L'église Notre Dame est vraiment l'église du 20ème siècle à Épinal: elle en connut toutes les vicissitudes. Fille de l'église Saint Maurice elle naît le 10 juin 1900. Rue Boulay de la Meurthe, ce jour là, le vicaire général Legros, représentant l'évêque, en pose la 1ère pierre au milieu d'un grand concours de peuple.
À la place du chœur d'élève un autel de mousse, surmonté d'une grande statue de la vierge, en bois vieux. Le 25 octobre 1778 l'arrivée de cette statue sur les flots d'une Moselle en crue coïncida avec la fin des inondations. On vint dès lors lui offrir des fleurs et des cierges d'où son appellation et le choix de son patronage pour la nouvelle église. Désormais, église, statue, communauté vont s'identifier : ce sera Notre Dame. La construction commence ; la nef domine déjà tout le quartier et la gare. Mais les travaux sont interrompus au moment de la séparation de l'Église et de l'État. On a juste le temps de fermer la nef à chaque extrémité par une cloison de briques rouges d'une seule épaisseur. L'église Notre Dame devint l'expression de l'Église de France : une église dépouillée.
Rien pourtant n'arrête l'élan de la jeune communauté qui se rassemble et s'organise en son sein. Avec zèle le premier curé de cette paroisse, l'abbé Gremillet, fait de cette nef aux murs froids un pieux local, un chaud foyer, un sanctuaire décent. Étrange présage : pendant la 1°; guerre mondiale, l'église Notre Dame prend rang dans les églises sinistrées, puisque 2 bombardements ont détruit une grande partie de ses vitraux. A partir de 1920, l'église Notre Dame et la paroisse qui lui est consacrée vont connaître un essor sans précédent sous l'impulsion d'un saint curé : Monseigneur Pierre Fourier Évrard. Chaque année église et paroisse vont s'embellir d'une nouvelle création tant matérielle que spirituelle.
Portail aux 12 colonnes rappelant les douze apôtres, surmonté d'une tribune de prédication
Rosace représentant le Christ Roi rayonnant par son église, symboliquement représentée ici par Saint Pierre de Rome, sur les 5 parties du monde, évoquées par les vestiges archéologiques et une flore empruntée aux 5 continents. Par sa disposition elle fait songer à un cadran solaire où se marquent les temps. La façade sculptée qui a fine allure avec l'amorce de ses deux tours et ses armes pontificales placées en clé de voûte pour exalter l'Église romaine.
Avec ses voûtes élancées dont les deux mains se joignent vers le ciel, avec son autel surélevé et la statue de Notre Dame au Cierge trônant entre ciel et terre, le chœur de l'église devient un lieu de lumière et de beauté qui invite à la prière. Parée ainsi des séductions de l'art moderne, l'église Note Dame se dresse neuve et blanche comme un lys marial.
Une dernière réalisation est à signaler : la confection d'une magnifique grille en fer forgé et cuivre ouvragé représentant des épis de blé. Fixée à l'entrée du chœur elle se veut grille non de séparation mais de communion.
11-23 mai 1944 : comme pour la mettre à l'unisson du malheur mondial les bombardements de mai si funestes pour Épinal anéantissent l'église Notre Dame et dispersent la communauté. Le choc a été terrible : voûte écrasée, pans de murs tombés, poutres et fers tordus, vitraux brisés : ce n'est plus que gravas et monceaux de ruines.
La célèbre salle de spectacle qui complétait la vocation de l'église par ses grandes représentations para liturgiques, fédérait toute une communauté et drainait des foules subit le même sort que sa voisine.
1945-1956 Pendant 11 ans dans le ciel spinalien les ruines se dresseront, tristes mais glorieuses, tel un drapeau lacéré exaltant un passé martyr.
Pendant 11 ans c'est l'ère du provisoire. On aménage au mieux une chapelle en bois dans l'ancienne propriété Sergent, rue Boulay de la Meurthe.
