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10/09 /10 Sœur Geneviève Lapierre, Clarisse de l'Ouganda (Témoins vosgiens)


Sœur Geneviève Lapierre écrit depuis le monastère de Clarisses en Ouganda

Nous avons été très touchées de votre communion et de vos prières lors des glissements de terrain dans notre pays. Oui, des dizaines de morts et des centaines de familles sans ressources...
Pourtant un grand mouvement de solidarité s'est éveillé, mais c'est souvent de courte durée.

Vous avez dû apprendre aussi la tragédie des bombes du 11 juillet dans la capitale, elles ont éclaté dans deux lieux de rassemblement autour d'écrans géants pour suivre la finale de la coupe du monde...76 morts et des dizaines de blessés.
Le pays a été secoué et on est vérifié dans tous les lieux publics, à présent.

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Mais il y a aussi de belles choses qui se passent. Je vous envoie une photo de la célébration que nous avons eue avec les prêtres du diocèse : 70 ont répondu à notre invitation pour fêter leur sacerdoce à la clôture de l'année qui leur été dédiée.
A la procession d'entrée les sœurs ont dansé le Psaume : "Tu es prêtre pour l'éternité".
A l'intercession, chaque prêtre du diocèse a été nommé, renouvellement symbolique de leur engagement par l'offrande d'une bougie...
Puis repas sous la tente, au jardin et représentation par un jeu scénique de l'apparition du Ressuscité près du lac : "Pierre, m'aimes-tu ?"

Depuis nous nous sentons encore plus en communion avec nos frères prêtres et nous recevons souvent de petits messages téléphoniques demandant notre prière.

Merci pour tout ce que vous faites pour "vos" missionnaires. Nous demeurons en profonde communion dans le Christ, notre Vie, de la part de Mère Abbesse et de toutes mes sœurs.

Sœur Geneviève Lapierre

08/09 /10 Olivier Bourion, un prêtre parmi d'autres prêtres (Témoins vosgiens)


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Clair dans son engagement, Olivier Bourion vit sa vocation religieuse avec une réelle sérénité. Au sein des quarante-huit communes de sa paroisse Saint-Basle, on sait pouvoir compter sur lui. Et c'est avec une véritable joie qu'il assure sa tache aux côtés des deux autres prêtres responsables du secteur, Jacques Heinrich, responsable diocésain de la pastorale liturgique et sacramentelle et François Vuillemin, membre de la Mission de France. Tous ces articles ont été publiés dans le magazine « Eglise dans les Vosges ». En vous abonnant , vous soutenez l’information et le dialogue dans le diocèse.

Natif d'Épinal, Olivier Bourion, maintenant âgé de quarante ans, a passé son enfance comme beaucoup de gamins sur le plateau de la Justice. Un père employé de la SNCF, une mère assistante maternelle, il a partagé les jeux de ses deux jeunes frères.
Et se souvient en souriant avoir souvent enjambé les chiens à roulettes et les nounours des bambins accueillis au foyer. Est-ce de ce noyau familial chaleureux qu'il tient son besoin permanent d'exister parmi les autres ?

Très vite, le Spinalien éprouvera une attirance pour le développement de la pensée, pour l'analyse du verbe. Il voudra devenir professeur de Lettres. Sa foi l'invitera à entrer au séminaire. Diacre, il sera ordonné prêtre en 1998 et officiera durant deux ans à Rambervillers.
Décelant en lui un homme de réflexion, l'évêque Monseigneur Guillaume, lui demandera de partir pour Rome et de s'y former aux Écritures saintes.

S'inventer une existence...

En Italie, Olivier Bourion prendra part au quotidien de vingt-cinq autres religieux logé à Saint-Louis-des-Français. De cette période, il conserve le souvenir d'une ambiance certes très sérieuse, mais « très sympa, j'étais là un prêtre parmi d'autres, jamais seul. Nous échangions beaucoup d'idées durant de longues discussions... »

