Cet article a été publié dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez et favorisez la circulation de l’information et le dialogue dans le diocèse.
“Jeanne, fille de la frontière, Barroise du duché de Bar relevant du royaume de France, subit ce contexte. Son village est pillé, l’église incendiée en juillet 1428, elle doit trouver refuge avec sa famille 15 jours à Neufchâteau...” En analysant les origines de Jeanne d’Arc, Catherine Guyon, maître de conférences en Histoire médiévale et membre du Centre Régional Universitaire Lorrain d’Histoire (CRUHL) de Nancy, pointe du doigt une détermination sans faille à se rendre disponible à Dieu. Madame Guyon reporte l’action dans le temps. Issue d’un monde paysan, Jeanne fut élevée dans la chrétienté, mais ne savait ni lire ni écrire. “Tout juste, et encore, vu le graphisme, on peut penser qu’on lui a tenu la main, lors de son procès, elle a pu signer des actes...”
Il y eut un premier Appel que l’on situe vers l’âge de 13 ans, d’autres vinrent ensuite, dont un à l’âge de 17 ans, transmis par l’archange Saint Michel. “Une mission humainement incroyable, surtout pour une femme. Jeanne a avant tout su redonner courage à ses contemporains en déroute... Ce qui la rend finalement très actuelle... Jeanne est une figure de Liberté et de Résistance qui n’accepte pas la fatalité.”
Février 1429, Jeanne d’Arc part de Vaucouleurs pour Chinon, elle ira rencontrer le dauphin Charles. Elle le motivera à reprendre en main la destinée de son royaume. Aiguillonné par Jeanne qui réussit à le convaincre d’avancer, le 17 juillet de la même année, Charles VII, Roi de France, sera sacré à Reims.
Une mission à accomplir
L’éminente spécialiste en Histoire médiévale est formelle quant à l’aboutissement de l’engagement de la jeune Vosgienne. “Elle galvanise ses troupes, il faut dire qu’elle a un fort tempérament... Si elle ne met pas fin à la guerre de Cent Ans, elle en marque un tournant décisif...” Catherine Guyon rappelle encore l’incroyable destin de cette petite Lorraine, dont la maturité impressionne. “Blessée à Orléans elle repartira au combat !” Jeanne vivant parmi les soldats, accomplissant au milieu d’eux une vraie mission d’évangélisation. Des témoignages convergent quant à sa bonté, son courage et sa pureté. Elle est désignée par tous et elle-même se définit comme “la Pucelle”. Ce mot n’avait alors aucune connotation moqueuse, bien au contraire puisqu’il signifiait simplement la jeune fille vierge.
Jeanne d’Arc reprend sa campagne. Elle sera capturée sous les remparts de Compiègne par le bourguignon, Jean de Luxembourg qui n’hésitera pas à vendre sa prisonnière aux Anglais pour une poignée d’argent. On peut faire un rapprochement avec Judas.
Le sacrifice de sa vie
L’an 1431 verra se mettre en place une parodie de justice. La politique s’en mêle. “Tout fut fait pour la faire condamner en respectant les formes. Pour les Anglais, il fallait qu’elle soit brûlée pour discréditer Charles VII dont elle était à l’origine, les Anglais ne peuvent rien lui reprocher dans le domaine temporel (hormis qu’elle les combat, mais cela ne peut être invoqué en justice), le seul argument ne peut être donc que religieux avec de “pseudo accusations”.
Le 30 mai 1431, elle reçoit pour la dernière fois la communion en prison. Apeurée, la jeune femme de 19 ans sera suppliciée à Rouen sur la place du Vieux Marché. “Sa mort donne, il est vrai, plus de poids à son épopée. Elle devient une martyre qui fait le sacrifice de sa vie !” La Passion et la fin tragique de Jeanne d’Arc évoquent le Christ sur la Croix. Catherine Guyon mesure aussi l’impact de l’événement dans l’Histoire. Pour les chrétiens, Jeanne d’Arc sera canonisée en 1920. “Pour les incroyants, elle reste une figure de courage et d’espérance au milieu des épreuves !”
Josée Tomasi-Houillon