La statue de Notre Dame au cierge, seule relique épargnée par les bombardements, retrouve sa place derrière le maître autel. Dès 1953 les avant-projets de la future église circulent. Il faudra néanmoins attendre le déblocage du crédit de reconstruction.
Il y a là tout un symbole.
La vie est plus forte que la mort : une nouvelle église va surgir.
Voici le texte du parchemin que contient cette première pierre. «Dernière pierre de l'église Notre Dame, bâtie par Mgr Évrard, alors curé, je deviens, dans un dessein providentiel, la première pierre de la nouvelle église appelée à chanter la gloire de DIEU et la louange de Notre Dame au Cierge. J'ai été bénite par son excellence Mgr Brault en présence de nos seigneurs WÜRTH ET NOËL, vicaires généraux du diocèse de Saint-Dié, de Monsieur CROUZILLARD, architecte, maître d'œuvre du clergé de la ville d'Épinal, des autorités civiles et d'un grand concours de peuple.»
Deux ans durant les travaux se poursuivent, une forêt de poutrelles monte vers le ciel.
Une voûte audacieuse, reposant sur de sveltes colonnes, se dessine puis se couvre. L'intersection des poutres produit d'innombrables caissons qui donnent à cette voûte l'allure d'un gigantesque nid d'abeilles.
Toute parée de sa robe de ciment armé où la façade chante comme un orgue.
Avec sa porte en émail cloisonné sur cuivre rouge symbolisant le rayonnement du Christ sur le monde par sa croix et ses 4 évangiles.
Vous pouvez découvrir le vitrail sur http://vitrail.egliseepinal.com/
Avec son immense vitrail de 120 m², d'un seul tenant retraçant la vie de la Vierge, la voici ressuscitée, véritable réussite de l'architecture contemporaine.
Le 10 octobre 1958 nous assistons aux rites de purification de la nouvelle église. Les bancs ne sont pas encore mis en place, c'est pendant la nuit qu'une équipe d'ouvriers les montera. Pour cette cérémonie les fidèles sont groupés dans les allées latérales.
Le 11 octobre une très grande procession symbolique transportant les reliques d 'autel se dirige vers la nouvelle église. Une page se tourne dans la vie de Notre Dame.
Avant d'entrer dans le sanctuaire les reliques font le tour de l'église et Mgr Brault, évêque de Saint-Dié, entouré d'un nombreux clergé et fidèle s'agenouille avant de pénétrer dans le lieu saint.
Il procède alors à la consécration de l'autel où il célèbrera la première messe dans la nouvelle église. L'heure de la résurrection a sonné. C'est un grand bonheur pour tous.
Pour être complet mentionnons l'existence d'une crypte, lieu de recueillement qui se prête aux célébrations intimes.
D'un chemin de croix, unique en son genre, œuvre de Leyritz, artiste parisien. Le Christ ne figure qu'à la première et à la dernière station, partout ailleurs il est suggéré par la position de la croix, un cercle de fer qui le maintient prisonnier et des cadres destinés à le faire avancer vers le lieu du supplice. Vous pouvez suivre l'intégralité du chemin de croix sur : http://culture.egliseepinal.com/
D'un tabernacle cylindrique évoquant le pain et le vin de l'eucharistie
De 2 céramiques, représentant l'une Sainte Thérèse en prière dans la cellule de son carmel ; l'autre un jeune Saint Joseph au type oriental délaissant un moment son travail pour contempler l'enfant Jésus.
Enfin d'un baptistère, de forme circulaire, implanté dans la tour du clocher.
Sa situation est d'ailleurs conforme à une tradition ancienne qui voulait que les fonds baptismaux soient en dehors des églises. On y accède par une porte aux fils d'acier tendus comme les cordes d'une harpe. Une belle vasque toute simple en pierre blanche en occupe le centre. Un couvercle conique, doublé d'un rebord où sont évoquées les figures du baptême la recouvre.
Il s'élève ou s'abaisse à volonté sur la cuve grâce à un jeu de poulies dissimulé à l'étage. C'est une création originale.
Merci à Monsieur l'Abbé OHNIMUS sans qui cette recherche n'aurait pu être aussi complète.