Sa formation terminée, le Vosgien reviendra au pays pour prendre ses fonctions à la cure de Vittel, mais aussi pour enseigner au grand séminaire de Metz. Les occupations et l'agenda de M. l’abbé Bourion se répartissent donc pour l'essentiel entre ses deux cités. Homme d'Église et professeur, c'est bien à chaque fois d'un plein temps qu'il s'agit. Chaque rentrée se présente comme une nouvelle aventure. Comme un bout de chemin à construire avec ceux que le Seigneur appelle. « Il n'y a pas de parcours standard, si la moyenne d'âge avoisine 23 à 24 ans, certains élèves n'ont pas suivi depuis toujours des cours religieux.
Ils ont accompli une démarche radicale et ils arrivent tout simplement de leur vie... C'est une chance de côtoyer ces étudiants, mais je ne suis pas là à mon compte, je suis en mission. Pour chacun, il est fantastique de pouvoir en toute connaissance de cause s'inventer une existence... Mon travail est enthousiasmant, mais on est traversé par des tas de questions, il faut apprendre à être clair avec son identité. En paroisse également, je viens modestement aider les gens à déceler et dire où ils en sont avec Dieu... »

Olivier Bourion n'oublie jamais les 4 axes qu'il se fixe. Tout d'abord l'humain, il s'agit d'apprendre à discerner les faiblesses, pour mieux stimuler les qualités de chacun. Le spirituel, s'ouvrir à Dieu, tenter de rencontrer le Christ, nourrir une histoire d'amour... L'intellectuel à conjuguer avec la pastorale qui demande d'apprendre à devenir prêtre au quotidien, sur le terrain. « Sans jamais oublier que la force des prêtres ce sont les autres prêtres... Nous sommes les témoins privilégiés de la vie des gens. »

Une qualité de vie

La conscience du temps qui passe, du monde qui bouge. « Nos paroisses évoluent à grande vitesse. Nous devons intégrer que nous entrons dans une histoire. Nous ne sommes pas les premiers, nous ne sommes pas seuls... Au séminaire, nous formons des défricheurs. Tous montrent leur soif de mieux connaître les Évangiles pour se projeter dans l'avenir... »

Tombent forcément les questionnements sur le célibat des prêtres. L'enseignant sait qu'il aura à répondre aux légitimes interrogations des séminaristes. « Vous savez le célibat dont on parle tant, ce n'est pas une privation, mais un renoncement, une qualité de vie. Certes très particulière, mais qui autorise de vivre dans un amour immense, de rejoindre un chemin pour s'ouvrir vers plus grand... Si l'on passe à côté de certaines choses, d'autres nous appartiennent.

J'explique que ce n'est pas une vie par défaut, qu'il faut du temps... Ils ne sont pas naïfs. Il ne s'agit pas non plus d'une prison dorée... L'enthousiasme d'accompagner, un vrai bonheur... »
Toujours faire de son mieux pour aider dans un cheminement de foi et « Aider à ouvrir une porte à jamais ouverte sur une vie plus riche, plus profonde qu'ils ne l'imaginent en entrant au grand séminaire, une vie de mystère tout en demeurant des citoyens, dans le respect de la laïcité... »

À passer un moment avec le prêtre, on touche du doigt cette plénitude qu'il s'applique à transmettre. « Heureux de découvrir combien chaque vie humaine est unique ! »

Josée Tomasi-Houillon

24/08 /10 Vosges : La messe chrismale 2010 en photo (Ressources)
Prêtres, diacres et fidèles ont largement répondu à l’appel pour la célébration chrismale qui manifeste l’unité de toute la communauté diocésaine autour de son évêque pour le service des Hommes en avril dernier.
Retrouvez ici quelques photos de cette célébration unique
_ Toutes ces photos sont signées Bertrand Jamot
12/08 /10 Gaudium et Spes et la vie économique et sociale (Église dans les Vosges, revue diocésaine)
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Ce mois-ci, l'Église des Vosges propose un approfondissement des chapitres économico-sociaux de Gaudium et Spes avec un extrait de l'intervention du père Alain Thomasset, prêtre, docteur en théologie au centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris. Cette intervention a eu lieu dans le cadre des conférences de Carême à la cathédrale de Saint-Dié.

L’actualité de la crise économique et financière ne fait que renforcer l’intérêt que nous pouvons avoir à étudier un tel document qui essaye de donner des axes fondamentaux de réflexion sur le développement économique.

Comment interpréter ce texte ?

