever sur nous la lumière de ta face! Le moment de l'offertoire sera réservé à l'organiste qui par son jeu conduira la célébration vers son sommet, l'eucharistie. A la communion, on aura le choix entre une hymne eucharistique ou un motet en latin. Une polyphonie convient parfaitement ici, quand on dispose d'un chœur à 4 voix mixtes. A la fin de l 'office, on peut exécuter un chœur de l'époque classique (M.A. Charpentier, F. Couperin, H. du Mont, M.R. de Lalande) ou le Magnificat, et encore le Te Deum. Comme toute liturgie, une célébration de mariage doit avoir un certain rythme : une progression vers l'intériorité parait s'imposer. La musique est un bon outil pour empêcher tout dérapage. Le rôle du célébrant est essentiel : que celui qui en est capable n'hésite pas à cantiller les oraisons, la préface et même le récit de l'institution de l'eucharistie. Armand ORY. |
Musique et chants pour les mariages
Publié le 29/11/2006 par Admin.