Pour rendre compte et interpréter ce document, trois opérations sont nécessaires. La première consiste à remettre le texte du Concile dans son contexte historique. Ce texte s’est voulu résolument enraciné dans le monde de son temps, il est donc important d’en saisir les questions qui ont pu évoluer. Les années 60 sont marquées par l’ouverture internationale, la fin de la colonisation, la modernisation des moyens de production et de communication, le développement économique, mais aussi par la prise de conscience des grandes disparités internationales.
Il est aussi utile de connaître les débats et la composition des textes pour voir quels points ont pu faire problème. Il est bon également de mettre en relation ce texte avec l’événement ecclésial et spirituel qu’a constitué le Concile en lui-même. Pour la première fois dans l’Église des évêques du monde entier qui ne se connaissaient pas vont faire une expérience de rencontre et de collégialité. Ainsi, la présence importante d’évêques du Tiers-Monde a contribué à donner une tonalité aux débats sur le développement économique en mettant l’accent sur les disparités Nord / Sud.

Une deuxième opération d’interprétation consiste à regarder le texte pour lui-même. Son style se distingue des autres documents ecclésiaux de la même époque sur des sujets économiques ou sociaux. Moins technique sans doute et cherchant davantage à mettre en évidence une inspiration de fond, il est aussi marqué par une méthode propre : regarder la situation présente et opérer des discernements à la lumière de l’Évangile.
Les contenus invitent à regarder les évolutions des prises de position par rapport aux documents précédents : qu’est-ce qui est nouveau ? Qu’est-ce qui a été omis volontairement ou non ? Enfin, une dernière opération d’interprétation consiste à se poser la question de la réception de ce texte, à ses effets dans l’histoire de l’Eglise et de la société. En fin de compte pour nous aujourd’hui, alors que la situation est très différente de celle d’il y a 40 ans, quelle pertinence possède ce texte du Concile.

L’axe central du chapitre

Dès les premières lignes, le texte que « Dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personne humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. » (63,1). L’analyse de la vie économique et sociale est fondée sur une anthropologie qui rapporte tout à la personne humaine et au respect de sa dignité. Toute chose sur terre doit être ordonnée à l’être humain. Certaines conceptions écologiques pourraient aujourd’hui contester une telle mise au centre de la personne humaine au détriment des autres éléments de la création comme les autres espèces, les équilibres climatiques. Certaines pensées radicales considèrent l’espèce humaine comme une espèce parmi d’autres à laquelle il ne doit pas être donné une priorité particulière. Il n’en reste pas moins vrai que l’homme reste au sein de la création une créature unique, la seule que Dieu ait voulu pour elle-même. Si la personne humaine doit rester au centre, il faut sans doute élargir le propos et penser au respect des conditions de vie satisfaisante pour tous et pour les générations à venir. La préoccupation écologique ne doit pas faire oublier le souci central de l’humain présent et futur.

En fait la pointe du texte porte sur un autre combat, crucial à l’époque et toujours actuel. S’il faut mettre l’homme au centre, c’est pour aller contre l’idée répandue (qui s’est bien développée après les années du Concile et jusqu’à aujourd’hui) que les lois de l’économie sont indépendantes des considérations morales.

Le développement économique

Le document conciliaire sur la vie économique et sociale déploie son argument en deux parties : 1. Le développement économique. 2. Les principes directeurs de l’activité économico-sociale (travail, participation, destination universelle des biens, propriété). Comme dans presque tous les chapitres de la constitution pastorale, la finale reprend ces éléments dans une perspective christologique.
Il est notable de remarquer que la question du développement est l’axe central du chapitre. On découvre une optique nouvelle qui sera reprise par les papes suivants. En quoi la question du développement est-elle nouvelle et pourquoi reste-t-elle très inspirante ?

Mater et Magistra parlait surtout de « croissance » économique et invitait à faire œuvre de justice au sein de ce processus. GS parle lui de « développement ». Il ne s’agit pas seulement de l’accroissement quantitatif des biens produits mais aussi de la modification de la structure de toutes les relations économiques et sociales. Remarquons au passage que l’ONU a bien compris dans les années récentes la nécessité de dépasser une simple vision de la croissance du PIB et de prendre en compte ce qui est aujourd’hui appelé « l’indicateur de développement humain » qui prend en compte la qualité de l’éducation, de la santé, des régimes de protection sociale, de l’équilibre des secteurs économiques, etc.

Cependant, parler de développement pouvait laisser craindre qu’on ne s’intéresse qu’aux économies riches et développées des pays occidentaux. Les pères du Tiers-Monde ont insisté pour que soit tenu davantage compte des problèmes des pays sous-développés. Loin d’écarter la question du développement cette analyse de la situation rendait le problème du développement encore plus urgent. Le développement devenait ainsi une réalité multiple, un processus qui affectait le monde entier devenant plus conscient de son unité. Bien sûr, la perspective actuelle de la mondialisation n’a fait que renforcer cette perspective d’unification et d’interrelation des économies mais elle était déjà en germe dans les réflexions du concile.

Que dit le concile sur le développement ? Essentiellement quatre principes : le développement doit contribuer au développement de tout l’homme ; le développement doit demeurer « sous le contrôle de l’homme » ; le développement doit être pour tout homme, « sans distinction de race et de continent » ; le développement est un devoir de tout homme. « Les citoyens doivent se rappeler que c’est leur droit et leur devoir de contribuer selon leurs moyens au progrès véritable de la communauté à laquelle ils appartiennent ».

Quelques principes directeurs de la vie économico-sociale La seconde section du chapitre de GS traite des principes directeurs de l’ensemble de la vie économique et sociale. Il reprend des chapitres déjà en partie abordés par les enseignements sociaux des papes mais en soulignant des points plus précis en rapport avec le développement ou plus spécifiques aux pays en voie de développement.

- La participation
Pour le concile, tous les intéressés, travailleurs ou non, sont des associés. La participation est requise au titre de la dignité des personnes associées, sans porter atteinte à l’unité de direction. Par ailleurs, cette participation ne peut être réduite à la seule gestion sociale de l’entreprise comme certains voudraient l’entendre, elle concerne aussi la participation à la gestion économique de l’entreprise.

- La destination universelle des biens de la terre et la propriété
Avec la destination universelle des biens de la terre, confiés aux hommes par le créateur, le concile reprend une doctrine traditionnelle de l’enseignement social des papes. Il rajoute cependant cette précision lié à cette préoccupation du Tiers-Monde : « à destination de tous les peuples ». Il précise donc que la propriété privée, si elle est un droit individuel fondamental, garde toujours un « caractère social ». De là vient l’obligation dont parle le concile d’aider les pauvres, et pas seulement avec son superflu.
La propriété est un moyen concret de gestion des biens qui a pour avantage de constituer un exercice clair de la responsabilité. « Elle contribue à l’expression de la personne ». C’est aussi une des conditions de liberté civile et parfois de sécurité. Le concile précise que cette propriété doit pouvoir se diffuser à tous, puisqu’elle joue un rôle important pour la personne. Le point essentiel est sans doute le caractère social de cette propriété. A ce sujet, et sous l’influence des expériences douloureuses de certaines régions sous-développées, le concile n’a pas hésité à entrer dans le détail en appelant à la nécessité de réformes agraires pour le bien des travailleurs.

Cette position sur les réformes agraires est sans doute la plus neuve et la plus frappante du document, surtout que son urgence apparaissait dans des pays à forte population catholique.
Aujourd’hui, cette notion de destination universelle des biens de la terre peut être une ressource très utile, pour penser des questions de justice sociale et de répartition équitable des ressources et pour la réflexion sur l’écologie puisqu’elle lie les questions d’environnement et de pauvreté.

Conclusion : l’actualité de ce document
Pour conclure, Gaudium et Spes cherche à opérer un discernement. Face à la situation économique de ces années 60, que le concile analyse comme étant à la fois des années croissance, de changement et en même temps de grandes inégalités, les pères constatent qu’il faut réformer et changer les mentalités. L’enseignement social de l’Eglise est résolument incarné dans l’histoire. C’est à un discernement qui s’exerce à la fois sur le plan historique, social, économique et politique, et en même temps, sur une lecture de la présence de Dieu. Si les principes et les critères sont constants (bien commun, solidarité, justice sociale, charité, etc.), les directives d’action sont nécessairement plus contingentes et sujettes à discussion. Si ce document offre une méthode d’analyse et de réflexion, il offre aussi des repères qui sont toujours d’une actualité brûlante.

Père Alain Thomasset
Le 21 mars à Saint-Dié

16/06 /10 Les soeurs Noël, missionnaires, racontent... (Témoins vosgiens)

Françoise

Juan, le 25 avril 2010

Chers tous et toutes,

Du soleil, la mer pas loin, un séjour en famille bien sympathique : tout ce qu’il faut pour que le chemin de l’amitié se rouvre vers vous, membres de la famille et amis de longtemps.

Cette année nous sommes restées bien silencieuses, Odile (ma sœur) et moi. Fin mai 2009, l’une comme l’autre, nous avons du quitter nos pays d’adoption pour raison de santé. Pratiquement en même temps, Odile quittait l’Equateur et moi le Congo Kinshasa ! C’est à l’hôpital d’Antony, dans la banlieue de Paris, qu’elle venait me retrouver ! Pour nous un vrai miracle !
Une grosse opération dans l’appareil digestif, traitement de chimiothérapie et divers contrôles m’ont bien occupée jusqu’à maintenant. Dès mon arrivée j’ai été accueillie dans la communauté de mes sœurs à Sceaux. En plus des attentions de mes sœurs, j’ai eu la joie des visites quotidiennes d’Odile, sans parler de celles de mes frères et belle-sœurs, véritables surprises. Et aussi les amis. Finalement un petit voyage dans l’Est a été possible. Aller sur la tombe de Papa, revoir Fonteny.

« On a réussi à la remettre debout ! » m’a-t-on dit. A force de tant de gestes d’affection et de prières, oui, je suis en bonne voie de guérison. Comment dire merci…
Il me venait souvent ce chant « Dieu règne, peuples criez d’allégresse, la vie a vaincu la mort, la croix a vaincu l’enfer, Alleluia, Christ louange à toi ! » Le cancer est devenu une maladie très courante, malheureusement. J’ai côtoyé beaucoup de drames au service d’oncologie. Et aussi tant de courage du personnel et des malades. Et je me demande : pourquoi je guéris… pourquoi moi ? Maintenant repartir au Congo ou rester ? Rester ici pour toujours ? Question délicate que se pose un jour tout missionnaire. Ce n’est que petit à petit que la convalescence s’avère longue, les contrôles nécessaires, les forces limitées. « Il faut deux ans avant de se sentir bien » paraît-il. Pour le moment la sagesse c’est de rester. Une mère de famille d’ici comprenait la douleur de cette rupture avec ce milieu africain. Quarante ans de vie ensemble, la fécondité de ma vie est là-bas. Donc cette dame me dit : « C’est comme quand nos enfants partent de la maison »

Les liens demeurent. L’Internet, les photos, les lettres permettent une certaine proximité, une continuité dans les relations. L’eucharistie rassemble autour du Christ, tous ceux et celles qui s’aiment au-delà de toute frontière. Un même Esprit peut être demandé, toutes les intentions confiées.

« Ma communauté » de Kadutu (Bukavu) continue à accueillir et former des jeunes qui demandent à devenir religieuses missionnaires. Ce sont les premières étapes. Mapendo et Antoinette, jeunes professes, me donnent des nouvelles : elles sont heureuses de la formation reçue. A leur tour elles animent, entre autres, les rencontres d’animation missionnaire où nous nous sommes connues.

En septembre 2009, mes sœurs ont pu commencer un jardin d’enfants pour trente cinq enfants du quartier. Nombre limité volontairement. Depuis plusieurs mois nous avions fait ce projet ensemble. L’objectif est de former les jeunes enfants dès trois ans aux valeurs qui nous tiennent à cœur. Elles sont essentielles pour une société en paix. Elles s’enracinent dans l’Evangile. Vérité, justice, politesse, respect des autres et de soi, accueil de tous, foi. Les enfants inscrits sont de niveau social, de religion, d’ethnie différents, autant qu’il est possible. La participation financière doit couvrir tous les frais. Participation en nature et péréquation permettent aux enfants de famille démunie de s’inscrire. Les parents sont impliqués dans la formation.

Le Groupe Lavigerie des missionnaires laïcs a renouvelé son comité d’animation. Ils sont quatorze couples, dont les épouses se préparent à un engagement dans l’esprit missionnaire du Cardinal Lavigerie. « Je me suis fait tout à tous, car j’ai dit au Dieu de tous : je suis tout à toi ». Ils sont spécialement attentifs aux personnes marginalisées pour diverses raisons : misère, isolement, maladie, enfance abandonnée.

Je reçois des nouvelles des anciennes élèves et de leur association AMIDA. Elles me confient des intentions de prière. Elles soutiennent le lycée où je les ai connues. J’y avais enseigné une dizaine d’années. Que font-elles ? Rencontres éducatives, entretien des bâtiments, améliorations (antivols). Dans différentes écoles, une éducation affective et sexuelle a été donnée.

Mes amis et amies, des tout pauvres, me manquent. Nous partagions joies et peines. Leur confiance était si touchante. Leurs cadeaux étaient de grand prix : le petit lapin de Baba Marco ou les bananes de Mama Marie. Que Dieu, en qui ils ont une si grande confiance, les garde et les protège.

Voilà un petit tour d’horizon. Vos nouvelles me font toujours plaisir. Je ne crois pas vous avoir tous remercié personnellement quand vous nous avez aidées. Aussi je le fais ici. Vous avez votre part dans tout ce que Dieu m’a donné de vivre. Qu’il vous bénisse ainsi que tous ceux et celles qui vous sont chers.
Je vous redis toute mon amitié,

Françoise




Odile

Le 22 avril 2010

Très chers famille et amis,

Voici que l’hiver est passé et c’est l’explosion de vie du printemps : les bourgeons, les fleurs, les chants des oiseaux, un émerveillement de vivre à nouveau le cycle des saisons … sans oublier toutefois les furies de la nature : le réchauffement de la terre, le séisme catastrophique d’Haïti où se trouvent nos sœurs dans un quartier très populaire de Port au Prince, ceux du Chili et de Chine… l’explosion du volcan d’Islande qui vient de paralyser partie de l’Europe !

Avec Françoise, nous avons tardé encore cette année pour vous rejoindre, cette fois-ci pour raison de santé. Cela a été une surprise pour chacune de nous de devoir revenir à 15 jours d’intervalle en mai 2009 sans nous être concertées. J’arrivai le 15 mai, et Françoise 15 jours après moi. Providentiellement, j’ai pu visiter Françoise tous les jours à l’hôpital durant la période la plus critique ; un vrai don de Dieu pour que nous puissions nous rencontrer tout au long de cette année, et en même temps une occasion de resserrer nos liens de famille entre nous 5 frères et sœurs, belles-sœurs et familles !

Pour moi, ce fût un retour d’Equateur un peu précipité, à cause d’une forte fatigue ; cela s’est avéré nécessaire quelques mois avant de célébrer « 40 ans » depuis mes premiers vœux à Béni Abbès, au désert du Sahara le 1° mars 1970, ce qui correspond aussi à mes 65 ans d’âge ! Donc je suis à la fin d’une année de pause bien nécessaire et qui m’a permis de retrouver des forces neuves et un nouveau souffle, avec un rythme différent, pour une mission que seul le Seigneur connaît pour le moment. C’est le temps de vivre la prière du Père de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’Il te plaira».

C’est aussi le moment de rendre grâces pour tout ce que j’ai reçu durant ces 40 ans, qui me font penser à Moïse, à l’exode : durant cette longue traversée du désert ; une étape où j’ai pu relire le vécu avec différents peuples, comme une histoire « sainte » que Dieu continue d’écrire avec nous, avec nos amis que nous aimons, à travers leurs souffrances et leurs joies ! Combien ai-je reçu du peuple salvadorien et de son histoire martyriale : un témoignage si fort de donner la vie pour les autres pour un monde juste et fraternel. Quelle richesse que la spiritualité Indienne avec ses symboles : la terre, l’eau, l’air et le feu ; une spiritualité qui vit une harmonie entre toute la création avec l’homme et la femme, tous les êtres vivants et Dieu, où l’éducation essaye d’être libératrice et de préparer les jeunes et les adultes à vivre en frères !

C’est ce que nous avons essayé de vivre avec le groupe des jeunes « semilla », ils poursuivent leur chemin vaillamment et continuent de former des jeunes engagés chrétiennement pour un monde nouveau ; il y a d’autres jeunes qui sont en route avec le groupe semilla, on les appelle « semillitas », c’est à dire « petites semences » ; nous sommes heureuses que le groupe continue avec le même mystique avec l’appuis de l’Association Saint Louis de Montbazin et d’autres amis !

Après un temps de réflexion et de discernement, nos sœurs du Conseil en dialogue avec nous trois : Sabine, Christine K. et moi, ont décidé de ne pas continuer à La Inmaculada en Equateur. Nous n’avions pas de sœurs en nombre suffisant, ni pour Sabine et moi la possibilité physique de continuer à vivre à 2800 m d’altitude. D’autre part, c’était le moment pour que nos amis, après 30 ans de présence, prennent eux aussi les choses en mains ; ces derniers temps où Sabine et Christine ont préparé notre départ, nos amis des 10 villages ont bien montré leur désir de continuer la mission coordonnés par les Animateurs de communautés, cela nous rappelle cette belle phrase d’un chant à Monseigneur Proano ( Longtemps Evêque des Indiens): « Tu t’en vas, mais les arbres que tu as plantés, restent », c’est ce que nous ont dit les jeunes et adultes avec lesquels nous avons vécu et travaillé… Peut-être qu’un peu plus tard d’autres religieuses pourront continuer là où nous vivions, c’est à confirmer. Un prêtre diocésain continue à venir les dimanches et donne son appuis aux laics : catéchistes et animateurs de communautés.

Sabine et Christine ont déjà rejoint le Salvador où nous avons deux fraternités. Quant à moi, je serai en dialogue avec mes sœurs du Conseil, pour recevoir dans quelques mois un nouvel envoi.

Malgré mon silence cette année qui était nécessaire pour me récupérer, je reste proche de chacun et chacune d’entre vous et suis toujours heureuse d’avoir de vos nouvelles et vous remercie de vos aides et de votre amitié fidèle.

Je vous souhaite un beau temps pascal, et que Jésus ressuscité efface toute tristesse et fasse surgir la paix et la joie, pour que naissent là où nous vivons des cieux nouveaux et une terre nouvelle que nous construisons ensemble.

Avec toute mon affection fraternelle,

Odile
xxx@xxx.xx

10/06 /10 Quelques nouvelles des bords du Mékong (Témoins vosgiens)
Le Père Michel Lynde actuellement en France, partage son vécu missionnaire :

Quelques nouvelles des bords du Mékong

"La petite communauté au bord du Mékong a maintenant 15 ans. En milieu exclusivement bouddhiste, elle essaie, mais avec difficultés, de rassembler les initiatives et quelques bonnes volontés surtout parmi les jeunes, pour faire ensemble quelques gestes de solidarité, dans un milieu qui évolue vite et pas toujours bien.

A partir de ce compagnonnage, nous souhaitons mieux rendre compte de notre espérance réciproque et nous apprécier mutuellement. Il y a eu quelques problèmes, des familles dispersées, des départs vers d'autres provinces (études ou chômage), la fatigue des uns, la santé des autres... Le centre continue malgré tout de rayonner vers les gens isolés, les plus délaissés mais avec discrétion et modestie.

Les officiels ont aussi leurs activités et nous essayons d'y entrer aussi. Le centre loge quelques personnes âgées, aide les écoliers, recherche comme il peut du travail pour quelques uns, et fait à l'occasion, la catéchèse des commençants. Nous nous ressourçons avec l'Ecriture, un jour par semaine, et aussi avec tous après l'Eucharistie de chaque dimanche après quoi nous partageons tous notre repas.

Pour les jeunes scolaires ou au travail cela est plus difficile. Ils ont maintenant motos et vidéos, captés par les jeux électroniques, et le milieu n'aide en rien. Le travail manquant, beaucoup vont à Bangkok et la plupart y reste.

Le centre vit par son travail d'artisanat, mais là aussi il y a difficultés. Il faut inventer, les goûts changent, les ventes sont difficiles. Le travail doit faire vivre les familles et assurer les activités pastorales. C'est pourtant ce travail et l'engagement qui fait vivre l'Evangile en vrai.

De l'autre côté du Mékong, le Laos évolue très lentement. Quelques prêtres vietnamiens y sont venus aider les prêtres du Laos. La frontière est moins imperméable, j'ai pu y aller quelquefois en visite, mais pas pour y travailler évidemment. Mais de voir le pays de l'autre côté du fleuve, de pouvoir correspondre m'oblige à porter tout ce qui s'y vit dans la même prière et le même souci... je vous le partage."

Michel Lynde, qui repart le 16 juillet prochain